samedi 16 octobre 2010

Nicole et Georges Drano, un couple de poètes

Dans l'histoire de la poésie contemporaine, les exemples de couples de poètes sont rares. Me viennent à l'esprit ceux de Claire et Yvan Goll, d'Hélène et de René Guy Cadou ou encore d'Ilse et de Pierre Garnier dont j'ai déjà eu l'occasion de parler dans ce blog. Je voudrais ajouter aujourd'hui à cette courte liste celui de Nicole et Georges Drano. J'ai déjà eu l'occasion de les évoquer lorsque j'ai rendu hommage à Pierre Oster, puisque cela se passait à l'occasion d'une des rencontres qu'ils avaient organisée dans le cadre de leur association Humanisme & Culture. J'aurai pu encore les citer quand j'ai annoncé le festival Voix Vives de Sète car Nicole et Georges sont partie prenante de cette merveilleuse aventure où ils animent quotidiennement des rendez-vous très originaux. Nicole par exemple faisait tous les jours se rencontrer un poète avec un public composé d'enfants et d'adultes, exercice qui oblige à se replonger dans les sources même de la poésie. Quant à Georges, il permettait à un poète de dialoguer avec un pêcheur, tissant ainsi des liens entre deux passions traversées par le même souffle de liberté. Mais c'est surtout lorsque j'ai fait écho à la disparition de René Rougerie que j'aurai pu encore les mentionner car des liens très forts les rattachaient tous les deux à ce grand éditeur de poésie dont ils ont accompagné l'activité sur plusieurs décennies. C'est chez lui que se trouve le coeur de leur oeuvre dans lequel j'ai choisi pour leur rendre hommage de prendre un poème de chacun.

L'EMPLOYEE DE LA POESIE

L'habitude du service
courbe ses mains
sur les papiers.

Droite dans une beauté
désopilante la poésie tourne.
Vire. Agite le désordre des syllabes
Brillent des signes
Niveau sol.
Niveau feu. Niveau air.

L'employée dessine un mot
au bord d'un couvercle
qui flotte sur l'eau
et c'est un dessous de vie.

Nicole Drano


Depuis longtemps des chiens s'efforcent
d'entrer dans nos ruses.
Sans prendre garde aux proportions de leurs
crocs, ils réduisent nos contours et nous sentons
des regards dans nos regards quand la nuit
leur ordonne d'apparaître, là où nous sommes
seul, dispersés.
La lune se lève dans leur gueule, les rails
brillent, le convoi s'arrête.
Tournant sur eux-mêmes, ils veulent toute
la place,
ils avancent, reprennent du terrain contre
nous
qui laissons tomber les pierres dans nos
mains.

Georges Drano


Compléments :

-Nicole Drano présentée par Serge Meitinger

-Georges Drano présenté par Michel Baglin

1 commentaire:

  1. bonjour
    j'ai l'intention de faire paraître un numéro de Comme en poésie sur les couples en poésie. j'aimerai y faire figurer votre article et sur les conseils de Claude Vercey j'ai contacté Georges et son épouse. j'ai déjà quelques participations dont Lambersy et Patricia Castex, Cristina Castello et son mari, entre autres. Merci de me dire.Jean-pierre lesieur
    j.lesieur@orange.fr

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