samedi 15 janvier 2011

LA PASSE, revue des langues poétiques

Je n’avais pas encore eu l’occasion dans ce blog, qui se propose de rendre compte de tout ce qui concourt à faire vivre la poésie, de m’attarder sur la vie des revues. Elles jouent un rôle déterminant. Elles permettent aux poètes de publier des poèmes inédits, que l’on retrouvera plus tard dans leurs recueils. Elles assurent aussi un lien entre eux, témoignant des recherches en cours et des préoccupations du moment. Elles entretiennent en fait le feu de la création poétique, en dispensent sa chaleur et sa lumière auprès de tous ceux qui viennent s’en approcher. Philippe Blondeau, directeur de la revue La Passe a accepté de répondre à mes questions pour nous présenter sa publication. Il nous permettra ainsi de mieux comprendre le fonctionnement et les enjeux contenus dans ce qui demeure une aventure.

Philippe Blondeau, la revue La Passe compte aujourd’hui onze numéros. Elle a donc eu le temps d’affirmer ses choix et d’illustrer la ligne éditoriale qu’elle s’était fixée. Pourriez-vous nous la présenter ?

La Passe est née d’une amitié de longue date avec Tristan Felix, d’un goût commun pour la poésie et d’une relation épistolaire qui nous a donné l’idée de la traduction unilingue.

C'est-à-dire ?

Celle-ci consiste pour chacun à transposer dans son langage poétique propre un poème de l’autre, non dans un simple esprit de jeu formel mais avec le désir de révéler une certaine vérité secrète, antérieure ou postérieure à la langue. Dans le souci de prolonger cette expérience (publiée sous le titre de Franchises) nous avons tenté l’aventure d’une revue vouée avant tout aux multiples rencontres possibles entre les langues : traductions réelles ou fictives, écritures à plusieurs mains, réécritures ou rencontres plus ou moins hasardeuses de textes et d’images. Bien que l’esprit de jeu ne soit pas étranger à La Passe, elle cherche d’abord à détourner l’écriture de l’obsession de soi et à l’enrichir en lui offrant des occasions d’échange avec un autre plus ou moins proche ou lointain.

Ce qui conduit, j’imagine, vers un travail collectif.

Quelques complices et amis ont accepté de jouer le jeu et composent désormais un noyau dur de la revue. Au hasard des rencontres et des propositions, des perspectives nouvelles s’ouvrent dans chaque numéro, qui n’est nullement une anthologie ou une vitrine mais qui tend vers une construction aussi cohérente que possible, à partir de quelques lignes de forces, comme les couleurs qui, dans le dernier numéro, donnent lieu à une succession de rêveries à la fois singulières et complémentaires.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur ce dernier numéro ?

À partir d’un beau texte de Catherine Minot – que La Passe a le privilège de faire découvrir –, proposition a été faite à Vincent Rougier, éditeur et dessinateur, d’en imaginer une illustration ; deux autres auteurs explorent la même perspective : le noir et blanc de l’impression s’épanouit ainsi en couleurs rêvées. Quant à la rencontre des langues, elle confine ici au vertige avec notamment une interprétation du « grotesque », langue préhistorique, un échange « chalémanique » entre le français et l’allemand, un dialogue avec Louise Labé, et quelques écritures à quatre mains. La Passe s’enorgueillit aussi d’une redécouverte littéraire de prix avec l’œuvre totalement oubliée de Gertrude Vidal. Carnet et petites annonces complètent cette livraison.

Vous nous faites entrer dans le véritable travail d’une revue lorsqu’elle joue pleinement son rôle, obéissant à une réelle exigence littéraire et artistique. Il s’agit ensuite d’en faire prendre conscience aux lecteurs et l’on se heurte là à ce problème persistant de la diffusion. Quels moyens vous donnez-vous pour cela ?

Nous essayons dans la mesure du possible d’être présents dans un certain nombre de manifestations poétiques (Salon de la revue, Marché de la poésie, etc.) qui nous permettent surtout de rencontrer des auteurs nouveaux ou familiers. Par ailleurs chaque numéro est l’occasion d’une lecture spectacle où sont invités plusieurs auteurs et qui permet d’apprécier la singularité de chaque numéro. L’apport de Tristan Felix, qui est aussi clown et marionnettiste, est très précieux sur ce plan. Nous croyons également aux vertus de la radio et plusieurs lectures ou ouvrages ont été évoqués sur France Culture, RFI, France Musiques. Et puis il y a ceux qui, comme vous, ont la gentillesse de relayer l’actualité de La Passe sur Internet. La diffusion proprement dite se fait essentiellement par abonnements et accessoirement dans quelques librairies. Elle reste donc très modeste, mais ce qui se passe dans une revue de création nous paraît plus important que le nombre de ses lecteurs.

Nous avons le recul nécessaire aujourd’hui pour savoir que l’importance d’une revue de poésie ne se mesure pas au nombre de ses lecteurs mais à sa capacité de faire avancer les expressions nouvelles de la poésie. Cela reste un défi dans le contexte que nous connaissons où l’écriture est mise à mal. Merci Philippe Blondeau de nous avoir expliqué ce que vous entreprenez pour le relever.



Fiche technique de la revue:

Format : 9,7x 20,5 - 90 pages
Périodicité : semestrielle (octobre – avril)
ISSN : 1774-5756
Prix : 8 € - Abonnement 4 numéros : 30€
(chèque à l’ordre de Ph. Blondeau)
Imprimerie ICN 64300 Orthez
Directeur de la publication : Philippe Blondeau
Directrice de la rédaction : Muriel Martin

Contact :

Philippe Blondeau, 3, rue des Moulins,
80250 Remiencourt. T : 03 22 41 48 24
Muriel Martin, 71 bis, rue Philippe de Girard,
75018 Paris. T : 01 46 07 41 03

En vente :

- L. Mauguin, 1 rue des Fossés St-Jacques,
Paris 5è
- Librairie Compagnie, 58 rue des Ecoles,
Paris 5è
- Halle St-Pierre, 2 rue Ronsard, Paris 18è
- Anima, 3 rue Ravignan Paris 18è
- Lucarne des Ecrivains, 115 rue de l'Ourcq,
Paris 19è
- La Hune, 170, Bd St-Germain,75006 Paris
- Librairie du Labyrinthe, 37 rue du Hocquet,
Amiens

1 commentaire:

  1. Premier article que je lis ici et vous parlez de poésie... Et l'information est excellente.
    Merci et comme dit Alphonse Karr Un excellent jardinier vaut un excellent poète.
    Seriez-vous un jardinier qui cultive les bonnes racines?
    A plus
    James Px.

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