samedi 6 octobre 2012

Cultivons la paix !

En juin 2011 était présenté dans ce blog, le livre Le poète et le diplomate que j'ai écrit avec Wernfried Koeffler. Ce dialogue sur les relations que peuvent entretenir la poésie et la diplomatie commence avec un prologue d'Adolfo Pérez Esquivel, Prix Nobel de la Paix. Au mois de mai dernier, Adolfo Pérez Esquivel est venu quelques jours en France, ce qui nous a permis avec Wernfried Koeffler de le rencontrer et de faire avec lui une présentation du livre à l'ambassade d'Argentine à Paris.


Approcher un homme qui œuvre au niveau de la planète à la paix et à la justice est un rare privilège, c'est aussi faire l'expérience d'une force d'espérance qui a un véritable pouvoir de transformation sur notre monde dès lors que nous l'accompagnons et nous l'amplifions. Cette espérance, Adolfo Pérez Esquivel la puise dans une spiritualité chrétienne émanant d'une Église au service des plus pauvres. Pour mieux connaître son parcours, je ne peux qu'inviter à lire son livre Cultivons la paix paru en France en 2000 et qui résulte d'entretiens avec Philippe de Dinechin.


 Ce petit livre est d'une densité rare. Il contient des pages terribles sur les quatorze mois durant lesquels Adolfo Pérez Esquivel a été fait prisonnier et torturé par la dictature argentine entre 1976 et 1977. L'épisode du vol de la mort dont il est miraculeusement revenu, souligne, s'il en est encore besoin, l'importance des mobilisations internationales et le rôle qu'elles peuvent jouer sur les régimes en apparence les plus sourds à l'opinion mondiale. Ce qui différencie Adolfo Pérez Esquivel d'autres grandes figures d'Amérique latine dans sa volonté de changer les choses, c'est son action non-violente. Il s'inscrit en ce sens dans la lignée de Gandhi. On trouvera dans l'ouvrage mille renseignements sur ses origines, sa mère indienne, son activité artistique et pédagogique, son rapport à l’Église, ses difficultés pour alerter Jean-Paul II sur le sort des martyrs de la dictature, sur son action pour tourner la page dans la justice et le pardon, sur les circonstances de l'attribution de son Prix Nobel et la tentative d'assassinat qui en a résultée à Buenos Aires, etc. La conclusion du livre, qui a pour sous-titre : "Trouver sa pierre philosophale", renvoie chacun d'entre nous à sa recherche pour donner un sens à son existence. Elle se termine par ces lignes : "Je ne crois pas dans le fatalisme historique. Un poète disait : "Je remercie la vie, mais je ne lui dois rien parce que je suis l'architecte de mon propre destin. Vie, je ne te dois rien." Je suis en paix. Je crois que la pire des choses qui pourrait m'arriver serait de finir ma vie les mains vides, de ne rien faire, de mourir sans être aimé." 

- Le livre sur le site de l'éditeur 
- Le site officiel d'Adolfo Pérez Esquivel

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