samedi 13 juillet 2013

Présence de Charles Galtier - VII

Pilar Blanco aborde aujourd'hui un aspect de sa relation avec Charles Galtier qui la touche plus particulièrement puisque qu'il s'agit de la traduction qu'elle a faite de l’œuvre de l'écrivain. Il est riche d'enseignements et ouvre sur des écrits à venir :

Sans abandonner le Félibrige, j’ai commencé à m’intéresser aux œuvres de M. Galtier. J’ai même pensé à une deuxième thèse sur son œuvre mais celle-ci n’a pu se faire à cause d’une collègue de la faculté.
J’ai publié quelques articles sur différents aspects de son écriture et traduit Les santons de Provence, publié à Salamanca, puis ses pièces : Li quatre de set et L'aveni is a cacalaus.
Ces deux dernières traductions n’ont pas été publiées pour des questions de droits d’auteur. J’ai parlé avec une troupe de théâtre  qui aurait bien aimé les jouer mais elle aussi était freinée par les droits d’auteur. Je l’ai dit à M. Galtier et il m’a écrit une lettre dans laquelle
pour faciliter les choses il renonçait à ses droits. Cela n’a pas suffi pour convaincre la troupe trop embarrassée par ces problèmes.
Je me suis enrichie avec cette amitié. Quand on a la chance de traduire l’œuvre d’un écrivain vivant, la traduction devient  plus facile. La traduction des noms propres pose toujours des problèmes, il n’y a pas un congrès sur la  traduction sans que cette difficulté apparaisse.
Pour la traduction de Li quatre set je n’avais aucune difficulté : Póquer de siete. Mais j’avais, sinon un problème du moins des doutes pour le protagoniste de la pièce : Nur. Dans la traduction française M. Galtier disait Nheur. Il était clair qu’il s’agissait de la fin de Bonur en provençal et de Bonheur en français. L’équivalent serait en espagnol Felicidad qui en plus du nom commun est un nom propre. Alors j’ai décidé de prendre la première partie du mot : Feli. Mais cette décision pose un problème Feli est le diminutif féminin de Felicidad. Après avoir bien étudié le personnage j’ai décidé de le laisser tel quel. J’ai posé la question à M. Galtier et il m’a dit qu’il était d’accord et qu’au même moment on traduisait cette œuvre en polonais ou en tchèque et en langue anglaise. Il m’a expliqué que pour le polonais ou le tchèque, je ne me rappelle plus, on avait fait comme moi. Cependant pour l’anglais, Nheur était devenu James et il ne savait pas pourquoi. Nous sommes arrivés à la conclusion que probablement le traducteur anglais avait pris la caractéristique de ce personnage bonasse et qu’en anglais elle s’accordait au nom de James.

 La  problématique des traductions des œuvres en langues  minoritaires a toujours été présente dans nos conversations épistolaires et personnelles. Nous avions bien réfléchi sur ce sujet et je suis convaincue que ces réflexions deviendront une grande contribution pour les traducteurs quand je pourrai extraire et rassembler ce qui est en rapport avec ce sujet dans chacune des lettres que j’ai de lui.
Plus de trente ans à deux lettres chaque mois, parfois plus, ça donne une quantité considérable de lettres qui sont passées progressivement du plan professionnel, au plan amical et personnel. 
                                                                                                                                   Pilar Blanco

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