samedi 24 janvier 2015

Michel Destieu / Thierry Metz

Michel Destieu a déjà été accueilli dans ce blog. C'était comme poète occitan qu'il avait été présenté par Jean-Pierre Tardif. Mais il pratique aussi la poésie au travers de la langue française et c'est l'objet du n°63 de la revue Chiendents souvent mise en valeur dans nos rubriques.


Associé à ce numéro, j'en reproduis ici la préface :
     Il est des rencontres qui marquent une vie, qui travaillent secrètement dans les profondeurs de l'être. Elles se comptent sur les doigts de la main et balisent une existence.
     Michel Destieu a fait cette expérience lorsqu'il a rencontré le poète Thierry Metz, l'auteur du Journal d'un manœuvre qu'avait préfacé Jean Grosjean  et de Lettres à la Bien aimée.
  C'est Jean Cussat-Blanc, l'animateur de la revue Résurrection, celui qui en son temps avait accueilli René Guy Cadou dans sa publication, qui a découvert Thierry Metz. Et c'est en allant rendre visite à Jean Cussat-Blanc dans les environs d'Agen pour lui présenter ses propres poèmes que Michel Destieu pris la mesure de la force d'une poésie qui était en train d'éclore. Cette révélation se poursuivra par une fréquentation de son auteur dont il ressentira dès le premier contact la puissance d'être.
     Thierry Metz, né en 1956,  a abrégé sa jeune vie en 1997. Lui qui dégageait une force physique impressionnante, n'avait pu refermer la blessure ouverte par la mort d'un de ses enfants. Il s'était alors réfugié dans l'alcool qui le fit sombrer.
    Michel Destieu a été le témoin de cette souffrance qui valut à Thierry Metz des séjours à l'hôpital. Il n'a cessé chaque fois qu'il l'a vu de distinguer la vie en poésie, porteuse d'un au-delà de soi-même, des drames d'une existence terrestre dont il est parfois impossible de se relever. Destin qui tranche avec son œuvre toute irriguée par la joie de vivre, de trouver et partager.
    Plus de quinze années ont passé depuis la disparition de Thierry Metz et Michel Destieu, de la même génération que lui, n'a cessé d'être traversé par ce qu'il avait vécu et ressenti à son contact. Avec recul et en même temps avec ferveur, il a souhaité en témoigner.
    Le questionnant sur ce que lui a permis ce recul, Michel Destieu m'a répondu : « Au fond, Thierry m’apparaît aujourd'hui comme le poète du grand-attachement, à ses proches – sa femme Françoise, ses enfants - à la nature, à la vie. Ce qui semble paradoxal quand on pense qu'il l'a quittée. Il réussit à susciter/ressusciter en nous notre puissant attachement aux êtres et aux choses qui nous sont proches ».
    Quant à la ferveur exprimée à son égard, elle trouve sa source dans : « une véritable admiration devant le don des assemblages, l'énergie totale qui sert fidèlement le thème choisi. Par son engagement complet, sans limite, sans reniement, Metz nous fait pressentir, peut-être à son insu, que quelque chose est à l’œuvre derrière l’œuvre et que cette puissance à besoin de suffisamment d'innocence et de pure intention pour se révéler. »
     Michel Destieu m'a encore confié que : « ce génie-arrière l'a pétrifié ».
     Les éléments sont maintenant donnés pour entrer dans le recueil qui va suivre. La langue de Michel Destieu est resserrée, essentielle. Elle nous livre ce qu’il y eut de  précieux dans la relation avec Thierry Metz ; un poète dont la tour offre un vertigineux point de vue sur la puissance créatrice et les mystères de l'existence.
     
                                                         Jean-Luc Pouliquen
    
Complément :

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