samedi 28 février 2015

Saint-Malo en poésie IV

C'est Béatrix Balteg qui a fondé en 1987, avec le harpiste Myrdhin,  l'association des Amis de la Tour du Vent. J'ai montré dans les chroniques antérieures de ce mois, le travail remarquable qu'elle effectue au service de la poésie, en fidélité au souvenir de Théophile Briant.  Il est à la source de cette belle aventure. Béatrix Balteg doit sa vocation littéraire à sa rencontre avec Angèle Vannier déjà évoquée précédemment. Elle est l'auteure de plusieurs recueils de poésie. Le dernier Présent Migrateur a été publié en novembre 2014.


Ce recueil commence par une citation de Théophile Briant  dans laquelle il met en rapport le Rythme, l'Espace et le Temps. Voilà qui n'est pas sans nous rappeler les travaux sur la rythmanalyse de Gaston Bachelard. Théophile Briant évoque également la nécessité pour l'Univers de repasser par son origine. Cette remarque fait écho aux préoccupations de Jacques Audiberti. Ce retour, sous ses diverses formes, est une préoccupation récurrente parmi les poètes.
Marc Le Gouard en "Avant-poste" nous fait ensuite entrer plus précisément dans la démarche de Béatrix Balteg. Il utilise le "Je" pour la faire parler  : "Je suis un phare, j'ai soumis à mon pied les vagues du passé. Je suis cette tour, j'apprends le cri magique des oiseaux de mer qui s'y engouffrent et ouvrent les sésames."
Puis vient le moment à Béatrix Balteg elle-même de nous entraîner sur ses chemins. Dans une première partie, c'est le fleuve du temps qui nous emporte en s'écoulant, qui est appréhendé. Deux citations de Saint-John Perse accompagnent les poèmes qui nous conduisent jusqu'à la mer sur laquelle un nouveau jour se lève : "La frappe du temps / bouscule tes certitudes : / au portillon de l'aube / les comptes sont à jour / vois se lever l'aurore / étincelante de jeunesse / le pas gagne de la sûreté / transfiguré par l'amour ."
Une deuxième partie s'intitule La semeuse de vie. Une femme poète était la mieux placée pour s'exprimer ainsi. Les poèmes de ce chapitre célèbre une destinée qui a choisi la liberté pour s'accomplir : "Elle évolue, elle évalue / la réalité est porteuse / elle gonfle la voile / au détour du chemin / le sol se fait solide / l'envie marche à grands pas..."
Le recueil se termine avec un ensemble regroupé sous le titre Gardiennes du Sang. Les femmes y apparaissent comme le rempart contre la barbarie. Elles sont là avant tout pour : "Gommer la cacophonie des hommes / sur les chemins violents / pour trouver au cœur de la fleur / le sourire de l'ange / qui attend".

Complément :
- Le recueil est diffusé par les Amis de la Tour du Vent.

samedi 21 février 2015

Saint-Malo en poésie III

Poursuivons notre découverte de la revue AVEL IX avec son numéro 28 de l'année 2014 dont le thème général est  "Le Chat".


Dans son texte d'ouverture Béatrix Balteg remarque : " Un chat endormi secrète calme et repos. Il est en adéquation parfaite avec ce que devrait être l'image de l'endormissement. Il incarne le sommeil même. Il diffuse des ondes de paix, il élimine les nocives, les peccamineuses, les négatives que traquent ses moustaches et ses vibrisses. " et se demande : "D'où tient-il un tel pouvoir ?".
L'article qui suit et qui est signé Théophile Briant est une invitation à explorer ce Mystère des ondes. Il a été écrit en 1947 à partir de travaux scientifiques sur les ondes électromagnétiques et leurs effets sur notre santé. Le sujet est d'actualité. Mais l'auteur dépasse cette problématique pour nous conduire vers un dialogue avec l'invisible. Sur cette lancée Danièle Auray nous présente le chat comme Un passeur d'ondes. Celui qui signe Le Chat Ryan s'attache maintenant aux expressions de notre langue sur lesquelles le félin a posé sa patte : Chat échaudé craint l'eau froide - Il n'y a pas de quoi fouetter un chat - La nuit tous les chats sont gris - Donner sa langue au chat - Il n'y a pas un chat - Quand le chat n'est pas là, les souris dansent. Le récit fantastique de Jean-Luc Legros qui succède, part cette fois de l'expression anglaise Cats ans dogs. Quant à Gérard Le Gouic, il a choisi d'évoquer un chat qui avait deux maisons et qui finit... écrasé. C'est d'une chatte qu'Yvon Roussell a voulu se souvenir.
Le chat Bébert de Louis-Ferdinand Céline est presque aussi connu que son maître. Deux photographies nous les montrent ensemble, accompagnés de Lucette ou encore de Jacques Moulet. Elles sont le point de départ d'un beau dossier établi par Marc Le Gouard sur Céline à Saint-Malo.
Le chat inspire les poètes, les pages 29 à 44 le prouvent. Les poèmes sont de Gérard Le Gouic, Amédée Guillemot, Danielle Thivolet, Jean-Luc Legros, Maurice Oger, Francine Caron, Florence Whitty, Marie-Josée Christien, Christine Guénantien, Georges Georget, Roselyne Frogé, Bruno Sourdin et Anne Bihoreau. Plusieurs illustrations les accompagnent.
Ce riche numéro se termine par un autre texte de Théophile Briant datant de 1938 : Saint-Pol Roux à Camaret ainsi qu'un hommage de Jean-Albert Guénégan à René Guyomard (1915-2013).
Les rubriques habituelles Passage en revues et Échos s'attardent entre autres sur plusieurs numéros de la revue Le coin de table et trois recueils de Philippe de Boissy.

samedi 14 février 2015

Saint-Malo en poésie II

J'ai pris du retard dans la présentation des numéros de la revue AVEL IX que l'Association des Amis de la Tour du Vent a la gentillesse de m'adresser. Le dernier dont j'ai parlé concernait les cinq sens. En 2013, la revue a choisi pour thématique les couleurs.


Ce numéro 27 est richement illustré de photos et de reproductions d’œuvres de différents artistes dont Pierre Manoli, André Fournelle, Serge Bouvier, Raymond Berthelet, Josée Geyres ou encore Yro.
Introduit par Béatrix Balteg, il se poursuit par un texte de Théophile Briant datant de 1955 intitulé Symbolique de L'arc-en-ciel. Le fondateur du Goéland raconte ensuite la venue du peintre André Derain à Saint-Malo. Béatrix Balteg évoque à son tour le poète Jehan Rictus à qui Théophile Briant consacra un Poètes d'aujourd'hui de la collection Seghers et qui séjourna également dans la cité malouine. C'est maintenant à Myrdhin avec Au travers du prisme de continuer la réflexion sur les couleurs en se référant à Newton et Goethe sans oublier Angèle Vannier qui fut une des découvertes du Goéland. Serge Bouvier va prolonger l'analyse avec Entre chien et loup ou leçons de ténèbres qui propose un voyage dans la peinture autour des couleurs orphelines que sont le noir, le blanc et le gris. Jean-Luc Legros nous donne quand à lui des notes pleines de lumière prises de février à décembre sous le titre Palette de couleurs en attente d'un tableau. Quant à Erik Sablé il nous offre un dialogue avec les pierres précieuses : améthyste, aigue-marine, grenat, opale, rubis, sardoine, hématite, émeraude, saphir...
Ce riche numéro se termine par une partie consacrée aux artistes et poètes contemporains. Françoise Cothy rend hommage à Josée Geyres Berthelet (1945-2008), peintre et écrivain. Suit une anthologie de poèmes illustrant le thème de la couleur. Elle est signée : Serge Bouvier, Maurice Oger, Amédée Guillemot, Francine Caron, W. Wordsworth, Florence Whitty, Yvon Roussel, Patrice Perron, Danièle Auay, Danielle Thivolet, Annie Coll, Chantal Viart, Jean Dif, Anne Bihoeau, Roselyne Frogé, Yolande Oria, Christine Guénanten, Michel Colas, Jean-Albert Guénégan, Yerta, Gilles Baudry et Angèle Vannier. Son ampleur montre combien la couleur est inspiratrice des poètes.
Les dernières pages concernent la vie de l'association qui propose régulièrement des conférences, cette fois-ci sur Jean Giraudoux, Armand Robin ou encore l'émerveillement comme voie spirituelle. Sont présentées également les revues de poésie et les dernières parutions reçues.


Complément :

samedi 7 février 2015

Saint-Malo en poésie

Je voudrais profiter de ce mois de février pour revenir sur Théophile Briant déjà présenté dans ce blog, l'association des Amis de la Tour du Vent qui entretient son souvenir, la revue AVEL IX qu'elle publie chaque année pour continuer à entretenir le feu de la poésie et pour parler aussi du dernier recueil Présent migrateur de son animatrice Béatrix Balteg.
 Mais commençons par Théophile Briant avec un livre de référence publié en 1996 :


Préfacé par Daniel Gelin, contenant une lettre de Robert Sabatier et un avant-propos de René Couanau, alors député-maire de Saint-Malo, l'ouvrage a été coordonnée par Béatrix Balteg à qui se sont associés Dominique Bodin, Francine Caron, Stanley Collier, Françoise Coty-Le Soulleuz et Marie-Françoise Jeanneau.
Il nous éclaire sur l'ancrage malouin de celui qui anima pendant vingt ans cette publication poétique d'exception que fut Le Goéland. On avance pas à pas dans sa vie commencée à Douai dans le nord de la France, on le suit à Paris où il créa une galerie de peinture et se lia aux milieux artistiques et littéraires. On partage la tragédie vécue avec la mort de son fils Xavier en 1937 et les espoirs mis dans la poésie pour surmonter les épreuves. Théophile Briant en approchera les différents visages à travers ses propres créations, une activité de critique littéraire et l'animation du Goéland qui permettra par ses différentes éditions et son prix, l'éclosion d'une nouvelle génération de poètes.
Le livre y consacre une part importante en proposant une présentation anthologique des lauréats et poètes édités. J'ai eu le plaisir d'y retrouver Georges Alexandre, Marcel Béalu, Alain Borne, Jean Bouhier, René Guy Cadou, Pierre Garnier, Louis Guillaume, Jean Laugier, Michel Manoll, Angèle Vannier ou encore Robert Lorho plus connu aujourd'hui sous le nom de Lionel Ray.
Les photos, les dessins, les lettres, les différents fac-similé qui accompagnent études et poèmes donnent à l'ensemble cette touche de ferveur qui nous rend encore plus proche la figure rayonnante de Théophile Briant.
C'est pour ma part en suivant les pas de Saint-Pol Roux que je l'avais découvert au travers de l'essai qu'il lui avait consacré dans la collection Poètes d'aujourd'hui :