samedi 5 mars 2016

Jacques Audiberti et le Moyen Âge

Jacques Audiberti a été déjà mis à l'honneur dans ce blog. L'an dernier nous avions rappelé le cinquantième anniversaire de sa disparition. Et puis en 2010 nous avions rendu compte d'un colloque organisé autour de son œuvre à l'Université de Bordeaux. Ce colloque et la publication de ses actes relevaient de l'initiative et des efforts de Nelly Labère. Jeune universitaire de talent et de conviction, Nelly Labère a poursuivi depuis ses recherches sur le poète d'Antibes. Elle nous propose aujourd'hui une étude fouillée et originale concernant la relation d'Audiberti avec le Moyen Âge.


L'enjeu de départ est le suivant : "tenter de cerner, au plus près de la poétique d'un auteur, l'émergence d'une période de prédilection, des affinités électives, qui font d'un ancrage temporel la marque d'une poétique." Pour ce faire le livre va se déployer sur deux parties. 
La première concerne l'imaginaire médiéval chez Jacques Audiberti. Celui-ci s'est développé au travers de ses affinités pour des poètes et écrivains comme Villon et Rabelais, Shakespeare et Hugo. Le Moyen Âge pour lui c'est aussi une question de langue, langue des origines, parlée avant d'être écrite, langue prêtant à toutes les rêveries étymologiques, mêlant le savant au vulgaire, mais aussi langue de Babel contenant toutes les vibrations du monde. Ce monde, le poète va le parcourir sur les cartes peintes de l'époque, elles vont lui permettre d'en restituer les différents états et d'y associer une symbolique et une interprétation numérologique pour en dire le destin.
La deuxième partie est consacrée à ces hérauts médiévaux qui traversent l’œuvre du poète, du romancier et du dramaturge qu'était Jacques Audiberti. C'est la fée Mélusine que l'on retrouve sous différents visages dans Carnage, Opéra parlé et La Hobereaute. C'est Jeanne d'Arc, incarnation de ces femmes guerrières qui l'obsèdent, que l'on retrouve dans sa pièce Pucelle. C'est le Jacques Cœur de sa pièce Cœur à cuire, personnage idéal pour nous entraîner dans l'épopée politique. C'est encore Christophe Colomb qu'il qualifiera de "prophète de l'atlas" et qui stimulera son esprit voyageur. Un roman comme Abraxas en sera une des manifestations, il témoignera du souci d'Audiberti de dessiner une nouvelle géographie du monde. Mais restera toujours au bout du voyage cette terra incognita qu'est la mort.
Au terme de cette belle étude Nelly Labère peut conclure " L’œuvre d'Audiberti, capable de puiser dans le Moyen Âge la force de sa modernité, renouvelle langue et discours du passé par une philosophie personnelle exempte de tout dogme. Elle reste toujours par son imaginaire une œuvre qui fait la part belle à la race des hommes."

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