Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 25 décembre 2021

En souvenir de Gilberte Reboul

 Je voudrais terminer l'année avec une pensée pour Gilberte Reboul qui nous a quittés le 27 mai dernier au terme d'une belle et longue existence qui avait commencé en 1916. Elle était l'épouse du grand poète occitan Jòrgi Reboul qui a tant compté pour moi et que ce blog a plusieurs fois célébré. Gilberte et Jòrgi s'étaient rencontrés en 1938 à l'Auberge de Jeunesse d'Allauch et s'étaient mariés l'année suivante, deux mois avant la déclaration de guerre. Après la mort de son mari en 1993, je suis resté en contact épistolaire avec Gilberte Reboul et j'admirais les années passant la maîtrise conservée de son écriture qui véhiculait toujours un message d'ouverture d'esprit et d'espérance. Nous nous étions vus à Marseille et à Trets du temps où je préparais l'édtion de Mesclas avec Jòrgi Reboul. Nous nous sommes revus ensuite par deux fois à Septèmes-les-Vallons pour les colloques qui furent consacrés à l’œuvre et à l'action de son mari. La dernière fois en 2013, elle était entourée de sa fille Sylviane et de son fils Gérald à qui j'adresse toute ma sympathie. Pour lui rendre hommage voici le poème en occitan que lui dédia Jòrgi Reboul et que l'on trouve dans son recueil Chausida. L'adaptation en français est de Jean Malrieu.

Gilberte Reboul à Septèmes-les-Vallons, le 2 février 2013
 




A GIL

A te croire si c'en est trop
pour un être comme le tien
que je disperse la cendre
qui cachait la vertu du feu

Si s'est ouverte une fenêtre
vers des versants inconnus
et si   au rythme d'une joie
close en tes hanches   tu vas vers

cette nécessité dressée
qui partage ton cœur en deux
si s'exalte ton âme prompte
d'une soif verte de fontaine

c'est que ta vie s'est révélée
Donne ta main   Ouvre la porte
Multiplie les fruits aux buissons
tes peines ont gagné le large

Mais pour que l'élan retenu
vienne de moi   vers tes raisons
en secret   garde le seul signe
qui libère de la prison


PER GIL

S'es tròp   au dire de ton entendre
per una fusta coma tu
qu'esparpalhi un moment lo cendre
rescondèire de vertut

s'una fenèstra si destanca
vèrs de pendis que sabiás pas
e se   galòia dins teis ancas
davalas d'un ritme aicita recampat

vèrs aquò necite que monta
per despartir ton còr en dos
se t'afogas amb ton arma prompta
per beure au vèrd d'aquela fos

es que rescòntras una fes ton ora
Balha la man   vira la clau
ai bartàs vai chabir d'amoras
tei patiments son plus d'esclaus

E se vòs qu'aiçò    modèst e digne
venga de ieu   per tei rasons
garda au secrèt lo simple signe
liberator de la preson   
 

 Jòrgi Reboul