samedi 20 février 2010

La femme, inspiratrice de Serge Bec

Le précédent recueil de Serge Bec, Saume dins lou vènt / Psaume dans le vent paru en 2006 aux éditions La Cardère avait valu à son auteur le Grand Prix Littéraire de Provence qui a couronné en même temps l’ensemble de son œuvre poétique.

Commencée avec Li Graio negro / Les Corneilles noires en 1954, celle-ci n’a cessé sur plus de cinquante années de s’enrichir de pages dans une étonnante fidélité aux thèmes premiers qui l’ont portée. Parmi eux se distingue la célébration de la femme qui rattache Serge Bec tout autant à la lyrique des Troubadours qu’au Surréalisme dont il a été un des rares poètes provençaux à revendiquer la filiation.

Pour l’auteur, Femme mon amour constitue avant tout les trois mots qui se superposent sur celui de son épouse Annette. Elle a été tout au long de son œuvre l’inspiratrice de ses plus beaux poèmes depuis Cant de l’Estre fòu / Chant de l’Etre fou jusqu’à Suito pèr uno Eternita / Suite pour une Eternité. Nous avons déjà eu l’occasion de raconter les circonstances difficiles mêlées de craintes et d’espoir qui avaient conduit à l’écriture de ce recueil.

Avec Femme mon amour, Serge Bec tente de surmonter la douleur laissée par la disparition d’Annette en transformant son expression amoureuse pour son épouse en un hymne universel à la femme. Il nous propose pour cela dix-huit poèmes, écrits dans sa langue d’oc, avec la traduction en français.
Les habitués de la poésie de Serge Bec retrouverons dans ce recueil des poèmes qu’ils ont pu déjà lire dans de précédents livres, ainsi de la Balada pèr Lili Fong / Ballade pour Lili Fong par exemple, écrite sur fond de guerre du Viêt-Nam. Mais la nouveauté du propos est d’avoir rassemblé ces poèmes, en les réécrivant parfois, dans l’unique perspective de chanter la femme. Les dessins de Bernard Manciet et de Caròl Poirson glorifiant le corps féminin sont là, si nécessaire, pour le souligner.

Alors, qu’elle soit provençale ou arabe, vietnamienne, bosniaque ou kosovar, la femme est une, qui représentera toujours pour le poète celle qui « met le monde en marche », celle qui « croit de nouveau en l’innocence primitive », celle qui « émerge transparente de la tempête / comme une rivière qui retrouve sa source ». Elle est « la femme aux oiseaux », la chaleur de son corps et de son âme favorise les éclosions et les envols. Elle est principe de recréation :

« E sonas dins mon mirau
D’autrei jovènças d’autrei beutats
D’autrei fams d’autrei vidas
Que podriam creire inagotablas »

« Et tu appelles dans mon miroir
D’autres jeunesses et d’autres beautés
D’autres faims d’autres vies
Qu’on pourrait croire inépuisables
»

L’œuvre de Serge Bec a donné lieu le 3 avril 2009 à une journée d’étude organisée par le département d’Occitan de l’Université Paul Valery de Montpellier, à l’initiative de Marie-Jeanne Verny avec des contributions de Philippe Martel, Philippe Gardy, Joëlle Ginestet, Paul Peyre et Jean-Claude Forêt notamment. Le retour au lyrisme, comme la présence de la femme dans la poésie de l’auteur, ont été quelques uns des thèmes abordés à cette occasion.

Compléments :

- le site de letras d’òc

- Serge Bec sur le site Cardabelle

- Programme de la journée d'étude

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire