samedi 12 décembre 2015

L'Andalousie de Christian Saint-Paul

Nous sommes nombreux à connaître Christian Saint-Paul par son émission Les Poètes qu'il anime depuis 1983 à Toulouse sur Radio Occitania. Le rendez-vous est hebdomadaire et a lieu tous les jeudis de 20h à 21h. Grâce à Internet, il est possible aujourd'hui de l'écouter où que l'on soit dans le monde. Cette activité  généreuse au service de la poésie ne doit pas nous faire oublier que Christian Saint-Paul est lui-même poète et a publié à ce jour plus d'une vingtaine de recueils. Parmi eux a paru en avril dernier à l'enseigne des éditions Encres Vives Indalo qui fait suite à un séjour de l'auteur en Andalousie. Je remercie Cathy Garcia, directrice de la revue Nouveaux Délits, de m'avoir permis de reproduire le compte-rendu de lecture qu'elle en a fait et qui traduit en tous points ce que j'ai moi-même ressenti.


C’est à une très belle flânerie andalouse que nous convie Christian Saint-Paul dans ce 441ème Encres Vives, placé sous le signe de l’indalo, la figure préhistorique qui est devenu le symbole de la ville et de la province d’Almeria, et qu’on pouvait déjà voir peint sur les maisons en guise de protection contre les orages et le mauvais œil. Christian Saint-Paul a le don de nous faire vivre les paysages, les lieux et leur histoire au travers de son regard de poète doublé d’un talent de conteur, et il ne fait pas que raconter ce qu’il a vu, il nous le fait voir, littéralement, c'est-à-dire ressentir aussi.

« La nuit encore/le soleil étouffant/mutile la fermentation du sommeil/Nous vivons désormais/lovés dans ce désert/où la terre n’est que/poussière montant au ciel/ »

Christian Saint-Paul a le regard d’un poète convaincu, tel Machado, de l’absolu nécessité d’être homme, en toute humilité, un homme à qui rien n’échappe, ni la beauté des lieux ni « des îlots d’immeubles/parsemés le long d’avenues/vides – sans utilité-/témoignent de la chute folle de la finance. »

Le poète ne fuit pas le malaise, il l’affronte, le dénonce et ainsi « Nous apprenons à apprivoiser le vide/créé par l’appétence de l’homme. »

Pas d’Andalousie sans l’ombre de Lorca, pas d’Espagne sans le souffle fiévreux d’un Don Quichotte, les eaux fortes de Goya et les « yeux noirs de feu névrotique » d’un Cordobès. Christian Saint-Paul nous emporte à la rencontre de l’âme andalouse, du duende tapi dans ses tréfonds. Une âme trempée « dans le souffre du soleil ». Ombre et lumière, voilà l’Andalousie et « la Bible infinie des étoiles ».

Des pierres, des fantômes et des Vierges tristes, des enfants vifs sous des peaux brunes, de la ferveur et des brasiers lumineux. Des plaies de guerre, le sang des fusillés et des religions qui se côtoient dans de grands jardins, où coulent des fontaines, des forteresses et « les indénombrables châteaux en Espagne ! », des prières et « des rancœurs d’un autre âge qui agitent les cargos aux amarres. »

Indalo est un beau périple, oui, qui ne peut laisser indifférent, car pourrait-il y avoir meilleur guide qu’un poète amoureux de la terre qu’il foule, et dont il sait voir, tous temps confondus, l’endroit et l’envers, le visible et l’invisible, le bonheur comme les larmes ?

                                                                          Cathy Garcia 


Compléments :

- Indalo de Christian Saint-Paul – Encres Vives n°441, avril 2015. Format A4, 16 pages, 6,10 €, à commander à Michel Cosem, Encres Vives, 2 allée des Allobroges 31770 Colomiers.
- Le site de l'émission Les Poètes
- Délit de poésie, le blog de Cathy Garcia.

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