samedi 5 octobre 2013

Poésie de Turquie



A la fin du mois de mai dernier, je me suis rendu à Istanbul pour participer à un festival de poésie. A plus d'un titre ma participation à cet événement restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Le moment tout d'abord était historique. Tout un peuple se dressait dans les rues pour réclamer plus de liberté. Cette marche authentiquement progressiste pour rompre avec tous les archaïsmes était à la fois impressionnante et émouvante. Une énergie, une sève montante, irriguaient toute une société résolument tournée vers l'avenir.
Il y avait ensuite ce cadre exceptionnel que représente la ville d'Istanbul point de rencontre entre l'Occident et l'Orient. La croisière sur le Bosphore qui clôtura le festival nous en donna une vision purement poétique transcendant les vicissitudes de l'Histoire.
Il y eut enfin le festival lui-même organisé par une équipe chaleureuse et ouverte, totalement dévouée à la cause poétique. Je saisis l'occasion pour remercier son président Salih Zeki Tombak ainsi que Mesut Şenol qui assura le bon déroulement de ces journées dans un contexte qui ne lui facilitait vraiment pas la tâche. Je voudrais aussi exprimer ma gratitude envers Sevgi Türker Terlemez qui prépara depuis la France ma participation à ces journées et envers le poète et dramaturge Hasan Erkek à qui je dois une visite inoubliable du centre historique d'Istanbul.
La qualité d'une rencontre tient autant à ses organisateurs qu'à ses participants. Ces derniers étaient venus de Colombie, des Balkans, de Syrie, de Palestine, d’Égypte, du Maroc et  bien sûr de Turquie, des différentes parties de la Turquie. Ce qui me frappe encore c'est la communion réelle qui s'est opérée entre tous, personne n'ayant pris la posture individuelle, n'ayant flatté son ego. Le nous l'a emporté sur le je, c'est ce qui a fait la réussite de ce festival.
Une anthologie a été éditée pour l'occasion.


Elle contenait en ouverture ce manifeste :

LA POÉSIE L'EMPORTERA TOUJOURS !

Notre époque nous soumet à des attaques permanentes. Pour nous humains, cela signifie une nouvelle manière de vivre.

C'est une vie définie par le capitalisme mondialisé.


C'est une vie de consommation et de réseaux mondiaux de communication. C'est une vie où les entreprises transnationales s'emparent et dominent tous les médias et avec : l'eau, l'air, le territoire, l'humanité elle-même.

C'est une vie qui attaque sans remords l'expérience humaine fondamentale.

L'humanité possède un pouvoir, une arme ancienne contre cet assaut global : La Poésie.

La Poésie est notre plus grande alliée pour nous réapproprier le sens de l'existence, et pour nous aider à retrouver nos qualités humaines. Choisir la poésie plutôt que la pernicieuse culture de consommation dans laquelle la masse et les objets règnent sur les individus réduits à l'état de troupeaux.

La Poésie et les mots ne peuvent être écartés de nous. C'est pourquoi nous avons encore nos poètes.

La Poésie l'emportera sur la vie encombrée d'objets qui nous encercle !

Elle l'a emporté malgré les dénigrements et les grimaces annonçant sa défaite.

C'en est assez ! La Poésie est vivante ! Et la Poésie l'emportera toujours ! 

Complément :
- le site du festival






1 commentaire:

  1. très intéressant! Un souffle de vie sur le rôle de la poésie qui transcende les frontières et donne sens à notre quête existentielle.
    Merci Jean-Luc

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