samedi 11 juin 2011

Le souffle poétique de Jacques Basse

Après nous avoir il y a peu parlé de Maurice Couquiaud, Laure Dino nous propose aujourd'hui une lecture de la poésie de Jacques Basse, présenté jusqu'alors dans ce blog pour ses portraits dédicacés. C'est un petit livre aussi léger qu’un souffle. Mais un souffle suffit, pour ranimer une vie d'un battement de cœur. La Courbe d'un souffle évoque le tracé d'une histoire d'amour, de l'espérance à la chute , qui monte jusqu'à l'apogée, puis redescend et enfin meurt... Le personnage, à l'imagination débordante, traverse des états amoureux, entre la lune de miel et le deuil qu'il poétise comme des rêveries : révélation, réflexion, éventualité, volupté, incertitude, abattement.


Hymne à la "mystérieuse inconnue", croisée sur son passage, à laquelle il offre un "bouquet de sentiments/à l'éclat éblouissant" (Révélation p.1), composé de roses, violettes, coquelicots mais aussi de " pétales d'amandier", "boutons d'or", "perles de miel"," gouttes de roses".


"Ne vous ai-je pas déjà croisée ?.../mystérieuse inconnue/vous/qui passez par hasard/vous que je ne connais pas/ que je croise/dans ce pré/désormais secret de nous/vous reverrai-je un jour..." (Éventualité p.20).


Mais qui est-elle, lui demande-t-il ? Quel est le visage de la femme, qui s'incarne dans le visage d'une femme ?


Alors, pour saisir son essence, il trace son portrait, la rendre irréelle et la toucher du doigt, la faire apparaître d'un souffle créateur. Avec peut-être même un secret désir de la peindre en fleurs. Ce mythe, cette image existe quelque part, il la reconstitue pétale après pétale, fleur après fleur, trait par trait.


"Même le souffle de votre visage/que je ne connais pas/ce n'est qu'un rêve/je le sais/mais quelque part/vous êtes". (Révélation. p. 5)


Reine, elle est femme idéale, peut-être fatale, anima de l'homme mais aussi muse et inspiratrice, de tout temps, des artistes. Une muse tour à tour sirène, miroir réfléchissant, "fée verte", "muse à la lyre/musicienne/elle est musique/là est l'enchantement." (Éventualité p.17) Ensuite la courbe redescend, son image se ternit, et elle redevient cendrillon, ange terrestre, fleur cueillie, alors le rêveur "s'abreuve de lambeaux /de plaisir /tant qu'il est temps..." (Abattement. p. 51) puis "se dit simplement qu'elle est femme/une déroute de sentiments/ " (Volupté p.31), "ange de femme/ au présent imparfait" (Incertitude p.38), "épine de rose", "pluie de pétales".


Pourtant, c'est à travers la femme où l'homme frôle le chagrin d'amour, avec la pudeur de ne pas pleurer, mais de rire et d'aimer, qu'il devient uniquement poète-dessinateur de la beauté en s'effaçant devant ses courbes infinies.

Laure Dino



- le recueil, vendu au prix de 10 €, est édité par les éditions Rafaël De Surtis, 7 rue Saint Michel - 8170 Cordes sur Ciel

2 commentaires:

  1. Merci Laure de cette description inspirée d’une œuvre et de son auteur. Au travers de l’écrit effectivement, le regard du dessinateur transparaît qui idéalise le quotidien et s’en émeut jusqu’à en concevoir un chef d’œuvre mais qui, une fois le tableau achevé, soudain découvre l’imperfection de l’objet de son inspiration. Mais c’est aussi plus largement la vision de chacun d’entre nous, incorrigibles rêveurs, trop souvent incapables de faire la part du mythe enthousiasmant et de la réalité cynique qui hélas un beau jour se révèle, en dépit de nos vaines dénégations.

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  2. Vincent Dumaine12 juin 2011 à 09:10

    Heureux de découvrir les talents de poète de Jacques Basse dont j'appréciais déjà le travail graphique. Mais pour aimer les poètes comme il en témoignait, à partir de ses portraits dédicacés, il fallait, c'est évident aujourd'hui, qu'il le soit aussi lui-même.

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