Il y a exactement cinq ans j'accueillais dans ce blog Ann Cefola qui nous faisait partager un peu de son parcours poétique du côté de New York. Ann Cefola a depuis continué son chemin et fait paraître When the Pilotless Plane Arrives (Trainwreck Press, 2021). Elle a de même traduit du français un livre d'Hélène Sanguinetti paru sous le titre Alparegho, like nothing else (Beautiful Days Press, 2025). D'autres encore de ses traductions ont été publiées dans Circumference, Exacting Clam, Hunger Mountain, et twotwoonenyc. On pourra par ailleurs trouver sa poésie la plus récente dans des revues comme Blood and Bourbon (Canada), Hawaii Pacific Review, et Women’s Studies Quarterly, ainsi que dans les anthologies Duo (Linen Press, 2024), All Shall Be Well (Amethyst Review, 2023), I Wanna Be Loved by You (Milk & Cake Press, 2022), Poets Echoes and Tributes (ArsOmnia Press, 2021), Brought to Sight and Swept Away (Vita Brevis Press, 2021), Verdant (Truth Serum Press, 2020), ou Mother Mary Comes to Me (Madville Publishing, 2020).
Ann Cefola devant un train d'époque à North Conway, dans le New Hampshire, automne 2024. |
Je suis heureux aujourd'hui de présenter un de ses poèmes :
Wildlife
This morning wild turkeys like a string
of black pearls break across my ochre lawn,
a dozen, little, wise enough to lift in gobbles to low poplars
as a coyote pup—all inked face and tail—emerges from
a mulberry bush, stunned by the sight of the brown orange tribe
but spurred by easier rodent scents to sun-shadowed pine depths,
returning elders to peck, serenely gather their young
whom I’d love to follow single-file up the empty stream—
a last poult, belly full, eager to one day spread
my autumnal fan—but I am already with the awed coyote
racing the wood’s hungry heart.
Vie sauvage
Ce matin, des dindes sauvages, comme un chapelet
de perles brunes, traversent l'ocre de ma pelouse,
une douzaine, petites, assez sages pour se soulever en gloussant
[ jusqu'aux peupliers
alors qu'un jeune coyote—le visage et la queue encrés de noir—émerge
du buisson d'un mûrier, abasourdi à la vue de la tribu marron-orange
mais stimulé par les odeurs de rongeurs plus faciles à sentir
jusqu'aux profondeurs des pins traversés par le soleil,
retour des aînées pour picorer et rassembler sereinement leurs petits
que j'aimerais suivre en file indienne dans le lit du ruisseau vide—
une dernière volaille, le ventre plein, j'ai hâte de déployer un jour
mon éventail d'automne—mais je fais déjà la course
avec le coyote étonné dans le coeur affamé de la forêt.
Ann Cefola
(Traduction de Jean-Luc Pouliquen)