mercredi 19 juin 2024
En souvenir de Marcel Béalu
samedi 25 mai 2024
En souvenir de Jacques Arnold
Je voudrais aujourd'hui rendre hommage à Jacques Arnold qui m'encouragea lorsque je faisais mes débuts en poésie, à la fois en écrivant mes propres textes et en éditant Les Cahiers de Garlaban.
Il m'accueillit dans la revue Jointure dont il était président du comité de lecture, secondé par une équipe exigeante dans laquelle on retrouvait notamment Jean-Pierre Desthuilliers, Georges Friedenkraft, Michel Martin et Daniel Sauvalle.
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Aujourd'hui, repensant à son itinéraire poétique et littéraire, me vient une liste de sujets que l'éloignement géographique et le temps ne m'ont pas permis d'aborder avec lui. Ainsi j'aurais été heureux de parler de son amitié avec Armand Lanoux, lauréat du prix Goncourt 1963, de ses rencontres en captivité durant la Deuxième Guerre mondiale avec Julien Gracq, Raymond Abellio, Jacques Fauvet ou encore Patrice de la Tour du Pin. Il m'aurait plu également d'évoquer en sa présence la Société des Gens de lettres au sein de laquelle il présidait la commission Poésie.
Jacques Arnold m'adressa deux de ses recueils, tous les deux édités chez Rougerie, Poèmes donnés et Filantes, avec à chaque fois une dédicace chaleureuse.
Voici un de ses poèmes extrait de Poèmes donnés :
à Nelly Nabajoth
Un poète, vois-tu, c'est toujours jeune
telle que tu l'es, toi,
et devine le monde
et devine sa loi
en regardant le ciel et les oiseaux.
Mais le ciel est changeant
tantôt clair, tantôt sombre.
Les oiseaux sont sans cesse en lutte pour leurs nids
et pour les infinis.
Le poète combat pour conquérir les mots
de sa propre charmille
comme les jeunes gens,
comme toi, jeune fille —
pour conquérir vos rêves
Et leur offrir un corps.
A toi, Nelly, d'inventer tes efforts
et pour t'aimer toi-même
et pour que l'autre t'aime :
A toi, Nelly, de forger tes ressorts...
Complément :
dimanche 28 avril 2024
Un poème de Jeanne-Marie Giudicelli-Lainé
Il y a tout juste quarante ans, le 28 avril 1984, sortait des presses des éditions Le Dé bleu dirigées par Louis Dubost, le recueil de poèmes de Jeanne-Marie Giudicelli-Lainé intitulé Amphores sous une jaquette illustrée par Chisa.
Il m'avait à l'époque beaucoup plu et j'avais même pu quelques années plus tard en témoigner de vive voix à l'auteure lorsque avec Jean Bouhier nous étions venus en Vendée présenter Fortune du Poète qu'avait également édité Louis Dubost.
Reprenant ce recueil dans ma bibliothèque, j'y retrouve la même magie, le même enchantement, ce qui m'a donné l'envie de le mettre à l'honneur dans ce blog.
Voici tout d'abord ce qu'en dit la musicologue Brigitte Massin dans la préface : "Parfois on se souvient d'une voix, saisie en une rencontre fortuite. Ainsi de celle de Jeanne-Marie Lainé. Une voix, et un regard, et ce mystère qui auréolait un jeune visage, celui d'un être comme étonné de devoir vivre et qui trouvait son abandon dans les bras de la nature.
Je n'avais pas oublié Jeanne-Marie Lainé, et souvent je m'étais demandée si ce grand désir enfoui de la poésie avait pu surgir du rêve de la dormeuse.
Ce recueil m'a rendu sa voix. Le monde y est murmuré, parfois suggéré seulement. Le non-dit y importe, habitant les silences. Jeanne-Marie Lainé telle une sourcière du bonheur, ayant pour compagne la nature bienheureuse, poursuit sa quête au pays de l'au-delà des mots. La femme ayant mûri, ceux-ci ont pris leur densité. Ils sont tendres et fiers. Ils nous parlent."
Continuons par ce poème :
MATURITÉ
Je sais ce qui n'est plus et ne reviendra pas, à quoi même jamais je ne rêve.
Qui pourrait dire qu'on a ajouté ou enlevé quelque chose en moi, hors la douleur pour les rêves perdus ? Leur retentissement même a décru.
Ma mémoire est comme le grand champ noir d'une ville la nuit - où les lumières s'éteignent peu à peu...
Les souvenirs s'en vont reviennent s'estompent.
Le monde multiple de mes soifs qui était univers s'est fait village puis rue chambre enfin.
Qui pourrait dire que j'ai vieilli ?
Je me suis épurée.
C'est une chance pour nous, le livre a été numérisé depuis par Gallica.