Il y a quelques semaines, dans le cadre d'une résidence d'écrivain qu'elle effectuait au Parc culturel de Rentilly et du projet qu'elle menait autour de Gaston Bachelard, Françoise Ascal m'a demandé de dire pourquoi je lisais le philosophe. Avec l'arrivée de l'été et des vacances, où il va être possible d'accorder plus de temps à la lecture, j'ai pensé intéressant de proposer ce texte dans mon blog.
Lire Bachelard aujourd’hui
C’est dans les années soixante-dix que j’ai fait la « rencontre » de Gaston Bachelard, de l’homme qui m’a autant intéressé que l’œuvre. Son itinéraire depuis son village natal de Bar-sur-Aube en Champagne jusqu’à Paris où il fut un des phares intellectuels de la Sorbonne est fascinant. Il est jalonné par ses livres qui sont autant de réponses aux questionnements que l’on peut avoir tout au long d’une existence.
C’est en ce sens que je ne cesserai jamais de le lire, même si cette lecture n’est pas régulière. Bien sûr, pour un poète, ce sont ses ouvrages consacrés à l’imagination de la matière, à l’espace, à la rêverie, qui viennent en premier stimuler notre curiosité. Mais l’on aurait tort de mettre une cloison étanche entre le versant épistémologique de son œuvre et le versant poétique. Il arrive aussi que l’on trouve dans ses travaux sur la science des traces de sa passion pour la poésie et la littérature et celles-ci ont tout autant à nous apprendre.
La profondeur de réflexion d’un grand philosophe, d’un esprit universel est telle que ses textes ont toujours quelque chose de nouveau à nous révéler. Et c’est pour cela qu’il faut y revenir. Le temps qui agit sur nos vies change notre perception, parfois la rend plus aigüe, nous aidant ainsi à mieux comprendre ce qui est dissimulé dans les mots de Bachelard.
Ce qui pour moi apparaît au fil des années dans l’intérêt de Gaston Bachelard pour le feu, l’eau, l’air et la terre, ce sont ces liens inaltérables qui nous rattachent au cosmos. Déjà les philosophes présocratiques, Empédocle en particulier, avaient mis en évidence nos racines cosmiques. Bachelard nous le redit dans le langage de l’homme contemporain qui a intégré la psychanalyse et la vie de l’inconscient dans ses modes de pensée.
Sa philosophie du temps discontinu, de la verticalité de l’instant poétique, est une invitation constante à revitaliser ce lien avec l’origine. Sans lui nous restons à la dérive, ayant coupé les amarres avec le monde premier. Pourtant c’est là qu’y coule la source de l’émerveillement et de la rêverie sans lesquels aucune poésie ne serait possible.
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