Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 17 mars 2012

Le souvenir de Théophile Briant - III

Avec cette troisième et dernière chronique, nous pouvons mesurer le rôle de découvreur que joua Théophile Briant. J'ai déjà eu l'occasion de dire que ce lien entre générations était indispensable pour l'avancée de la poésie. Ce qui est intéressant pour nous, qui avons beaucoup parlé dans ce blog de l'Ecole de Rochefort, c'est de remarquer que parmi les poètes qu'édita Jean Bouhier, plusieurs furent encouragés par Théophile Briant. Citons René Guy Cadou, Luc Bérimont, Alain Borne mais encore Pierre Garnier auquel j'ai déjà rendu hommage. Ainsi se dessine par delà le temps une fraternité poétique aux racines profondes et glorieuses.

Remise du prix Le Goéland à la brasserie Lipp

Les prix du Goéland, décernés à Rennes, puis chez LIPP à Paris, auront une notoriété certaine. Théophile BRIANT découvre et révèle la voix franche et fraternelle de CADOU, celle amoureuse et douloureuse d’Alain BORNE, l’érotisme amer de BÉALU, la destinée fulgurante de Georges ALEXANDRE, la générosité verbale de BÉRIMONT, l’extrême sensibilité de la jeune aveugle Angèle VANNIER… BRIANT, malgré sa virulence (Le Goéland-corsaire, disait affectueusement CADOU, n’hésitait pas à stigmatiser les « faussaires » de la poésie) fut vraiment le Saint-Vincent-de-Paul des poètes, ses chers goélandeaux. « Ne me dites pas que j’ai du mérite, répondait-il, c’est à la fois ma vocation et ma destinée ».

Outre ses éditoriaux, Th. BRIANT a écrit des poèmes, rassemblés dans deux volumes intitulés « Premier recueil » et « Deuxième recueil » de poèmes. Grand lecteur, il était un bon critique et a excellé en préfaçant les recueils de jeunes poètes, en multipliant les conférences et en rédigeant deux biographies magistrales de SAINT-POL-ROUX et de Jehan RICTUS (il projetait d’écrire sur CÉLINE qui le réclamait comme biographe). Admirateur de la Bretagne, terre de ses ancêtres et d’écrivains, il publia « Les Pierres m’ont dit », rencontre des ombres errantes de CHATEAUBRIAND à Saint-Malo et à Combourg, de LAMENNAIS à la Chênaie… et un roman, « Les Amazones de la Chouannerie ». La destruction de sa ville-à-l’ancre en août 1944 lui arracha l’hymne funèbre à Saint-Malo dévasté, illustré par X. de LANGLAIS. « Ici, c’est feue la cité corsaire. C’est la ville assassinée, c’est la gisante au péril de la mer. C’est la baie des pierres trépassées ! (…). La pierre bâtie revient au menhir ». Son « Testament de Merlin », œuvre de longue haleine, véritable testament spirituel et littéraire, ne fut publié qu’après sa mort.

Son aventure terrestre prend fin le 5 août 1956 ; victime d’un accident de voiture – un véhicule qu’il conduisait d’une façon toute particulière pour faire « toucher les épaules aux vieux Saturne ce Krono-maître » - il décède peu après.

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