Pour en terminer avec les livres que l'on peut mettre en correspondance avec Un griot en Provence, voici aujourd'hui l'avant-propos de mon recueil Les objets nous racontent qui plonge lui aussi ses racines dans le territoire de l'enfance. J'ai déjà eu l'occasion de l'évoquer lorsque j'ai présenté Les étincelles du temps de Pablo Barros. En effet les deux titres ont été édités dans la même collection par Cécile Odartchenko.
Par strates les objets se déposent dans la mémoire. Ils sont les sédiments de notre histoire.
Ouvrir des fouilles dans les souvenirs, y remonter à la lumière quelques formes oubliées, les confronter à d'autres du présent, c'est créer une étincelle à même de crépiter dans le cœur, les sens et la pensée.
Grâce aux objets légués par mes grands-parents, mais aussi mes grands-oncles et grands-tantes, je retrouve une époque à jamais abolie. Passant de l'un à l'autre je reconstruis le décor où je les ai connus. Revivent alors leurs visages, s'animent leurs regards et leurs voix me reviennent pour redire ces mots dont mon enfance ne mesurait pas toute la portée. Je peux lire aujourd'hui dans les registres du temps les lignes de leur destin, déjà tracées lorsque je suis venu au monde. Je peux comprendre la nature des liens qu'ils entretenaient avec leurs enfants.
Les objets que mes parents utilisaient dans mon jeune âge, contenaient en germe les promesses d'une vie nouvelle. Dans leur texture sont enfermés leurs espoirs et leurs craintes, que j'enregistrais moi aussi dans les fibres de mon être. Maintenant que je suis plus vieux qu'ils ne l'étaient à cette période, je peux expliquer ce qui dans mes actes a été par la suite rupture ou continuité.
Qui de l'enfance ou des objets aura le dernier mot ? En ce matin de la vie, un parfum d'éternité entoure encore nos gestes, si bien que la forme et la matière se plient à notre soif de découverte et de merveilleux. Ce n'est pas une expérience neutre que de faire revivre en soi l'enfant que nous avons été, c'est aussi se mettre en surplomb des chemins que nous lui avons fait prendre.
Sont inscrits dans les objets de mes enfants les assauts d'une société où la marchandise est devenue reine. Sont inscrits aussi leur révolte et des forces qui m'avaient traversé avant eux, et avant moi les générations plus anciennes. Aussi les fils enchevêtrés qu'ils nous livrent demandent à être démêlés un à un pour bien en saisir la substance. Quelle part attribuer au relatif d'une civilisation ? Quelle autre à l'universel désir des vivants ?
Ma seule certitude est d'être fait de ces objets qui sont les gardiens de ma demeure.
Complément :
- Le site de l'éditeur.
Par strates les objets se déposent dans la mémoire. Ils sont les sédiments de notre histoire.
Ouvrir des fouilles dans les souvenirs, y remonter à la lumière quelques formes oubliées, les confronter à d'autres du présent, c'est créer une étincelle à même de crépiter dans le cœur, les sens et la pensée.
Grâce aux objets légués par mes grands-parents, mais aussi mes grands-oncles et grands-tantes, je retrouve une époque à jamais abolie. Passant de l'un à l'autre je reconstruis le décor où je les ai connus. Revivent alors leurs visages, s'animent leurs regards et leurs voix me reviennent pour redire ces mots dont mon enfance ne mesurait pas toute la portée. Je peux lire aujourd'hui dans les registres du temps les lignes de leur destin, déjà tracées lorsque je suis venu au monde. Je peux comprendre la nature des liens qu'ils entretenaient avec leurs enfants.
Les objets que mes parents utilisaient dans mon jeune âge, contenaient en germe les promesses d'une vie nouvelle. Dans leur texture sont enfermés leurs espoirs et leurs craintes, que j'enregistrais moi aussi dans les fibres de mon être. Maintenant que je suis plus vieux qu'ils ne l'étaient à cette période, je peux expliquer ce qui dans mes actes a été par la suite rupture ou continuité.
Qui de l'enfance ou des objets aura le dernier mot ? En ce matin de la vie, un parfum d'éternité entoure encore nos gestes, si bien que la forme et la matière se plient à notre soif de découverte et de merveilleux. Ce n'est pas une expérience neutre que de faire revivre en soi l'enfant que nous avons été, c'est aussi se mettre en surplomb des chemins que nous lui avons fait prendre.
Sont inscrits dans les objets de mes enfants les assauts d'une société où la marchandise est devenue reine. Sont inscrits aussi leur révolte et des forces qui m'avaient traversé avant eux, et avant moi les générations plus anciennes. Aussi les fils enchevêtrés qu'ils nous livrent demandent à être démêlés un à un pour bien en saisir la substance. Quelle part attribuer au relatif d'une civilisation ? Quelle autre à l'universel désir des vivants ?
Ma seule certitude est d'être fait de ces objets qui sont les gardiens de ma demeure.
Complément :
- Le site de l'éditeur.
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