Comme nous l'avions fait au mois de septembre dernier pour Bernard Perroy, nous allons consacrer ce mois de février à Philippe Blondeau afin cheminer avec lui dans sa poésie. Philippe Blondeau est né en 1958 à Senlis, il vit actuellement près d’Amiens. Il a
écrit une dizaine de recueils de poèmes et publié entre autres dans les
revues Lieux d’êtres, Le Jardin ouvrier, Rétro-Viseur, Sarrazine,
Contre-allées, Pyro… Il
a également dirigé ou préfacé des ouvrages sur quelques poètes amis comme
Pierre et Ilse Garnier ou Ivar Ch’Vavar, et il publie irrégulièrement des notes
critiques, notamment dans Diérèse. En
2005, il a créé avec Tristan Felix La Passe, une revue des langues
poétiques, fondée sur la rencontre et l’échange d’écritures poétiques de
toute nature. Nous avions déjà eu l'occasion de l'interroger à ce sujet. Aujourd'hui c'est sur sa propre poésie que nous lui demandons de parler.
Itinéraire
en 10 recueils et quelques
Philippe votre bibliographie compte aujourd’hui plus d’une dizaine de
titres. Pourriez-nous nous dire quand et comment a commencé votre parcours dans
la poésie ?
Mes débuts en poésie ne furent pas
particulièrement précoces. Lycéen, j’ai dû écrire quelques poèmes pâlement
baudelairiens dont j’ai tout oublié. Je me souviens, vers vingt ans, d’un
recueil manuscrit – j’en tairai le mauvais titre – ,composé et réalisé avec
soin, et qui a dû finir au feu, à cause de défauts qui me paraissent
aujourd’hui évidents, notamment le sérieux excessif qui fait confondre l’âme et
la plume. Quelques pièces ont subsisté néanmoins et trouvé place, avec
d’autres, dans mon premier recueil imprimé, publié à semi-compte d’auteur en
1982, grâce à quelques soutiens amicaux. Il me semble, en repensant à cette
époque, que la poésie me prenait alors beaucoup de temps, mais sans doute plus
en méditations passablement stériles qu’en travail vraiment constructif car il
n’en est pas resté grand chose. Bien sûr, je lisais de la poésie, surtout les
poètes du vingtième siècle, mais de manière assez fragmentaire et désordonnée,
et, au fond, plutôt distraite. Pour tout dire, mon parcours dans la poésie a
commencé de manière essentiellement introspective, ce qui n’est pas original,
mais n’est pas non plus idéal.
Y a-t-il eu des lectures plus importantes que d’autres ainsi que des rencontres marquantes ?
Y a-t-il eu des lectures plus importantes que d’autres ainsi que des rencontres marquantes ?
Les poètes qui m’ont durablement marqué, et que je
pourrais sans doute compter sur mes dix doigts, appartiennent à l’évidence à la
même famille. Proche dans le temps – ce n’est pas un hasard – ils le sont aussi
par une attention essentielle au réel. Je citerai en premier lieu Jean Follain
dont chaque poème, miracle de sobriété, d’équilibre et d’élégance, parvient à
restituer un moment du monde sans recourir à l’artifice des métaphores ;
Philippe Jaccottet pour son souci de la plus grande justesse ; dans une
moindre mesure peut-être Guillevic ou Jacques Réda, et quelques autres encore
dont il me suffit d’ouvrir un livre pour retrouver immédiatement la même
évidence durable. J’ajouterai, sur un plan plus personnel, Jacques Bertin,
d’abord chanteur, mais que je tiens pour un poète remarquable.
C’est à la rencontre de Jean Le Mauve que je dois
d’avoir publié mes premiers recueils et, ainsi, persisté dans la voie de la
poésie. Dans un registre bien différent, l’amitié de Tristan Felix, qui devait
conduire à la création de notre revue La Passe, m’a aidé à sortir de mon univers un peu feutré et à
explorer d’autres pistes d’écriture.
Votre premier recueil Pour habiter le mauvais temps a
été publié en 1982, le dernier Tri, ce long tri vient de paraître. Sur trente ans de parution, voyez-vous différentes
périodes, des moments de rupture traduisant des recherches ou des intérêts
différents ?
Plus que par des recherches ou des intérêts, qui
témoigneraient d’une sorte de maturation artistique, ces trente ans que vous
évoquez sont ponctués à la fois par les hasards de l’édition et l’instabilité
des dispositions personnelles. Je ne considère pas la poésie comme un statut,
encore moins comme une activité professionnelle. Je la tiendrais plus
volontiers pour un produit du hasard, ce qui explique certains blancs, certains
silences plus ou moins longs. Ces silences, bien sûr, n’échappent pas à
l’emprise du temps, ce qui contribue aux changements d’atmosphère ou de
tonalité, plus ou moins voulus, comme j’ai tenté de m’en expliquer en prélude
du Genre
humain. Ceci dit, j’ai
plutôt l’impression d’une continuité entre mes premiers poèmes et les plus
récents. Par ailleurs la logique des recueils n’est pas exclusivement
chronologique et il arrive que des poèmes anciens reviennent dans un livre en
cours, en vertu de ce principe du tri que mon dernier
recueil évoque et qui est pour moi une démarche naturelle dans la composition
d’un livre de poèmes.
Après avoir pris
connaissance de votre bibliographie j’invite les lecteurs de ce blog à aller à
la rencontre de votre poésie dans les chroniques qui vont suivre.
Poésie :
Pour
habiter le mauvais temps, Éditions du moulin, 1982
Mesure
d’oubli, chez
l’auteur, 1983
Pour
le livre du témoin, L’arbre, 1986
Les
Minutes de l’air, L’arbre, 1991
Exercice
de l’effacement, prix colportage, Rétro-Viseur éditions, 2002
Franchises, avec Tristan Felix,
L’arbre 2005
Dehors, Polder, 2006
Décimales, Editions des Vanneaux,
2008
Coup
double,
avec Tristan Felix, Corps puce, 2009
Du
genre humain,
édition hors commerce, 2012
Tri,
ce long tri,
Éditions Henry, collection « La main aux poètes, 2012
Proses :
Blâmes
funèbres, Jacques André
éditeur, 2012
Compléments :
- A propos du livre Coup double.
- A propos de la revue La Passe.
- Un extrait de Blâmes funèbres.
Compléments :
- A propos du livre Coup double.
- A propos de la revue La Passe.
- Un extrait de Blâmes funèbres.
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