Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 24 juillet 2010

La petite fille éternelle de Jeanine Salesse

Jeanine Salesse est une poétesse discrète qui bâtit son oeuvre sans tapage en suivant le propre cours de son inspiration. Depuis son premier recueil Les toits gris, paru en 1988, ce sont plus de quinze livres qu'elle propose au lecteur qui voudra l'accompagner sur ses chemins intimistes. Jeanine Salesse appartient à ce cercle de poètes qui ont toujours à coeur d'entretenir le souvenir de Louis Guillaume. Comme lui, elle a été enseignante et sait le prix qu'il faut attacher à l'enfance, cette période de la vie à laquelle reste accroché un sentiment d'éternité.
Avec Une petite fille d'Alexandrie, elle s'emploie à nous le redire d'une façon particulièrement originale.
Le point de départ du livre est une rencontre au Louvre avec une Tanagra réalisée à Alexandrie vers 200 avant J.C, représentant une petite fille assoupie. En une suite de vingt-sept poèmes, l'auteur s'attache à lui redonner vie, à évoquer son univers, à nous faire imaginer cette enfant qui nous reste proche : La nuit d'été/te plie les jambes/et n'est plus/qu'un peu de rosée/près des couffins d'orge. Et cette proximité va réanimer en elle ses propres souvenirs : Un secret de petite fille/réveille l'autre/l'enfouie/toujours en résurgence/et se transmet à la suivante/qui s'endort/dans ses genoux.
Dès lors elle va s'attacher à les transcrire nous ramenant au temps de son enfance, enveloppé par l'affection de ses parents, affection dont elle entourera à son tour ses enfants : Panier en main/ l'aîné grappille les oeufs brillants/tout frais jetés dans les pétales/Sa joie/c'est le vrai trésor/il n'en sait rien.
Avec son regard ample, Jeanine Salesse aura donc porté attention à toutes les enfances, montrant ainsi la charge d'émotion universelle qu'elles contiennent par delà le temps et l'Histoire. Elle s'associe en cela aux grands artistes qui ont su, avant elle, nous le montrer et nous renvoyer de l'art à la vie, qui doit toujours garder le dernier mot. C'est d'ailleurs en substance ce que nous signifie Jeanine Salesse dans son poème inspiré par La petite châtelaine de Camille Claudel :

Petite châtelaine
n'a vraiment pas sommeil
ses yeux suivent un nuage
s'attardent aux gestes de Camille

Elle ne voit pas le temps
qui lui défait sa natte

Invisible l'haleine
ses lèvres ouvertes

Le visage frémissant l'affirme
toutes deux
sont à jamais vivantes
dans la vigueur du marbre.

Compléments :

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