Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

dimanche 1 juin 2025

Un poème d'Arta Seiti

Voici un poème qui trouve une résonnance particulière dans ce blog  puisqu'il fait référence au Garlaban qui a tant compté dans mon aventure poétique. Je suis heureux qu'Arta Seiti, qui se partage entre Paris et la Provence, ait pensé à me le proposer. Tout en célébrant ce sommet si cher à Marcel Pagnol, il va nous permettre de découvrir une nouvelle voix de la poésie d'aujourd'hui.

Arta Seiti

Née en Albanie, Arta Seiti est auteure et poétesse d’expression française. Après un parcours littéraire et des études en relations internationales, elle a publié dans plusieurs revues françaises des articles dédiés à l’Europe du Sud-Est accordant une place essentielle à la dimension anthropologique. Suivent, ensuite, les années en tant que chargée d’enseignement supérieur, à Lille, et quelques publications de poèmes. Arta Seiti se consacre désormais à l’écriture poétique. Elle publie son premier récit « Nimbes », Fauves éditions, en 2018, « Surface suivi de Case-ciel », éditions du Petit Véhicule, 2019 (prose et poèmes), « La cime ne me contredit pas », Fauves éditions, 2021 (prose poétique), « Mais dans le désir seuls demeurent les poètes », éditions du Petit Véhicule, 2022 (recueil de poèmes), « Ô rendez-moi la mémoire des ombres, l'autre bout du bleu », éditions du Petit Véhicule, 2024 (recueil de poèmes). Sa nouvelle « Quand midi sonnera » vient de paraître dans le numéro 10 de la Revue Daïmon.

Devant le Garlaban

Parmi le paysage de garrigue
Et les roches bleues de Pagnol
À travers l’émoi du thym odorant
Du chant des cigales
Du corps vert des vallons
Garlaban jette à la nature ingénue
L’excès d’une tour embaumée d’amour
De sacrifice et de grâce
Garlaban semble sourire à sa fête
Sous les pins d’Alep
Entouré de bourgeons rouges d’églantiers
Garlaban court sous les chênes pubescents
Garlaban forme des vœux tendres

Garlaban promène son œil jusqu’à 
la Méditerranée
Vole et vient
Garlaban étend sous mes pieds une terre
Caressée de fenouil et de menthe
Garlaban met sur ma tête
Un ciel d’astres
Garlaban verse à mes yeux
Un vent doux et fidèle
Garlaban !
Nous adonnons-nous
À un élan lavé de la rosée de ce matin ?

Arta Seiti

Complément :

- Le blog d'Arta Seiti.


samedi 3 mai 2025

Le nouveau recueil de Monique Marta

Nous avons déjà présenté dans ce blog l'itinéraire poétique et spirituel de Monique Marta et rendu compte de ses parutions. Le dernier ouvrage dont nous avions parlé concernait un essai sur le silence. Le recueil de poésie dont il est question aujourd'hui et qui s'intitule L'Opacité du ciel le prolonge en même temps qu'il l'englobe dans une quête plus large.


Dans sa préface Hoda Hili a bien noté que les interrogations mystiques auxquelles se livre l'auteure ont partie liée avec le silence. Elle écrit : "L'esprit ne se résout pas si simplement à croire ou ne pas croire aux questions sans réponses. L'absolu silence qui plonge dans la solitude suscite, au contraire, un flux continu d'agitation et de bavardage intérieurs. L'opacité se révèle être un magnétisme que le mystère exerce sur l'esprit, l'irrésistible attrait qui le condamne à désirer savoir le sens d'une vie et de sa fin, sans parvenir à combler cet outrageux désir d'infini" avant de reprendre les propres mots de Monique Marta : "Au cœur de la nuit, / le silence, pourtant, toujours, / comme une insulte."
Il s'agit dès lors de suivre l'auteure dans son parcours, d'en épouser le mouvement. Sur plus de quatre-vingts pages, par une suite de poèmes, parfois lyriques, parfois prenant la forme de notations brèves, Monique Marta partage avec nous ses émotions, ses réflexions, ses espérances, aiguillonnée par ce désir d'étancher sa soif d'un bonheur définitif.
Elle sait les souffrances du corps et du cœur, les limites de la satisfaction des désirs immédiats, elle en appelle à l'amour, à la mémoire de l'enfance, aux sources d'un renouvellement de l'être. Elle puise in fine sa force dans une fréquentation intime de la nature :

Après moult adversités,
Après le chagrin,
Le chaos,
La maladie,
Le don de joie me fut offert.
Mes larmes
Ne sont plus que d'émotion.
J'ai la paix des prairies
Et des bois.
Viennent le chant du rouge-queue,
Je m'accorde à son chant.
Passe, au ciel, un nuage blanc,
Je le suis dans sa course.
J'aime le vent, le papillon,
La violette.
Mon rire s'allie
Au rire des rus et des cascades.
Paix et joie dans mon cœur :
Est-ce ainsi qu'est le bonheur ?

Complément :


 

 

mercredi 2 avril 2025

Georges Pompidou et la poésie

En ce jour anniversaire de sa mort, le 2 avril 1974, je voudrais rendre hommage à Georges Pompidou au travers de sa passion pour la poésie. J'associe à cet hommage, son fils, le Professeur Alain Pompidou dont le décès en décembre dernier nous a plongé dans la peine. C'est grâce à lui que j'avais pu faire paraître en 2016, mon essai intitulé Georges Pompidou, un président passionné de poésie.

Je souhaiterais aujourd'hui l'accompagner de documents sonores qui permettront de saisir plus profondément encore la connaissance qu'avait Georges Pompidou des poètes et de leurs œuvres.

Le premier document concerne son intervention dans un colloque à Nice en mai 1967 pour le centième anniversaire de la mort de Charles Baudelaire. Georges Pompidou est alors Premier ministre de la France et a tenu à honorer de sa présence une manifestation consacrée à son poète de prédilection.

Intervention de Georges Pompidou

Le deuxième document nous donne à entendre une soirée organisée le 28 avril 1969 à la Comédie-Française sur le thème "Poésie et Politique". Georges Pompidou l'avait préparée avec Jacques Toja dans une période où il en avait toute la disponibilité. Il n'était en effet plus Premier ministre depuis le 10 juillet 1968 et pas encore Président de la République. Mais la veille de cette soirée, Charles de Gaulle, se sentant désavoué par les résultats du Référendum qu'il avait proposé aux Français sur "le projet de loi relatif à la création de régions et à la rénovation du Sénat" avait démissionné de ses fonctions. Si bien que la priorité était pour Georges Pompidou de se préparer sans attendre à prendre sa succession et de présenter sa candidature à l'élection présidentielle qui allait découler de cette vacance du pouvoir. Il ne put donc participer à cette soirée et livrer en introduction le fruit de ses réflexions sur les relations qui existent entre la poésie et la politique. C'est Jacques Toja qui lira son texte.

Ce texte est connu. Le Professeur Alain Pompidou m'avait même autorisé à le reproduire à la fin de mon essai. Ce qui est moins connu, car il n'y en avait pas à ma connaissance la trace écrite, c'est la sélection de poèmes qui suivit et que les comédiens du Théâtre-Français mirent remarquablement en valeur. Ce choix fait écho à l'Anthologie de la poésie française que Georges Pompidou publia en 1961. On y retrouve la même exigence de qualité, de donner à entendre ce que la langue française peut créer de meilleur, en y incluant cette fois un poète vivant, Louis Aragon en l'occurrence, ce que n'avait pas fait l'anthologie qui s'était fixée pour règle de ne parler que de poètes disparus.

Mais jugeons par nous-mêmes et prenons plaisir à revivre ce moment de poésie désormais historique :