Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 6 décembre 2025

Les 50 ans de la mort de Saint-John Perse

 Le 20 septembre dernier, dans le cimetière de Giens où il repose, avait lieu une cérémonie pour commémorer les cinquante ans de la mort du poète Saint-John Perse. Pour la circonstance, des gerbes furent déposées sur sa sépulture. rappelant ses origines guadeloupéennes, ses hautes fonctions dans la diplomatie, ainsi que la fidélité de ses nombreux amis à travers le monde. Au même moment, à Pointe-à-Pitre, sa ville natale, un colloque international lui était consacré.

J'ai déjà présenté dans ce blog un film sur l'installation du poète sur la presqu'île de Giens dans le Var en 1957 ainsi que le discours qu'il prononça à Stockholm lorsqu'il reçut le prix Nobel de littérature en 1960.
Voici un autre document audiovisuel qui embrasse la totalité du parcours de Saint-John Perse et donne quelques clefs pour aborder son œuvre :


Pour compléter l'approche de l'homme, on lira le journal qu'a tenu son amie Katherine Biddle qui l'a connu dans sa période d'exil aux États-Unis, un temps de fragilité où le poète a repris le dessus sur le diplomate :


Ces éléments sont déjà anciens. Des parutions récentes témoignent des ferveurs que continue de susciter le poète. Ainsi de cette BD Saint-John Perse, d'Atlantique qui a mis à contribution plusieurs dessinateurs de talent. Ainsi de ce livre coordonné par Henriette Levillain et Catherine Mayaux rendant compte des lectures actuelles de son œuvre ou encore de cette édition par Isabelle Davion d'une correspondance jusque-là inédite avec Philippe et Hélène Berthelot. Notons enfin que l'on peut trouver sur Youtube la captation du colloque de septembre qui a eu lieu à Pointe-à-Pitre sous le titre Saint-John Perse, l'errance enracinée.

Complément : 


samedi 1 novembre 2025

Un poème de Guy Allix

Je suis heureux d'accueillir Guy Allix dans ce blog après avoir parlé le mois dernier de Jean Follain. C'est en effet grâce au poète de Canisy que je l'ai découvert. Cela remonte au début des années quatre-vingt, Hubert Juin animait sur France-Culture une série d'émissions consacrée aux poètes et il avait invité Guy Allix qui venait de terminer son mémoire de maîtrise sur Jean Follain. Par la suite nous nous sommes rencontrés à l'Université d'Angers où Georges Cesbron organisait chaque année un colloque consacré aux poètes de l'Ecole de Rochefort.

Guy Allix (encore appelé par les intimes « le tipouet ») est né en 1953 à Douai (59), Enfance difficile dont il ne s’est pas remis.

Ancien professeur de lettres dans l’académie de Caen (collège de Saint-Lô, lycée de Carentan, IUFM de Caen, IUT de Lisieux), il a mené de multiples expériences pédagogiques autour de la poésie. Il a consacré, en plus de sa maîtrise, un D.E.A au poète Jean Follain. Il vit en Ille-et-Vilaine (35). Poète, critique, auteur jeunesse, interprète et… électron libre, il a été traduit en italien, en roumain, en arabe, en breton, en catalan.

Lauréat de l’Académie française : Prix Amic 1992 pour l'ensemble de son œuvre, Prix Théophile Gautier 1994 pour Lèvres de peu, Prix François Coppée 2016 pour Le sang le soir, Prix Paul Quéré 2017-2018, Membre de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, de la Société des Gens De Lettres, et de l’Association des Ecrivains Bretons, Sociétaire de la Sacem, Guy Allix se produit sur scène dans des récitals de poésie et chansons en France et à l’étranger.

Parmi les derniers livres de Guy Allix signalons : Précaire, recueil de poèmes, préface de Adam Katzmann, Jacques André éditeur, juillet 2025, Vassal de la poésie, recueil d’articles, préface de Marie-Josée Christien, Les Éditions Sauvages, 2020, Je suis… Georges Brassens, collection « Je suis…. », co-écrit avec Michel Baglin, Jacques André éditeur, 2019, Les couleurs du Petit Peintre (conte pour enfants), Images de Pointilleuse, Beluga, 2018, Oser l’amour suivi de D’amour et de douleur, Atelier de Groutel, 2018 (bibliophilie), En chemin avec Angèle Vannier (essai), Unicité, 2018, Guy Allix, entre urgence et humilité, collection Chiendents, éditions du Petit Véhicule, 2018, Au nom de la terre (Prix Paul Quéré 2016-2017), Les Éditions Sauvages, 2018, Maman, j’ai oublié le titre de notre histoire, suivi de Félix, une voix sans parole, préface de Marie-Josée Christien, Les éditions sauvages, octobre 2016.


Défaite


Soudain ce silence seul peut murmurer l'ultime détresse

Quand le corps se délite quand se démet le souvenir


Tu n'as jamais su et là pourtant tu ne sais plus


Ne viennent plus à ta bouche et sous tes doigts

Ces mots vagabonds qui fouillaient tes tripes et ton sang

En quête de cet amour niché au fond de ton mystère


Tu n'es plus que bribes tu n'es plus que haillons de voix


Mais il faut encore creuser dans le naufrage

Jusqu'à la dernière heure jusqu'au dernier souffle


Et recueillir enfin dans ce crépuscule

Cette autre voix perdue qui dirait tant


Et l'enfance même


Guy Allix


Compléments :

- Le site de Guy Allix.

- La chaine YouTube de Guy Allix.






samedi 4 octobre 2025

Les Agendas de Jean Follain

Voici un livre qui m'a été précieux durant de longues années pour satisfaire ma curiosité sur une période que je n'ai pas connue et où se sont affirmés beaucoup de poètes qui me sont chers. Il s'agit des Agendas auxquels s'est confié quotidiennement, de 1926 à 1971, l'année de sa mort accidentelle, le poète Jean Follain.

Grâce à Claire Paulhan qui les a décryptés dans leur intégralité et en a ensuite choisi et réuni les meilleurs moments, nous disposons de ce témoignage exceptionnel d'un homme particulièrement sociable impliqué dans la vie littéraire de son temps dont il rend compte depuis Paris où il s'est installé dès 1924, ayant quitté sa Normandie natale.

Un ensemble de notes abondantes et détaillées éclaire le propos, il est complété par un index des personnes citées qui permet une lecture ciblée en fonction des centres d'intérêts du moment.

C'est comme membre de l'Ecole de Rochefort que j'ai d'abord approché Jean Follain, puis comme ami de Jean Paulhan et de la Nouvelle Revue Française, ensuite comme proche de Gaston Bachelard. Mais m'a intéressé aussi sa fréquentation de Max Jacob et d'André Salmon, de Fernand Marc et de la revue Sagesse. En même temps que se reconstitue le paysage - qui n'est d'ailleurs pas seulement littéraire car en sa qualité d'avocat puis de juge, Jean Follain a un regard affuté sur l'Histoire telle qu'elle est en train de s'écrire - se dessine l'itinéraire d'un auteur qui ne cède à aucune mode ou diktat idéologique pour affirmer son propre art poétique.

Ces Agendas ont été publiés en 1993, soit un peu plus de vingt ans après la mort de Jean Follain. C'est à dire que parmi ceux dont ils parlaient, plusieurs étaient encore vivants à cette date. Il y avait donc un lien possible avec le présent. Je pense par exemple à Pierre Oster (1933-2020) que j'avais plaisir à retrouver lorsque je venais à Paris et qui était lui aussi un acteur et un témoin exceptionnel de la vie poétique et littéraire parisienne et française.

Plus de cinquante années ont passé désormais depuis la mort de Jean Follain. L'activité poétique n'est plus régie par les mêmes règles, les institutions subventionnées ayant contribué à changer la donne. Le monde de Jean Follain semble bel et bien englouti et avec lui une certaine idée de la poésie, à moins que celle-ci ne continue de cheminer souterrainement dans les profondeurs de l'âme humaine où son œuvre précisément avait pris sa source.