Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 31 décembre 2022

Le souvenir d'Orhan Veli (1914-1950)

 Au mois d'avril dernier nous avons déjà rendu compte d'un ouvrage paru dans la Collection regards turcs dirigée par Sevgi Türker-Terlemez et Serpilekin Adeline Terlemez.

Nous voudrions terminer l'année en présentant un nouvel opus de cette magnifique collection qui est consacré au poète Orhan Veli. Il est signé  Tuğrul İnal qui avait déjà fait paraître dans la même collection un essai sur Baudelaire, il est traduit du turc par Özlem Kasap et Pierre Bastin.

Pour évoquer ce livre, il faut tout d'abord parler de la méthode utilisée par l'auteur pour nous présenter le poète Orhan Veli. Il y avait déjà eu recours pour étudier Baudelaire. Il s'agit de la méthode empathique. Celle-ci "prétend promouvoir la création d'un lien relatif, subjectif et transcendant entre l'écrivain et le critique-lecteur. Une relation vivante et dynamique s'établit dès lors entre le texte original et le lecteur, relation qui va bien au-delà de la simple objectivité."

L'objectif est ici atteint et Tuğrul İnal a réussi à nous attacher à ce poète disparu trop tôt que fut Orhan Veli. Il nous fait entrer dans son univers où les petites gens d'Istanbul mobilisent toute son attention. Il restitue son parcours poétique, ses engagements pour que la poésie se libère des contraintes formelles imposées par la tradition et trouve dans le vers libre le chemin d'un total renouvellement.

"Orhan Veli, nous dit l'auteur de cet essai, s'efforce de mettre en avant la vie intérieure de l'homme, la force et la richesse de l'imagination" et plus loin "L'imagination est tout : liberté créatrice, authenticité, illusion et source plaisir. Dans la République turque nouvellement créée, cela correspond justement à la mise en avant d'une relation entre un mode de pensée et l'esthétique et par conséquent avec les productions écrites et artistiques". Tuğrul İnal insistera sur l'accueil qu'Orhan Veli fera au surréalisme tout en restant fidèle à sa sensibilité profonde.

Les langues, les cultures sont des barrières qui nous empêchent souvent de regarder plus loin, de sortir d'un cadre de pensée et de perception du monde dans lequel il est facile de s'enfermer. Remercions la collection regards turcs pour le choix de ses livres et son remarquable travail de traduction qui nous les rend accessibles et nous permet ainsi d'élargir notre horizon. C'est grâce à elle que le poète Orhan Veli est entré dans le cercle de nos poètes familiers où il restera désormais durablement.

Complément :

- Le livre sur le site de l'éditeur.