Le 20 septembre dernier, dans le cimetière de Giens où il repose, avait lieu une cérémonie pour commémorer les cinquante ans de la mort du poète Saint-John Perse. Pour la circonstance, des gerbes furent déposées sur sa sépulture. rappelant ses origines guadeloupéennes, ses hautes fonctions dans la diplomatie, ainsi que la fidélité de ses nombreux amis à travers le monde. Au même moment, à Pointe-à-Pitre, sa ville natale, un colloque international lui était consacré.
samedi 6 décembre 2025
Les 50 ans de la mort de Saint-John Perse
samedi 1 novembre 2025
Un poème de Guy Allix
Je suis heureux d'accueillir Guy Allix dans ce blog après avoir parlé le mois dernier de Jean Follain. C'est en effet grâce au poète de Canisy que je l'ai découvert. Cela remonte au début des années quatre-vingt, Hubert Juin animait sur France-Culture une série d'émissions consacrée aux poètes et il avait invité Guy Allix qui venait de terminer son mémoire de maîtrise sur Jean Follain. Par la suite nous nous sommes rencontrés à l'Université d'Angers où Georges Cesbron organisait chaque année un colloque consacré aux poètes de l'Ecole de Rochefort.
Guy Allix (encore appelé par les intimes « le tipouet ») est né en 1953 à Douai (59), Enfance difficile dont il ne s’est pas remis.
Ancien professeur de lettres dans l’académie de Caen (collège de Saint-Lô, lycée de Carentan, IUFM de Caen, IUT de Lisieux), il a mené de multiples expériences pédagogiques autour de la poésie. Il a consacré, en plus de sa maîtrise, un D.E.A au poète Jean Follain. Il vit en Ille-et-Vilaine (35). Poète, critique, auteur jeunesse, interprète et… électron libre, il a été traduit en italien, en roumain, en arabe, en breton, en catalan.
Lauréat de l’Académie française : Prix Amic 1992 pour l'ensemble de son œuvre, Prix Théophile Gautier 1994 pour Lèvres de peu, Prix François Coppée 2016 pour Le sang le soir, Prix Paul Quéré 2017-2018, Membre de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, de la Société des Gens De Lettres, et de l’Association des Ecrivains Bretons, Sociétaire de la Sacem, Guy Allix se produit sur scène dans des récitals de poésie et chansons en France et à l’étranger.
Défaite
Soudain ce silence seul peut murmurer l'ultime détresse
Quand le corps se délite quand se démet le souvenir
Tu n'as jamais su et là pourtant tu ne sais plus
Ne viennent plus à ta bouche et sous tes doigts
Ces mots vagabonds qui fouillaient tes tripes et ton sang
En quête de cet amour niché au fond de ton mystère
Tu n'es plus que bribes tu n'es plus que haillons de voix
Mais il faut encore creuser dans le naufrage
Jusqu'à la dernière heure jusqu'au dernier souffle
Et recueillir enfin dans ce crépuscule
Cette autre voix perdue qui dirait tant
Et l'enfance même
Guy Allix
Compléments :
- La chaine YouTube de Guy Allix.
samedi 4 octobre 2025
Les Agendas de Jean Follain
Voici un livre qui m'a été précieux durant de longues années pour satisfaire ma curiosité sur une période que je n'ai pas connue et où se sont affirmés beaucoup de poètes qui me sont chers. Il s'agit des Agendas auxquels s'est confié quotidiennement, de 1926 à 1971, l'année de sa mort accidentelle, le poète Jean Follain.
Grâce à Claire Paulhan qui les a décryptés dans leur intégralité et en a ensuite choisi et réuni les meilleurs moments, nous disposons de ce témoignage exceptionnel d'un homme particulièrement sociable impliqué dans la vie littéraire de son temps dont il rend compte depuis Paris où il s'est installé dès 1924, ayant quitté sa Normandie natale.
Un ensemble de notes abondantes et détaillées éclaire le propos, il est complété par un index des personnes citées qui permet une lecture ciblée en fonction des centres d'intérêts du moment.
C'est comme membre de l'Ecole de Rochefort que j'ai d'abord approché Jean Follain, puis comme ami de Jean Paulhan et de la Nouvelle Revue Française, ensuite comme proche de Gaston Bachelard. Mais m'a intéressé aussi sa fréquentation de Max Jacob et d'André Salmon, de Fernand Marc et de la revue Sagesse. En même temps que se reconstitue le paysage - qui n'est d'ailleurs pas seulement littéraire car en sa qualité d'avocat puis de juge, Jean Follain a un regard affuté sur l'Histoire telle qu'elle est en train de s'écrire - se dessine l'itinéraire d'un auteur qui ne cède à aucune mode ou diktat idéologique pour affirmer son propre art poétique.
Ces Agendas ont été publiés en 1993, soit un peu plus de vingt ans après la mort de Jean Follain. C'est à dire que parmi ceux dont ils parlaient, plusieurs étaient encore vivants à cette date. Il y avait donc un lien possible avec le présent. Je pense par exemple à Pierre Oster (1933-2020) que j'avais plaisir à retrouver lorsque je venais à Paris et qui était lui aussi un acteur et un témoin exceptionnel de la vie poétique et littéraire parisienne et française.
Plus de cinquante années ont passé désormais depuis la mort de Jean Follain. L'activité poétique n'est plus régie par les mêmes règles, les institutions subventionnées ayant contribué à changer la donne. Le monde de Jean Follain semble bel et bien englouti et avec lui une certaine idée de la poésie, à moins que celle-ci ne continue de cheminer souterrainement dans les profondeurs de l'âme humaine où son œuvre précisément avait pris sa source.
samedi 6 septembre 2025
Un poème de Christian Bulting
Au mois d'octobre de l'année dernière, j'avais rendu compte du n° 42 de la revue Délits d'encre dans lequel Christian Bulting racontait l'aventure collective du groupe des poètes de Nantes dont il a été un des protagonistes. Je suis heureux aujourd'hui de consacrer cette chronique à sa propre poésie et écriture.
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| Photo : Michel Durigneux |
mercredi 6 août 2025
Les créations de Bertille de Baudinière
Au mois de janvier 2022, j'avais présenté le travail créateur de Bertille de Baudinière dans lequel les éléments ont une place centrale. Une exposition récente à Hyères à la Galerie de l'Atelier, dirigée par Corinne Pouget, dont il faut saluer ici la qualité et l'exigence de la programmation, m'a permis de découvrir ses dernières créations.
L'exposition de Bertille de Baudinière était consacrée à sa série PIXELS, une collaboration entre la peinture de l'artiste et la broderie points de croix d'Ayako Sahara. En complément, elle présentait une sélection des peintures de sa série RED EARTH, liée à la région à travers les ocres du Luberon.
Commençons donc avec la série PIXELS que l'artiste présente sous le titre Pixels, ou l'intelligence de la main :
| L'arbre sous le vent - Pigments, caséine sur toile de lin peint par Bertille de Baudinière et brodé aux points de croix par Ayako Sahara. Crédits photos S. Marcov. © ADAGP. |
"J’avais commencé cette série Pixels en 2000 grâce à Ayako Sahara qui avait accepté de broder aux points de croix des motifs de son choix sur de la toile de lin. Le point de croix était ma référence à la fois à l’image numérique et à l’artisanat, la main et la machine. A la suite de la broderie, je continuais le travail du point de croix à la peinture en toute liberté. Le résultat était une partition à 2 mains, des mots croisés colorés, des mondes flottants sur l’espace d’une toile. L’été 2024 j’ai retrouvé toute une pile de toiles de lin brodées aux points de croix par Ayako et que je n’avais pas utilisées. J’ai désiré achever cette série Pixels commencée en 2000 et continuer à peindre des croix sur la toile à la suite des motifs choisis par Ayako. J’ai voulu inscrire le temps qui passe, dans la course à l’intelligence artificielle, et rendre hommage à Ayako Sahara. J’ai aimé La Galerie de l’Atelier juxtaposée à L'Atelier d’un Siège à l’Autre de Corinne Pouget, tapissière et décoratrice à Hyères, car les liens entre la broderie, la tapisserie, l’artisanat et la peinture mettent en évidence l’intelligence de la main."
Pour ma part j'ai trouvé qu'enserrés dans cette trame onirique, les motifs choisis y avaient ainsi gagné une présence poétique. Désancrées du réel immédiat et des contingences qui s'y rattachent, ces œuvres en quelque sorte matricielles célébraient un monde qui ne cessait de naître sous nos yeux émerveillés.
| Exposition Pixels - Pigments, caséine peint par Bertille de Baudiniere sur toile de lin brodé aux points de croix par Ayako Sahara .2024. Crédits photo S. Marcov .© ADAGP |
| Red Earth 10 . Terre du Luberon, terre de Mikhmoret, mica rose, caséine sur toile. 80 x 80 cm. 2022. Crédits photo S. Marcov. © ADAGP |
| Green Earth 95 - Tapis tufté en laine et soie de bambou. 170 x 240 cm. 2022.crédits photo. S. Marcov.© ADAGP |
samedi 5 juillet 2025
En souvenir de Denise Boucher
Quand revient juillet, je repense à ces années heureuses où je me rendais à Lodève pour participer au festival international de poésie Les Voix de la Méditerranée. Le temps a passé et déjà quelques membres de l'équipe d'animation à laquelle j'appartenais nous ont quittés. Ainsi de Bernard Mazo en 2012, de Kolja Micevic en 2020, et de Nicole Drano en 2023. C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai appris au mois de mars dernier que Denise Boucher les avait rejoints.
Denise Boucher faisait un long voyage pour nous retrouver en terre languedocienne puisqu'elle arrivait du Québec. Sa joie de vivre, son humour, sa voix chaleureuse rendaient sa présence lumineuse et nous avions plaisir à compter parmi nous cette forte personnalité qui représentait sur nos rivages méditerranéens les Latins d'Amérique du nord. Les quelques livres que j'ai d'elle vont me permettre de la présenter.
Ce livre de poésie paru en 2002 dans lequel elle est associée à Andrée Appercelle, déjà présentée dans ce blog, a été publié dans la collection Vis-à-Vis dirigée par Claudine Bertrand. Cette collection se propose de rassembler deux voix poétiques dans un même ouvrage, l'une d'ici et l'autre d'ailleurs, invitant à un voyage intérieur dans lequel audace, passion et risque seront convoqués. J'ai choisi de reproduire le poème de Denise Boucher dont le titre est également celui de son recueil :
ACTES DE VIE
avec les oies revenues
qui figurent au ciel
les calligrammes d'Apollinaire
avec les bontés
qui mouillent dans vos yeux
et m'ancrent à vos côtés
avec le perce-neige phœnix
qui fend la contradiction blanche
pour se darder au soleil
avec le jour d'avril
qui s'allonge sur le divan
pour que l'on s'aime toujours
avec la porte enfin ouverte
d'où l'on voit le voisin
sortir son râteau
avec la débauche rappelée
qui découvre les herbes
et les corps fatigués
avec cette chaleur
qui grimpe déjà en nous
bien avant les pivoines
avec ces graines des fleurs
de l'an passé même si on me dit
qu'elle ne m'appartienne plus
je respire déjà les résurrections
Les Fées ont soif est une pièce de théâtre qui fait date dans la vie de Denise Boucher tout autant que dans l'histoire culturelle du Québec. Lorsqu'elle fut jouée pour la première fois en 1978, elle créa une véritable révolution dans les esprits et échappa de peu à la censure. Voici ce qu'en dit Lise Gauvin dans sa préface de l'édition de 1989 : "Du manifeste, Les Fées ont soif a encore et surtout l'aspect iconoclaste. Au sens propre et fort du terme. [...] Les archétypes de la Vierge, de la mère et de la putain, plus qu'un système de représentation théâtrale efficace, sont les fondements mêmes sur lesquels on s'est appuyé pour évacuer la femme de sa propre histoire et de son corps. L'originalité de la pièce a été de lier les trois images, d'en faire une trinité opérante et parlante, capable de dénoncer ses peurs, ses manques et, par-dessus tout, son état de latence. [...] A la violence des actes et des modèles, Les Fées opposent la machine désirante du je se constituant comme sujet. Et ce, au risque de l'anarchie libertaire."
dimanche 1 juin 2025
Un poème d'Arta Seiti
Voici un poème qui trouve une résonnance particulière dans ce blog puisqu'il fait référence au Garlaban qui a tant compté dans mon aventure poétique. Je suis heureux qu'Arta Seiti, qui se partage entre Paris et la Provence, ait pensé à me le proposer. Tout en célébrant ce sommet si cher à Marcel Pagnol, il va nous permettre de découvrir une nouvelle voix de la poésie d'aujourd'hui.
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| Arta Seiti |
Devant le Garlaban
Parmi
le paysage de garrigue
Et les roches bleues de Pagnol
À
travers l’émoi du thym odorant
Du chant des cigales
Du corps
vert des vallons
Garlaban jette à la nature ingénue
L’excès
d’une tour embaumée d’amour
De sacrifice et de grâce
Garlaban
semble sourire à sa fête
Sous les pins d’Alep
Entouré de
bourgeons rouges d’églantiers
Garlaban court sous les chênes
pubescents
Garlaban forme des vœux tendres
Garlaban
promène son œil jusqu’à
la Méditerranée
Vole et
vient
Garlaban étend sous mes pieds une terre
Caressée de
fenouil et de menthe
Garlaban met sur ma tête
Un ciel
d’astres
Garlaban verse à mes yeux
Un vent doux et
fidèle
Garlaban !
Nous adonnons-nous
À un élan lavé de
la rosée de ce matin ?
Arta Seiti
Complément :
samedi 3 mai 2025
Le nouveau recueil de Monique Marta
Nous avons déjà présenté dans ce blog l'itinéraire poétique et spirituel de Monique Marta et rendu compte de ses parutions. Le dernier ouvrage dont nous avions parlé concernait un essai sur le silence. Le recueil de poésie dont il est question aujourd'hui et qui s'intitule L'Opacité du ciel le prolonge en même temps qu'il l'englobe dans une quête plus large.
mercredi 2 avril 2025
Georges Pompidou et la poésie
En ce jour anniversaire de sa mort, le 2 avril 1974, je voudrais rendre hommage à Georges Pompidou au travers de sa passion pour la poésie. J'associe à cet hommage, son fils, le Professeur Alain Pompidou dont le décès en décembre dernier nous a plongé dans la peine. C'est grâce à lui que j'avais pu faire paraître en 2016, mon essai intitulé Georges Pompidou, un président passionné de poésie.
Je souhaiterais aujourd'hui l'accompagner de documents sonores qui permettront de saisir plus profondément encore la connaissance qu'avait Georges Pompidou des poètes et de leurs œuvres.
Le premier document concerne son intervention dans un colloque à Nice en mai 1967 pour le centième anniversaire de la mort de Charles Baudelaire. Georges Pompidou est alors Premier ministre de la France et a tenu à honorer de sa présence une manifestation consacrée à son poète de prédilection.
Intervention de Georges Pompidou
Le deuxième document nous donne à entendre une soirée organisée le 28 avril 1969 à la Comédie-Française sur le thème "Poésie et Politique". Georges Pompidou l'avait préparée avec Jacques Toja dans une période où il en avait toute la disponibilité. Il n'était en effet plus Premier ministre depuis le 10 juillet 1968 et pas encore Président de la République. Mais la veille de cette soirée, Charles de Gaulle, se sentant désavoué par les résultats du Référendum qu'il avait proposé aux Français sur "le projet de loi relatif à la création de régions et à la rénovation du Sénat" avait démissionné de ses fonctions. Si bien que la priorité était pour Georges Pompidou de se préparer sans attendre à prendre sa succession et de présenter sa candidature à l'élection présidentielle qui allait découler de cette vacance du pouvoir. Il ne put donc participer à cette soirée et livrer en introduction le fruit de ses réflexions sur les relations qui existent entre la poésie et la politique. C'est Jacques Toja qui lira son texte.
Ce texte est connu. Le Professeur Alain Pompidou m'avait même autorisé à le reproduire à la fin de mon essai. Ce qui est moins connu, car il n'y en avait pas à ma connaissance la trace écrite, c'est la sélection de poèmes qui suivit et que les comédiens du Théâtre-Français mirent remarquablement en valeur. Ce choix fait écho à l'Anthologie de la poésie française que Georges Pompidou publia en 1961. On y retrouve la même exigence de qualité, de donner à entendre ce que la langue française peut créer de meilleur, en y incluant cette fois un poète vivant, Louis Aragon en l'occurrence, ce que n'avait pas fait l'anthologie qui s'était fixé pour règle de ne parler que de poètes disparus.
Mais jugeons par nous-mêmes et prenons plaisir à revivre ce moment de poésie désormais historique :
samedi 1 mars 2025
En souvenir de Michèle Serre
C'est avec une très grande tristesse que j'ai appris l'été dernier par son mari, le peintre Pierre Sentenac, la disparition de Michèle Serre. Une même conception de la poésie nous avait rapprochés et avait créé entre nous de solides liens d'amitié. Ils avaient débouché sur la participation de Michèle à ce blog que je vais rappeler aujourd'hui.
samedi 1 février 2025
Un poème d'Ann Cefola
Il y a exactement cinq ans j'accueillais dans ce blog Ann Cefola qui nous faisait partager un peu de son parcours poétique du côté de New York. Ann Cefola a depuis continué son chemin et fait paraître When the Pilotless Plane Arrives (Trainwreck Press, 2021). Elle a de même traduit du français un livre d'Hélène Sanguinetti paru sous le titre Alparegho, like nothing else (Beautiful Days Press, 2025). D'autres encore de ses traductions ont été publiées dans Circumference, Exacting Clam, Hunger Mountain, et twotwoonenyc. On pourra par ailleurs trouver sa poésie la plus récente dans des revues comme Blood and Bourbon (Canada), Hawaii Pacific Review, et Women’s Studies Quarterly, ainsi que dans les anthologies Duo (Linen Press, 2024), All Shall Be Well (Amethyst Review, 2023), I Wanna Be Loved by You (Milk & Cake Press, 2022), Poets Echoes and Tributes (ArsOmnia Press, 2021), Brought to Sight and Swept Away (Vita Brevis Press, 2021), Verdant (Truth Serum Press, 2020), ou Mother Mary Comes to Me (Madville Publishing, 2020).
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| Ann Cefola devant un train d'époque à North Conway, dans le New Hampshire, automne 2024. |
Je suis heureux aujourd'hui de présenter un de ses poèmes :
Wildlife
This morning wild turkeys like a string
of black pearls break across my ochre lawn,
a dozen, little, wise enough to lift in gobbles to low poplars
as a coyote pup—all inked face and tail—emerges from
a mulberry bush, stunned by the sight of the brown orange tribe
but spurred by easier rodent scents to sun-shadowed pine depths,
returning elders to peck, serenely gather their young
whom I’d love to follow single-file up the empty stream—
a last poult, belly full, eager to one day spread
my autumnal fan—but I am already with the awed coyote
racing the wood’s hungry heart.
Vie sauvage
Ce matin, des dindes sauvages, comme un chapelet
de perles brunes, traversent l'ocre de ma pelouse,
une douzaine, petites, assez sages pour se soulever en gloussant
[ jusqu'aux peupliers
alors qu'un jeune coyote—le visage et la queue encrés de noir—émerge
du buisson d'un mûrier, abasourdi à la vue de la tribu marron-orange
mais stimulé par les odeurs de rongeurs plus faciles à sentir
jusqu'aux profondeurs des pins traversés par le soleil,
retour des aînées pour picorer et rassembler sereinement leurs petits
que j'aimerais suivre en file indienne dans le lit du ruisseau vide—
une dernière volaille, le ventre plein, j'ai hâte de déployer un jour
mon éventail d'automne—mais je fais déjà la course
avec le coyote étonné dans le coeur affamé de la forêt.
Ann Cefola
(Traduction de Jean-Luc Pouliquen)
mardi 7 janvier 2025
Les fantômes de Franz Kafka, Nâzim Hikmet et Samuel Beckett
Nous commençons l'année, comme nous avions terminé la précédente, en présentant un livre de la collection regards turcs. Et là encore, avec une pièce de théâtre, l'auteure étant la directrice de la collection elle-même, Sevgi Türker-Terlemez.











