Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 22 décembre 2012

Chemins ouverts sur la poésie occitane

Souvent à l'honneur dans ce blog, la poésie occitane l'est aussi dans de nombreuses parutions grâce au travail obstiné de quelques revues et éditeurs qui s'emploient avec succès à montrer que celle-ci continue à avancer et à offrir des œuvres qui nous touchent. Parmi les revues qui jouent le rôle de découvreur et de promotion de la poésie occitane, nous avons eu l'occasion de présenter la revue OC. Pour ce qui concerne les éditeurs, nous avons déjà salué Jean-Paul Creissac et les éditions Jorn. Nous voudrions aujourd'hui rendre hommage à Jean Eygun au travers de la magnifique anthologie bilingue de la poésie occitane contemporaine Camins dubèrts qu'il a réalisée et fait paraître à l'enseigne de letras d'òc la maison d'édition qu'il dirige.


Le livre qui compte 334 pages et propose des textes de quarante et un poètes appartenant à quatre, voire cinq générations différentes (le plus ancien, Sully-André Peyre est né en 1890, la plus jeune Aurélia Lassaque est née en 1983) s'ouvre par une longue préface en Oc de Jean Eygun qui précise dans quel esprit cette anthologie a été réalisée, en même temps qu'elle offre une vue panoramique sur la situation contemporaine.
Pour l'esprit, saluons d'emblée la volonté de Jean Eygun de rendre compte de la diversité de la poésie d'Oc en évoquant avec équité les différents foyers qui l'ont portée et donc les différentes options choisies sur le plan de la graphie et de l'esthétique. Ce respect se traduit dans le livre par la présentation des poèmes dans la graphie où ils ont été écrits (mistralienne ou occitane). Il permet ainsi de revivre sous différents angles cette aventure de création que la géographie et l'histoire ont sans cesse façonnée favorisant son profond renouvellement. Intéressante est la mise en valeur par Jean Eygun de l'Espagne comme source d'influence. Machado, Lorca, la forme poétique du romance, ont marqué plus d'un poète occitan, de Jean Boudou à Robert Allan, en passant par Max Rouquette, Henry Espieux ou encore Jean-Marie Petit. Bien que situées sur le territoire français, les terres d'Oc sont aussi sensibles à leur voisin immédiat dont elles savent accueillir le génie poétique. Celles-ci ne font pas non plus l'économie de l'histoire ce que montre bien la génération des années 70 sensible aux remises en cause qui traversaient à cette période la société, la culture et l'expression poétique. Roland Pecout et Jean-Luc Sauvaigo en sont la preuve manifeste.
En fin connaisseur, Jean Eygun a su pour chaque poète retenu, choisir dans son œuvre un ou plusieurs poèmes particulièrement parlant et chaque pièce est à apprécier, savourer, goûter pour elle-même indépendamment de l'ensemble. Cette anthologie est un ouvrage de référence dans lequel il faudra puiser et puiser encore.
J'ai été personnellement heureux d'y trouver tous les poètes que j'avais édités aux Cahiers de Garlaban : Robert Allan, Serge Bec, Charles Galtier, Fernand Moutet, André Resplandin et Yves Rouquette. Mais aussi beaucoup d'autres dont ce blog a déjà parlés : Frédéric Figeac, Robert Lafont, Aurélia Lassaque, Jean-Marie Petit, Max Rouquette ou encore Jean-Luc Sauvaigo sans compter tous les autres comme Claudio Salvagno par exemple.
Une belle photo de famille en somme !

Jean-Luc Pouliquen

- Le livre sur le site de l'éditeur


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