Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 29 avril 2017

Istanbul/Paris avec Sevgi Türker-Terlemez - IV

Voici pour terminer cette séquence qui a montré le rôle de passeur joué par Sevgi Türker-Terlemez entre les cultures turque et française, la présentation de Lettres d'Istanbul / rive européenne de Mustafa Balel qu'elle a traduit en français. Nous nous rappelons que Mustafa Balel a été le traducteur dans notre langue de Ayten Mutlu pour Les Yeux d'Istanbul, qu'il a soutenu Sevgi pour sa traduction de L'image de l'univers de Behçet Necatigil, rajoutons qu'il a traduit en turc de grands auteurs comme Michel Tournier, Jorge Semprun ou encore Panaït Istrati. Cette fois, il s'en est remis à une amie qui partage la même passion que lui pour sa ville pour nous la faire découvrir au travers du français. Le livre était paru en turc en 2009, il a bénéficié pour sa publication en France du soutien financier du ministère de la Culture et du Tourisme de son pays.


Bernard Benech  qui a préfacé le livre, nous en donne d'emblée l'esprit : "Ce que produit la lecture des lettres d’Istanbul dont l’écriture se situe à la frontière du journal de voyage et de la confidence épistolaire, est avant tout l’accueil de l’autre en ce qu’il a de différent. L’écrivain en visite dans l’esprit de son personnage adhère à son vécu comme s’il s’agissait de lui-même, le laissant libre de ses mouvements, mais tenant toutefois les fils de son aventure." et Sevgi dans l'introduction qui suit nous précise le propos : "François prend des notes sur les édifices, les marchés (couverts, ouverts, marché aux épices) les coutumes des stambouliotes. Il les transmet, par des lettres  et avec une émotion authentique, à son amie Claire, demeurant en France et travaillant sur un film documentaire dont on ne connaît pas bien la nature. François (le narrateur) décrit İstanbul – ville-monde des historiens et géographes, ville-muse des hommes de lettres et des artistes, ville-carrefour des cultures et des continents – avec la même finesse qu’Evliya Çelebi, le célèbre voyageur de l’Empire ottoman du XVIIe siècle."

Mustafa Balel (Photographie de Kadir Incesu)

 Voici un court extrait qui nous fait entrer avec précision dans la magie d'Istanbul (quand la ville est apaisée) que Mustafa Balel et sa traductrice ont eu à cœur de nous faire partager : "Tevfik Fikret m’a proposé de prendre un verre de çay dans le jardin du thé, de l’autre côté  de la place, derrière lequel se trouvait un gros bâtiment qui serait le Palais de Justice. Proposition acceptée, nous nous sommes mis à une table. Nous avons bu du sirop de griottes tout en contemplant la Mosquée de Sultanahmet qui restait de l’autre côté de l’espace pelouse situé au milieu de la place. La Mosquée Bleue, ornée d’un dôme élégant et  de six minarets élancés, illustrant les pages des encyclopédies et calendriers, était splendide. Tevfik Fikret aurait désiré que nous fassions une petite promenade dans les allées qui contournaient l’espace pelouse où les touristes étaient encerclés par les vendeurs de pamuk helva (barbe à papa) et de kestane kebap (marrons grillés), dans des costumes folkloriques. Vois-tu, je te donne certains mots turcs dont tu auras certainement besoin. On ne sait jamais… C’était très agréable de voir, parmi eux, des vendeurs de şerbet (sorbet  à base d’eau et d’un jus de fruit sucré) se promener comme des artistes de cirque, se donner l’air d’être filmés (par une circonstance hasardeuse de caméra cachée) avec leurs güğüm (brocs) aux épaules et des verres longs à sorbet (şerbet bardağı) qu’ils faisaient cliqueter entre leurs doigts. Leur façon de pencher légèrement leur épaule, à l’approche de chaque client, afin de verser le şerbet du broc au verre, était spectaculaire. "

Compléments :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire