Ce film est un documentaire très poétique, une merveille, un vrai cadeau, comme pour nous encourager à reprendre la vie par le haut. Il nous fait découvrir l’œuvre et un peu l’existence - son quotidien et tout son temps dédié à la poésie - de Manoel de Barros, poète du Mato Grosso. Pour lui, l’inspiration n’existe pas. Il explique qu’il faut toujours travailler les mots afin de créer un sens nouveau. Il nous dit que les paroles doivent être brossées comme les archéologues brossent les os, que la poésie n’est pas faite pour être comprise mais pour être découverte. Si les mensonges sont le contraire de ce qui est vrai, les inventions verbales à l’inverse sont là pour donner de l’ampleur à l’esprit ou à la pensée. C'est le sens du titre. "Si dix pour cent est mensonge, cela ne signifie pas que quatre-vingt dix pour cent est vrai, non le reste est invention" nous explique dans le film Manoel de Barros, ce qui provoque le rire dans la salle. Des témoignages d’autres poètes, de gens du théâtre, de personnes qui l’ont découvert par l’image et qui ont été complètement séduites par ses poèmes, entourent les propres paroles du poète. Moi-même je me suis sentie ignorante de n’avoir jamais entendu parler de lui auparavant et j'ai eu le même sentiment que Adriana Falcão, cette actrice et écrivaine, qui a dit dans le film qu’elle avait l’impression de l’avoir découvert très tard. Elle aurait bien aimé le lire avant pour tout ce qu’il lui avait apporté depuis. Personnellement, je me suis sentie en correspondance avec Manoel de Barros lorsqu’il a parlé de son enfance à la ferme, en précisant que là était la source de ce qu’il avait développé plus tard dans son œuvre. Pour lui, les enfants sont les meilleurs poètes, à l’état naturel. Quand son fils était petit, il l’asseyait sur ses genoux et prenait des notes en lui parlant. Je pense que pour pouvoir écrire encore à l’âge adulte un vers comme : a borboleta é a cor que voa / le papillon c'est de la couleur qui vole, il faut avoir réussi ce prodige d’avoir conservé son esprit d’enfance.
Cristina Moura
Complément :
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