Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 27 avril 2013

Collages de Ghislaine Lejard - IV

Nous terminons ce mois consacré à Ghislaine Lejard avec quatre collages en noir et blanc accompagnés de tercets inédits, réunissant ainsi dans une même séquence l'artiste et la poète.


Sous le voile la mélancolie
explique la rareté des questions
et la crainte de l’oubli.


Fenêtre grande ouverte, l’attente
entre ombre et lumière
derrière la grille des souvenirs.


En noir et blanc
une calligraphie de silence
dit le jardin du secret.



Le pinceau du lettré
dessine le vent
ineffable plénitude.

(Collages et textes de Ghislaine Lejard)

samedi 20 avril 2013

Collages de Ghislaine Lejard - III

Avec cette nouvelle séquence, maintenant que nous avons déjà un peu cheminé avec ses créations, Ghislaine Lejard nous donne quelques clefs pour mieux comprendre et apprécier toutes les richesses contenues dans l'art du collage.

Sans titre

Le collage,  un art de l’éphémère
Faire un art de l’éphémère avec les matériaux ordinaires du quotidien.
Une œuvre qui veut durer, s’accroche pathétiquement à l’immortel, or, tout passe : la mort est toujours présente.
Par le matériau usuel, banal, rendre le quotidien plus beau, c’est faire un pied de nez au mortel, juste pour un bref moment l’ordinaire devient art.
L’objet est transcendé, métamorphosé pour un temps, un instant seulement ; car, l’œuvre fait de rien, périssable comme nous, nous est proche, nous parle un langage connu.

Texte paru en 2005 dans le N° 25 Revue Signes
   ( 31 poètes du pays nantais et alentour )

Les 2 M



Créer, jouer, coller, retrouver son âme d’enfant,
 Déchirer des papiers, chercher des couleurs, regrouper des morceaux,
 Assembler comme pour un puzzle  et voir
 S’élaborer une image qui toujours surprend.
 S’approprier des éléments épars,  supprimer, garder,  comme pour un « cut up » imagé,
 S’étonner comme l’enfant devant la découverte de ses premiers dessins, et surtout
 Se laisser guider de façon instinctive, intuitive.

 Curieusement découvrir au fil des collages des thèmes qui rejoignent mes centres d’intérêt ;    les villes, les voyages, les livres, l’écriture…En filigranes, des rencontres littéraires ou artistiques comme dans ce collage où apparaissent des fragments d’un tableau de Max Ernst et d’un tableau de Miro, l’un d’eux fut le point de départ de ce collage. 


Texte et collage extraits de Les techniques de l’art du collage éd Pierre-Jean Varet

Au pied du mur l'espoir

Ce jour-là, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, un vent de liberté a soufflé ; le mur de Berlin en écho au recueil de Jiri Kolar «  Les pierres ont commencé à revivre ».
Ce collage a été élaboré en pensant au journal que l’artiste a tenu, il se veut dans le prolongement des « collages-événements » qu’il a réalisés pendant le printemps de Prague.
Le collagiste écrit l’événement, raconte l’Histoire comme le poète ou l’écrivain.
Ce collage est un hommage au collagiste et  au poète Jiri Kolar…

 
 Collage et extrait du texte paru dans : la liberté est un collage, hommage à Jiri Kolar éd Pierre-Jean Varet

Complément : 
-Le dictionnaire des collagistes contemporains

samedi 13 avril 2013

Collages de Ghislaine Lejard - II

Continuons aujourd'hui à découvrir les collages que Ghislaine Lejard a dédié au thème de la fenêtre. Ils vont nous permettre en même temps un approfondissement de son art.


Voici comment Éric Simon entrevoit la relation de ces collages avec les mots. Il écrit :
"Entre les formes du collage et les mots qu’on écrit s’établit un lien toujours renaissant. Les formes créées ou révélées par l’artiste collagiste entrent en dialogue avec les formes du verbe.
Ghislaine Lejard, qui est poète et collagiste, fait doublement cette expérience d’échos et de réponses entre les formes. Pourtant on sent bien que ces deux expériences distinctes entretiennent des rapports privilégiés. Leur dialogue est particulièrement enrichissant, l’esprit se trouve stimulé de façon incomparable, l’espace des mots semble tout à coup ouvrir sur d’autres zones que celle du langage, qui cependant semblent propres à les nourrir ou les irradier. Et les mots eux-mêmes contribuent aux accents visibles d’apparition du collage, non à son élucidation, car si le collage semble un miroir ouvert, son énigme ou son mystère lui demeure en profonde appartenance. On ne peut pas le dessaisir de son âme. Mais on peut y plonger la sienne toute."
                                                              

De son côté l'artiste elle-même dit :
 "Le collage est poème silencieux, le poème : Lecture silencieuse , traduit bien avec des mots cette dialectique recherchée , le lecteur étant lui aussi hors du livre et pourtant  « dans » le livre…"


Voici le poème :

Lecture silencieuse
de l’homme assis
devant la fenêtre
la lumière en équilibre
éclaire son visage
au loin le paysage
ouvre l’espace
laisse entrevoir le vol de l’oiseau
la page tournée
le livre se referme.


Ghislaine Lejard Sous le carré bleu du ciel (éd Henry)


samedi 6 avril 2013

Collages de Ghislaine Lejard

Nous continuons ce mois d'avril nos expositions virtuelles. La précédente était consacrée à Roselyne Camelio. Nous accueillons aujourd'hui Ghislaine Lejard. Après des études à la faculté des lettres de Nantes,  Ghislaine Lejard a enseigné en collège et en lycée,  elle a  été aussi chargée d’enseignement à l’Université de Nantes. Nous nous attarderons sur ses collages. Elle en crée depuis plus de 20 ans et les a déjà présentés dans plusieurs expositions personnelles et collectives. Ses collages ont également illustré des  recueils de poésie. Ghislaine Lejard est d'ailleurs elle-même poète et a publié plusieurs recueils. Elle a de même fait paraître des poèmes et recensions dans de nombreuses revues et anthologies. Elle est membre de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire ainsi que de l’AEB  (Association des Écrivains Bretons).

Fleurs de galets

"Mon travail est un aller retour entre les mots et les images, deux  facettes d’une même expression poétique, elles sont dans ma démarche complémentaires. Je ressens bien le collage comme  poème visuel  ou comme « poème concret, évident » selon l’expression du collagiste et poète Jiri Kolar" nous dit l'artiste.

L'arbre en feu

Parmi ses nombreuses créations, Ghislaine Lejard a choisi de nous faire partager celles qu'elle a consacrées au thème de la fenêtre, thème qui lui a permis de jouer sur la dialectique intérieur/extérieur ou dedans/dehors. Ils ont été pour la plupart réalisés sur papier et cartons toilés.

Dedans-dehors

Complément :
- Le site de l'artiste : ghislainelejard.blogspot.com