Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 30 novembre 2013

Un bout de chemin avec Andrea Genovese - V

Nous terminons ce mois en compagnie d'Andrea Genovese, en évoquant quelques unes de ses pièces qui ont été jouées à Lyon la ville où il réside depuis 1981. Nous continuons ainsi, comme nous l'avons déjà fait avec Charles Galtier et Hasan Erkek, à montrer les liens étroits qui ont toujours existé entre la poésie et le théâtre.


"La Compagnie LE FORUM a le plaisir de vous inviter à découvrir la pièce d'Andrea GENOVESE dans laquelle, avec une désinvolture qui dépasse sa manière sicilienne, il nous fait un exposé mélo-tragico-comique de sa vision très singulière du monde d'aujourd'hui et ses controverses, ses cruauté et ses intérêts.
En effet, dans sa pièce BECQUEREVES 89,  Andrea Genovese, à travers l'histoire d'un personnage simple d'un village sans importance nous fait vivre la drame auquel chacun de nous désormais est exposé aujourd'hui, puisque nous devons tous, d'une manière ou d'une autre, souffrir les conséquences de notre avancée technologique ou "scientifique".
Parler sur le nucléaire ou la recherche contre le cancer ou le sida est chose commune aujourd'hui, ce qui l'est moins, c'est de parler de la manière dont Andrea Genovese l'a fait, c'est-à-dire avec une violence comique, tragique et mélo à la fois" écrivait Angelo AYBAR en 1990.


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 La pièce était présentée ainsi : " Une jeune femme raconte... souvenir lointain, rêve éveillé ou simple délire ? De la cale au pont d'un bateau, quatre personnages se croisent, se scrutent, s'apprivoisent. La narratrice, dernière arrivée à bord, pénètre avec curiosité et inquiétude dans un huis-clos insolite.
Entre fantaisie, mythologie et histoire déformée, , une rêverie poétique intimiste et amusante où toute tentative d'explication rationnelle est vouée à l'échec.
Avec cet étrange "paradoxe du comédien", Andrea Genovese nous livre un nouveau témoignage de sa créativité littéraire et de son univers drôle et féérique".

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Cette pièce a été jouée dès 1996 : "Une ribambelle de personnages loufoques se réunissant à l'Aquarium Paroissial, dans une atmosphère de frénésie artistique, à l'occasion du vernissage de la bitte sculptée par Jean de la Croix-Rousse.
Ce "mystère religieux", dont l'histoire peut se passer dans n'importe quelle ville "internatiobanale" de l'hexagone, est un pamphlet délirant sur la vie culturelle française, une satire drôle et amère des institutions et des créateurs dans la ronde des subventions et des renvois d’ascenseurs".

Voici ce qu'en a dit la Presse :

" Il y a dans cette écriture une qualité de prononciation qui relève de la tradition humaniste, comme celle que connut Lyon en ses belles heures, quand les artistes imprimeurs et poètes osaient faire ce qu'ils pensaient devoir faire : il y a chez Genovese du Dolet, du Gryphe (acéré), de la Belle Cordière et surtout du Rabelais. Rire, drôlerie et invention verbale inépuisable " (Judith Malla, Lyon-Off)

"La vie de Paroisse ? Délicieusement épouvantable. Une talentueuse fête des mots qui dit l'interdiction de toute parole qui ne soit bénie... Un poème scatologique et eschatologique que décrypteront avec délices les paroissiens fidèles" (Marielle Créac'h, Lyon Poche)

" Une fable satirique. Un pamphlet envoyé à la face bouffie de nos décideurs" (Nicolas Blondeau, l'Extraordinaire)

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Ces quelques éléments ne sauraient rendre compte de toute la production théâtrale d'Andrea Genovese, dont on trouvera la bibliographie complète sur la page Wikipedia qui le concerne. C'est à cinquante-deux ans qu'il s'est lancé dans cette aventure à propos de laquelle il racontait dans un article de Lyon-Figaro paru le jeudi 23 mars 1989 : " Ça n'a pas été difficile. D'ailleurs, ça s'est fait un peu par hasard. Je suis né à Messine. Comme tout mes compatriotes, j'ai un tempérament théâtral, la tragédie dans le sang. Un des fondateurs du théâtre moderne n'est-il pas Pirandello ?"






samedi 23 novembre 2013

Un bout de chemin avec Andrea Genovese - IV

La trilogie romanesque et autobiographique d'Andrea Genovese composée de Falce marina, L’anfiteatro di Nettuno et  Lo specchio di Morgana, n'est pour l'instant accessible qu'en italien. Voici toutefois quelques extraits traduits en français, par Vanessa Del Pizzol que nous remercions, d'articles rendant compte de la sortie de Falce marina.


Faux Marine est un « Manège » de souvenirs, d’images et de poésie. De vie quotidienne, de petits et grands événements historiques, de personnages et de robes à fleurs qui apparaissent et disparaissent devant les yeux d’un enfant de l’après-guerre dans la banlieue de Messine, où la vie n’est pas facile, où l’eau est encore un bien précieux qu’on ne gâche pas, même pour se laver la figure une fois par jour, où trouver des escargots est source de joie parce que, au moins, on ne mourra pas de faim.
En lisant le roman on a la sensation que le récit des événements (des tableaux qui, à y regarder de plus près, semblent révéler jusqu’aux odeurs et aux sonorités) est effectué par deux personnes : l’écrivain Genovese et le jeune Andrea. En avançant dans l’histoire, on se rend compte que c’est chose normale car, comme l’auteur lui-même l’admet, il y a toujours eu en lui deux personnes cohabitant en un « dédoublement », « un enfant […] et un autre personnage fuyant qui s’était invité de lui-même ». Le premier raconte ce qu’il a vécu de nombreuses années auparavant, comme s’il le revivait, mais de manière différente, avec un regard critique et très souvent sarcastique, qui nous livre la chronique du quotidien d’individus qui « vivent au jour le jour », de petits et grands personnages qui peuplent Giostra, nous offrant des moments de divertissement semblables à ceux de notre propre enfance.
Un petit monde qui n’existe plus désormais ailleurs que dans nos souvenirs et la nostalgie d’un temps ancien qui revit sous de nouvelles formes, de nouveaux parfums, tourbillonnant comme un manège qui n’en finit plus de nous étonner et de nous rappeler comment c’était avant. Et il y a cette conscience que ce petit monde est ouvert mais dans le même temps fermé, parce que « car je vivais en deçà de cette haie qui du plus lointain horizon, cache au regard une telle étendue ». Genovese, dans son roman, mélange avec grâce et maestria des termes siciliens avec des mots aux nuances étrangères et des signes littéraux qui créent un langage nouveau, linéaire et fluide tout à la fois.

Samantha Giambarresi
(Article publié dans la revue LUNARIONUOVO, nouvelle série n°17 – novembre 2006, p.10)

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 Toutefois, il me semble que la raison essentielle qui me fait dire que l’œuvre de Genovese est une œuvre de valeur, réside dans la capacité de l’auteur-narrateur à enchâsser ces histoires minimales (en apparence seulement) dans une histoire plus grande, dont les reflets transcendent la reconstitution spatiale et temporelle d’un quartier de banlieue d’une ville de banlieue pour adopter les contours vagues des événements de l’histoire nationale et mondiale vus tantôt à travers la loupe déformante et étrangère de l’ignorance, du besoin, de l’éloignement, des yeux d’un enfant, qui lentement s’ouvrent sur le monde et sur la scène de la vie, tantôt de l’écrivain désenchanté qui ressent faits, événements, idées, comme une « chaleur de flamme lointaine » avec malgré tout la rage contenue de celui qui a vu et voit encore aujourd’hui des hommes et des femmes peupler les rues des marges non seulement de son sol natal mais  du monde entier, enfermés dans le besoin et l’ignorance.
S’ajoute la capacité de Genovese à insuffler vie à ses pages et à son récit en élevant dans l’univers épique du quotidien ce qui pourrait sembler faible, éphémère, infantile, court, énorme, voire désespéré, en un mot tout ce qui définit la vie de la communauté du quartier Giostra, nombril paradigmatique du monde, avec ses lois et ses codes d’honneur non  écrits.

Orazio Nastasi
(ASIS News Année V numéro 22 – 25 décembre 2006)

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Poursuivons la présentation de cette trilogie romanesque par un reportage tourné à Messine lorsque Andrea Genovese est venu y présenter Lo specchio di Morgana en décembre 2011.



A ce même moment un colloque intitulé La Magnolia Perduta ( Le Magnolia Perdu ) a été consacré à son œuvre à l'Université de Messine avec pour intervenants : les professeurs d‘Université Vincenzo Fera, Santi Fedele, Cosimo Cucinotta, Mario Bolognari, Antonino Velez, Giorgio Forni, Maria Gabriella Adamo, Salvatore Trovato, le metteur en scène Gianni Fortunato Pisani, l’éditeur français Andrea Iacovella.

Complément :

samedi 16 novembre 2013

Un bout de chemin avec Andrea Genovese - III

Nous nous attardons aujourd'hui sur l'activité de romancier d'Andrea Genovese en présentant celui de ses romans qui a été traduit et publié pour l'instant en France. Il s'agit de Croissant de lune faucon et marteau paru aux éditions La Rumeur libre en 2011. Voici ce qu'en écrivait Vanessa Del Pizzol dans le n° 225 de la revue Traduire.

Ce roman d’« anticipation », écrit au milieu des années soixante-dix, publié en Italie en 1983, a paru dans sa traduction française en janvier de cette année. Par une singulière conjoncture historique, le sujet abordé dans cette fiction – une guerre de sécession entre le Nord et le Sud de l’Italie – a des résonances d’une actualité confondante. Il suffira de rappeler que l’année 2011 est celle du 150e anniversaire de l’Unité Italienne, un anniversaire controversé, à l’aune d’une géopolitique dominée par des tentations indépendantistes (l’une des plus visibles et des mieux organisées restant celle que prône la Ligue du Nord) opposant le Nord au Sud. Croissant de lune faucon et marteau, en ce sens, propose aux lecteurs d’aujourd’hui une vision qui va bien au-delà des frontières de la « botte italienne ». L’Europe elle-même se voit confrontée à ce type de tensions dans différents pays, que l’actualité ne cesse d’illustrer.

Outre le caractère visionnaire de ce roman, on est frappé par la puissance des sentiments et des interrogations qui traversent le protagoniste. Vanni, reporter de guerre quinquagénaire, parcourt l’Italie du centre (poumon écologique et maquis) vers le Sud pour rendre compte de l’affrontement violent entre la nouvelle « République Populaire » et la « vieille République Parlementaire ». Cette mission d’information, il l’accomplit tant bien que mal, sur le fil de ses doutes et de ses émotions. Son périple le mène du nord de la péninsule jusqu’à l’extrême sud, par un retour symbolique à ses racines siciliennes. Le regard qu’il porte au début du roman sur la nouvelle configuration souhaitée par les révolutionnaires lui paraît pour le moins hasardeuse : « la République Populaire devait s’en tenir, de manière réaliste, à ses frontières naturelles, historiques et culturelles ».
 Le conflit militaire dont certains épisodes s’avèrent particulièrement sanglants fait resurgir une question fondamentale, celle de l’identité nationale : « il s’agissait de l’identité d’un peuple, une identité nationale à réaliser après des décennies de rhétorique, d’exploitation, d’émigration, de corruption, de clientélisme, de mafia ».
 Une identité nationale que Vanni envisage comme une absurdité :« Nous n’avons rien en commun avec les Nordistes. Ni l’histoire, ni la culture. Nous sommes deux peuples différents. Il n’y a pas de cohabitation possible ».

Tout, dans le roman, tourne autour de cette déchirure insurmontable. Qu’il s’agisse de l’engagement des puissances extérieures (Europe et États-Unis d’un côté, Afrique de l’autre) se calquant sur le schéma bien ancré d’une Italie du Nord riche et européenne vers un sud sous-développé dans son économie et ses infrastructures ou bien, sur un plan individuel, des aventures amoureuses de Vanni qui le conduisent d’Angela et Tina, deux italiennes du Nord (la première, militante comme lui, et la seconde, âgée de 16 ans, rencontrée par hasard dans un car) à Zeudj, journaliste libyenne (sorte d’alter ego intellectuel) avec laquelle il noue une brève mais intense relation à Palerme. Cette dernière représente le rêve africain, la seule issue possible pour Vanni pris dans un conflit identitaire fort entre son statut d’intellectuel et un eros décuplé par la guerre, mais également pour une Europe exsangue, tant sur le plan économique que culturel :

"L’homme occidental, l’homme grec, était toujours aux prises avec son défi de titan lancé aux dieux. Même si Zeudi n’était pas le bon sauvage, elle représentait néanmoins une nouvelle phase, une ligne parallèle de l’évolution humaine. Intègre dans ses structures mentales, l’Afrique préparait en sourdine son hégémonie sur l’Europe, pauvre mendiante de pétrole, que le lent étranglement de l’industrie repoussait vers un nouveau et plus atroce âge de la pierre."

Croissant de lune faucon et marteau
, outre la réflexion qu’il propose sur l’Italie contemporaine et son identité nationale, sérieusement mise à mal ces derniers temps, s’attache notamment à redéfinir une certaine vision de la littérature et des armes dont elle dispose dans un contexte (celui de la guerre telle que l’auteur choisit de la mettre en scène ici) qui exige de la population un positionnement, un engagement. L’engagement, tel est le maître mot qui définit cette première œuvre romanesque livrée à la publication et qui augure de belle manière l’ampleur de l’écriture narrative et biographique dans laquelle l’auteur s’est plongé par la suite, donnant naissance à une suite de romans qui retracent un parcours littéraire et humain particulièrement dense. Le souffle romanesque, l’existence d’un véritable style qui s’abreuve à la poésie, au théâtre et au journalisme, définissant un geste d’écriture ambitieux, sans oublier le questionnement philosophique et politique sur la place de l’homme dans la société, son rapport avec la nature, le rôle de l’Église catholique, ne pourront qu’emporter le lecteur au fil des pages.

L’intérêt de ce roman réside enfin dans le travail de traduction mené tambour battant par le traducteur, Andrea Iacovella, qui est également un ami de longue date et l’éditeur de l’auteur. Italien d’origine maîtrisant parfaitement l’italien et le français, engagé lui aussi dans la littérature (italienne), poète à ses heures, il a voulu faire entrer Croissant de lune faucon et marteau dans le cercle du lectorat français en offrant un rendu du style remarquable, compte tenu des traits caractéristiques de la plume de Genovese (dialecte sicilien, création de mots, références latines et grecques, mélange d’ironie cinglante et de tendresse sensible…) qui font de la traduction un véritable travail de ciselage.

Vanessa Del Pizzol

Complément :

samedi 9 novembre 2013

Un bout de chemin avec Andrea Genovese - II

Lors de la dernière édition du festival Voix Vives de Sète en juillet dernier, Andrea Genovese a pu débattre autour de son œuvre et donner à entendre ses poèmes.

 Roula Safar, Christian Malaplate, Andrea Genovese, Françoise Ascal et
Matthieu Penchinat aux Voix Vives de Sète en juillet 2013
 (Photo Marie-Agnès Salehzada)


Nous en présentons quelques uns dans les trois langues utilisées directement par le poète : l'italien, le français et le sicilien. Ils ont partie liée avec la mer Méditerranée trait d'union entre la ville de Sète et Messine, cité natale d'Andrea Genovese. Les traductions ont été confiées à Vanessa De Pizzol.

Deux poèmes en français

Vert chantant des persiennes
je redoute la bouffée de poix
que la chaleur dégage
sous mes pieds prodigues

Ce visage à la fenêtre
sorti d’une toile d’Antonello...

Briques rouges dénudées
toutes les blessures des maisons
restent là ineffaçables fidèles

J’ai mélangé les langues
ma tour ne tient pas debout

          *

Je suis un labyrinthe sous-marin

Toutes carrées les pièces
toutes bien jouées

Je suis un fil raide
d’acier de mots

Le monstre sirénien
que je suis
ne connaît que l’angoisse
de son double aquatique

Il a cette forme instable
de l’eau que je suis

Je ne viendrai jamais à bout
du jeu que je suis

Je suis et je poursuis
une image que je ne suis pas

Ariane sur un lit d’algues
endormie

Un poème en italien avec traduction

 Esplode il mare.
Il mare si fa duna
nuvola gabbiano.
Viaggio.

Accostare le voci i piani glissanti
le uova covate nella mente
la maliziosa pera galleggiante.

La gelatinosa materia si contrae.

Si riduce il mare
oltre i margini dell’arbitrio.
Agonizza il mare
sopra asciutte terre.

Carcasse di navi
ardono al sole
milioni di arche da diporto.

E questo lupo di mare
con figlie incestuose
è prosciugato sul punto di salpare.


Explose la mer.
La mer se fait dune
nuage mouette.
Voyage.

Accoster les voix les replats glissants
les oeufs couvés par le souvenir
la malicieuse poire flottante.

La matière gélatineuse se contracte.

Se réduit la mer
au-delà des marges de l’arbitraire.
La mer agonise
sur des terres arides.

Des carcasses de bateaux
brûlent au soleil
des millions d’arches de plaisance.

Et ce loup de mer
aux filles incestueuses
est asséché sur le point de lever l’ancre.

Un poème en sicilien avec traduction

Ficarazza chi svintulii a-mmari
chî ficadinnia chi-pparunu lantenni
tu sì na bacchiceddra pitturata
nu puppiceddru viddi chi no-nnata.

Tu sfidi u suli e u ventu 
a rina e a pùbbiri dâ strata
ficarazza sulitaria
rumita
chi-nni nsignasti a tô filosofia dâ vita.

A-ttia ti basta a pacenza di campari.
Di campari pi-nni inchiri l’occhi
dû to viddi a-mmari
pi-nni rinfriscari nta la gran calura
cu stu fruttu i povirazzi
osticu fora e intra bbonu com’u pani.

Vasciddruzzu sì caricu i licori
ficarazza
ch’apri all’aria i bbrazza
pi-nni cunuttari.


Figuier de barbarie qui remue au vent
vers la mer
avec tes fruits qui ressemblent à des lanternes
tu es une barque joliment décorée
un poulpe vert qui ne sait pas nager.

Tu défies le soleil et le vent
le sable et la poussière de la route
figuier de barbarie solitaire
hermite
qui nous as enseigné ta philosophie de la vie.

Tu te contentes de la patience de vivre.
De vivre pour nous emplir les yeux
de ta verdure maritime
pour nous rafraîchir dans la grande chaleur
avec ton fruit de pauvres gens
râpeux à l’extérieur et à l’intérieur bon comme le pain.

Tu es un petit vaisseau chargé de liqueurs
figuier de barbarie
qui ouvre grand les bras
pour nous consoler et nous donner du courage.

Complément : 
- Christian Malaplate reçoit Françoise Ascal et Andrea Genovese accompagnés par Roula Safar dans son émission Traces de Lumière durant les Voix Vives de juillet 2013.

samedi 2 novembre 2013

Un bout de chemin avec Andrea Genovese

Après Bernard Perroy et Philippe Blondeau, c'est avec Andrea Genovese que nous allons faire un bout de chemin, et cela tout au long de ce mois de novembre. Les trois poètes ont un lien commun, ils sont à différents titres reliés aux poètes de l’École de Rochefort. Si Bernard Perroy a été un proche de Serge Wellens, si Philippe Blondeau s'inscrit dans le sillage de Jean Follain, Andrea Genovese a entretenu des relations amicales avec Jean Bouhier et plus encore avec Jean Rousselot.

Jean Rousselot, Jean Bouhier, Andrea Genovese et Jean Antonini à Lyon en 1986

Tous ces poètes ont célébré de manière inédite le quotidien et c'est autour de ce thème que j'ai rencontré Andrea Genovese à Lyon en 1986, lors de journées organisées par l'association Poésie-Rencontres. En juillet dernier, j'ai eu le plaisir de le retrouver durant la dernière édition du festival des Voix Vives de Sète. Ce fut une occasion d'évoquer le chemin parcouru entre ces deux rendez-vous distant de plus d'un quart de siècle. Je vais m'employer tout au long de ce mois à en restituer quelques éléments. Mais commençons par une présentation générale de l'auteur :

 Andrea Genovese est né à Messine en 1937. Il écrit en trois langues : italien, français et dialecte sicilien.
Réfugié avec sa famille entre 1943 et 1944 à Santa Croce sur l’Arno, il a connu enfant les horreurs de la deuxième guerre mondiale (un soldat allemand a braqué le canon de son fusil sur sa tempe pour obliger son père à sortir d’un abri anti-aérien). Il gardera malgré tout un souvenir nostalgique de cette petite ville toscane qu’il réévoque dans ses romans.
Après avoir terminé le lycée dans sa ville natale et fait son service militaire à Palerme, il s’installe à Milan en 1960. Il y reste jusqu’en 1980, vivant d’un modeste emploi de fonctionnaire et développant une activité politique et syndicale intense, qui prend, entre autres, la forme d’un journal d’entreprise qu’il dirige, Dimensione Uomo (Dimension Homme) dont le supplément littéraire témoigne encore aujourd’hui d’un grand courage intellectuel.
Il a collaboré à de nombreuses revues italiennes, dont Il Ponte, Vie Nuove, Uomini e Libri, La Nuova Rivista Europea. Nombre d’entre elles, en Italie comme à l’étranger, ont publié ses textes poétiques.
Avant son installation en France, où il réside depuis 1981, il a publié de nombreux recueils de poésie (dont Bestidiario et Mitosi, tous deux publiés chez Scheiwiller), deux recueils en dialecte de Messine (Ristrittizzi, Pungitopo éd., Prix Vann’Antò, et Tinnirizzi, Intilla éd., Prix de la Ville de Marineo) ainsi que deux romans (Mezzaluna con falcone e martello et L’arcipelago lontano, Pungitopo éd.).
En France, il a fondé Belvedere, une revue anticonformiste traitant d’actualité politique et culturelle (récemment reprise sous forme électronique). Il a publié quatre recueils de poésies écrites en français. Sa production théâtrale, également en français, a été représentée dans sa quasi-totalité. Une de ses comédies a été diffusée sur les ondes de France Culture. Il est sociétaire-adjoint de la SACD. Nombre de ses livres, ainsi que la revue Belvedere, dans sa version papier, font partie du catalogue de la Bibliothèque Nationale de Paris et de Lyon.
Il a collaboré dans la rubrique « Arte » du Corriere della Sera en produisant une centaine d’articles sur les expositions des musées français les plus importants.
Il a écrit récemment un cycle de romans autobiographiques en italien. Les trois premiers, Falce marina, L’anfiteatro di Nettuno, Lo specchio di Morgana, ont été publiés aux éditions Intilla en 2006, 2007 et 2010. Le quatrième est inédit. Le roman Mezzaluna con falcone e martello, publié en 1983 et réédité en 2009 aux éditions Pungitopo, a paru en 2011 dans sa traduction française (Croissant de lune faucon et marteau) aux éditions La Rumeur Libre.

Complément :
- Andrea Genovese sur Wikipedia.