Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 20 avril 2019

Le souvenir d'André Salmon

Le 12 mars dernier, voilà cinquante ans que disparaissait le poète André Salmon. Pour lui rendre hommage, je vais évoquer trois personnes qui me l'ont rendu proche.


La première d'entre elles est Jean Bouhier, le fondateur de L’École de Rochefort. Il aimait à rappeler qu'André Salmon fut un des premiers à soutenir son initiative par un poème adressé pour le nouvel an 1942 qu'il avait écrit spécialement pour lui et René Guy Cadou. J'ai pu mesurer des années après que ce soutien n'était pas de circonstances. Il y avait véritablement des valeurs communes, à la fois humaines et esthétiques, à André Salmon et ses amis (qui s'appelaient Guillaume Apollinaire et Max Jacob) et les poètes de Rochefort.
Jean Bouhier s'était retiré en 1973 à Six-Fours-les-plages, commune limitrophe de Sanary-sur-mer où habita André Salmon à la fin de sa vie. C'est là qu'après sa mort, il rencontra son épouse Léo dans sa villa "La Hune" située boulevard Kisling, du nom du peintre de L’École de Paris qui avait été un ami d'André. Jean Bouhier participera aux travaux de rédaction de la revue Créer pour rendre hommage à André Salmon.

De gauche à droite : Pierre Bernard, du journal "L’œuvre", Max Jacob, Géo London, André Salmon, à Quimper, sur les quais de l'Odet, lors du procès Seznec

La deuxième personne qui m'a parlé d'André Salmon est Geneviève Latour qui nous a quittés au mois de février dernier. Elle avait connu André Salmon du temps où elle dirigeait la fondation Paul Ricard sur l'île de Bendor que l'on pouvait apercevoir depuis sa villa "La Hune". André Salmon lui avait donné un miroir dans lequel Guillaume Apollinaire s'était regardé, miroir qu'elle avait par la suite installé dans son domicile parisien où je l'avais rencontrée et dans lequel je m'étais à mon tour regardé comme tous les invités de cette femme si généreuse et accueillante.



La troisième personne à m'avoir parlé d'André Salmon est la critique et historienne de l'art new-yorkaise Beth Gersh-Nešić. Notre ferveur commune pour le poète nous a permis d'engager une conversation transatlantique au cours de laquelle de nombreuses fois André Salmon a été mis à l'honneur. Spécialiste du Cubisme, Beth a rappelé par exemple son amitié avec Picasso pour lequel il trouva le titre de son fameux tableau : Les Demoiselles d'Avignon. A l'instar de la "bande à Picasso" composée du peintre, de Max Jacob, de Guillaume Apollinaire et d'André Salmon, Beth fait aujourd'hui partie de la "bande à Salmon". En effet avec l'universitaire française Jacqueline Gojard et italienne Marilena Pronesti, elle travaille à entretenir le souvenir du poète qui reste encore à découvrir ou à redécouvrir.

Compléments:
- Le site officiel consacré au poète.
- Le blog de la "bande à Salmon".
- André Salmon parlant de son ami Apollinaire.