Nous avons parlé dans ce blog jusqu'alors de Luc Vidal comme animateur de revue. Il était grand temps de le présenter comme poète. C'est Laure Dino qui nous propose une lecture de son dernier recueil.
Le Chagrin et l'Oiseau perdu, tome 2 de la trilogie La mémoire des braises, fait suite à Orphée du Fleuve, les deux premiers recueils poétiques de cet ensemble, dont le troisième volet pourrait se terminer par un roman intitulé Les chiens du vent.
"Mémoire des braises", des lettres enflammées, d'un poète fougueux dont la source semble ne jamais tarir. A la fin du monde, "les poèmes de ce livre ont passé le feu rouge des nuits.." (Le Chagrin et l'Oiseau perdu - L'aigle blanc de Géorgie - La fin du monde. p.103).
Luc Vidal mélange l'amour fou aux éléments de la nature, aux mythes et légendes, il mène une quête initiatique d'un Graal amoureux inconnu jusqu'alors, sous d'autres formes et en d'autres lieux. S'il monte sur le bateau d'Ulysse, c'est pour vivre le mythe à sa manière orphiquement, et ramener "sa toison d'or".
C'est avec "un vêtement d'aube troué sur les épaules" (Le Chagrin et l'Oiseau perdu - Une marée de jours - Les Gués. p.13), qu'il franchit la rive du fleuve, du chagrin à la joie. Il atteint "le sixième continent" et "de la mélancolie, fait naître des oranges de vie, de la solitude lâche les chiens des conquêtes" (Orphée du Fleuve - Le Fleuve et l'Ile - Le Sixième continent. p.66). Au deuxième degré, "l'orange de vie" s'adoucit, devient une "mangue de douceur", veloutée et suave. Un fruit de la passion, qui ne contient plus rien d'amer, réchauffé par le soleil des Iles et des mots.
Le Graal de Luc Vidal, n'est-il pas le pouvoir de ressusciter, après le sang du Christ versé, en une autre forme, du rossignol en "Aigle de Géorgie", d'"oiseau perdu" en chien du vent, sans limitation des possibles.... Et au fond, de ne jamais mourir... Comment ? Par des mots rubis, dont la beauté résonne comme le son d'une lyre enchanteresse.
"Maïlis", "la Passante de Hollande", la pluie, cette femme de Géorgie, de Finlande et des Iles. Existes-tu, ailleurs que dans son imagination ? Est-ce toi l'Oiseau perdu du Chagrin ? T'a-t-il retrouvé ou inventé ? Es-tu fée d'or ou femme de chair et d'os ?
Comme le "feu chien" "troublé d'être un autre feu" (Le Chagrin et l'Oiseau perdu - Une marée de jours - le Feu Chien p.18) le chagrin n'est plus seul, mais vêtu de mots, entouré d'anneaux (Orphée du Fleuve - Le Fleuve et l'Ile - Les anneaux du chagrin. P.62) et c'est "la fin des chagrins". Pendant que le chagrin se déshabille, l'Oiseau peut prendre dans son bec "tous les grains du chagrin " et les semer aux quatre coins du monde. Mais quel Oiseau ?
"Tous les oiseaux..." "Mille pattes d'oiseaux qui sautillent" de phrase en phrase, en refrain de l'amour fou. Les fins se terminent par des débuts, des "il y a" des liaisons infinies, l'amour qui recommence sans cesse, voyage, se métamorphose... . A la manière d'Eluard pour Gala ou d'Aragon pour Elsa, ou encore de Pétrarque pour Laure, il magnifie l'être aimé, parvient à rendre l'amour lumineux comme une "lampe de couleurs".
"Aux gens perdus des mots fériés" clame Léo Ferré dans « Le Chien », Luc Vidal écrit ses mots ferrés, "pour le chagrin du temps en six cent vingt-cinq lignes" (Léo Ferré. Requiem). Ce vers du grand Ferré est cité en exergue du Chagrin et l’oiseau perdu. Il faut signaler que cette référence est naturelle. L’œuvre de Léo Ferré accompagne le poète depuis toujours. Il anime d’ailleurs les Cahiers d’étude Léo Ferré."Je t'aime, je t'aime et ce n'est pas même un cri. Tu es ma dernière chanson dans les ruelles de ce monde perdu" (Le Chagrin et l'Oiseau perdu - L'aigle blanc de Géorgie - La fin du monde. p.104) ouvre les portes de l’inconnu et à l’inconnue Maïlis tant souhaitée.
Magnifique chagrin. Sur le fleuve de larmes, un " navire de pluie", un radeau de mots continue de tanguer. Il faudrait être tout le temps malheureux, comme Ferré d'abord, Orphée ensuite, enfin comme Van Gogh, "Tout passe l'angoisse et l'inquiétude des eux affamés le tremblement des cœurs enfouis sous les épines. Van Gogh le savait bien. Regarde le tourment lumineux des blés". ( Le Chagrin et l'Oiseau perdu, L'aigle blanc de Géorgie. p.108). Pour un jour, apercevoir au loin, entre le passé et l'avenir, de drôles de "chiens du vent", franchissant les barrières du temps... nous apportant les rêves des étranges libertés d’aimer.
Laure Dino
Compléments :
- Le livre contient de magnifiques illustrations de Nicolas Désiré-Frisque, il est en vente au prix de 18€
"Mémoire des braises", des lettres enflammées, d'un poète fougueux dont la source semble ne jamais tarir. A la fin du monde, "les poèmes de ce livre ont passé le feu rouge des nuits.." (Le Chagrin et l'Oiseau perdu - L'aigle blanc de Géorgie - La fin du monde. p.103).
Luc Vidal mélange l'amour fou aux éléments de la nature, aux mythes et légendes, il mène une quête initiatique d'un Graal amoureux inconnu jusqu'alors, sous d'autres formes et en d'autres lieux. S'il monte sur le bateau d'Ulysse, c'est pour vivre le mythe à sa manière orphiquement, et ramener "sa toison d'or".
C'est avec "un vêtement d'aube troué sur les épaules" (Le Chagrin et l'Oiseau perdu - Une marée de jours - Les Gués. p.13), qu'il franchit la rive du fleuve, du chagrin à la joie. Il atteint "le sixième continent" et "de la mélancolie, fait naître des oranges de vie, de la solitude lâche les chiens des conquêtes" (Orphée du Fleuve - Le Fleuve et l'Ile - Le Sixième continent. p.66). Au deuxième degré, "l'orange de vie" s'adoucit, devient une "mangue de douceur", veloutée et suave. Un fruit de la passion, qui ne contient plus rien d'amer, réchauffé par le soleil des Iles et des mots.
Le Graal de Luc Vidal, n'est-il pas le pouvoir de ressusciter, après le sang du Christ versé, en une autre forme, du rossignol en "Aigle de Géorgie", d'"oiseau perdu" en chien du vent, sans limitation des possibles.... Et au fond, de ne jamais mourir... Comment ? Par des mots rubis, dont la beauté résonne comme le son d'une lyre enchanteresse.
"Maïlis", "la Passante de Hollande", la pluie, cette femme de Géorgie, de Finlande et des Iles. Existes-tu, ailleurs que dans son imagination ? Est-ce toi l'Oiseau perdu du Chagrin ? T'a-t-il retrouvé ou inventé ? Es-tu fée d'or ou femme de chair et d'os ?
Comme le "feu chien" "troublé d'être un autre feu" (Le Chagrin et l'Oiseau perdu - Une marée de jours - le Feu Chien p.18) le chagrin n'est plus seul, mais vêtu de mots, entouré d'anneaux (Orphée du Fleuve - Le Fleuve et l'Ile - Les anneaux du chagrin. P.62) et c'est "la fin des chagrins". Pendant que le chagrin se déshabille, l'Oiseau peut prendre dans son bec "tous les grains du chagrin " et les semer aux quatre coins du monde. Mais quel Oiseau ?
"Tous les oiseaux..." "Mille pattes d'oiseaux qui sautillent" de phrase en phrase, en refrain de l'amour fou. Les fins se terminent par des débuts, des "il y a" des liaisons infinies, l'amour qui recommence sans cesse, voyage, se métamorphose... . A la manière d'Eluard pour Gala ou d'Aragon pour Elsa, ou encore de Pétrarque pour Laure, il magnifie l'être aimé, parvient à rendre l'amour lumineux comme une "lampe de couleurs".
"Aux gens perdus des mots fériés" clame Léo Ferré dans « Le Chien », Luc Vidal écrit ses mots ferrés, "pour le chagrin du temps en six cent vingt-cinq lignes" (Léo Ferré. Requiem). Ce vers du grand Ferré est cité en exergue du Chagrin et l’oiseau perdu. Il faut signaler que cette référence est naturelle. L’œuvre de Léo Ferré accompagne le poète depuis toujours. Il anime d’ailleurs les Cahiers d’étude Léo Ferré."Je t'aime, je t'aime et ce n'est pas même un cri. Tu es ma dernière chanson dans les ruelles de ce monde perdu" (Le Chagrin et l'Oiseau perdu - L'aigle blanc de Géorgie - La fin du monde. p.104) ouvre les portes de l’inconnu et à l’inconnue Maïlis tant souhaitée.
Magnifique chagrin. Sur le fleuve de larmes, un " navire de pluie", un radeau de mots continue de tanguer. Il faudrait être tout le temps malheureux, comme Ferré d'abord, Orphée ensuite, enfin comme Van Gogh, "Tout passe l'angoisse et l'inquiétude des eux affamés le tremblement des cœurs enfouis sous les épines. Van Gogh le savait bien. Regarde le tourment lumineux des blés". ( Le Chagrin et l'Oiseau perdu, L'aigle blanc de Géorgie. p.108). Pour un jour, apercevoir au loin, entre le passé et l'avenir, de drôles de "chiens du vent", franchissant les barrières du temps... nous apportant les rêves des étranges libertés d’aimer.
Laure Dino
Compléments :
- Le livre contient de magnifiques illustrations de Nicolas Désiré-Frisque, il est en vente au prix de 18€
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