Le texte présenté au cours des quatre chroniques précédentes a été écrit, plus ou moins, au fil de la plume voici bientôt trois ans. Il pourrait être considéré comme une sorte d’autoportrait oblique. La première version eut pour titre Électron libre avec ensuite ce rajout : aimanté vers le Mont Analogue en référence bien sûr au récit de René Daumal mais aussi à ce que Yves Bonnefoy nous propose d’appeler imagination et imaginaire métaphysiques.
L’Écart, l’Éclair est ici l’expression d’un état d’esprit ou d’une démarche (comme on dit désormais) que je crois et voudrais mienne. Tentative d’un coup d’aile dans une atmosphère trop souvent plombée. Mais plusieurs dizaines de pages seront nécessaires pour un développement satisfaisant.
Alors, pour le moment deux ou trois précisions en repartant du début. Y ou X ? Disons, dans le meilleur des cas et en moins abstrait : Villon et Baudelaire ou Rilke, Apollinaire, René Char, et quelques autres encore un peu moins statufiés. Et s’il est toujours question de forme, il s’agit d’une forme habitée. Individualisme ? Pour la souveraineté de l’individu sans laquelle rien n’est humainement possible. Pour une individualité consciente et déconditionnée selon une libre volonté d’autoconstruction, et non pas égocentrée. Revendication aujourd’hui plus que jamais scandaleuse parce que radicalement subversive. Civilisation lyrique ? À chacune et chacun de comprendre selon son cœur.
« …tous des briseurs de chaînes « N’était cette phrase d’une indéniable sincérité, j’ai assez peu fréquenté la poésie de l’estimable Jean Laugier, lui-même très proche de l’École de Rochefort. Par contre, en reprenant, non sans quelque ironie, la même thématique, je me suis, à certains moments, attardé du côté de l’auteur de On n’enchaîne pas les volcans, Annie Lebrun affirmant que l’espace mental de ce grand incompris que fut D. A. F. de Sade est « un espace paradoxal, un espace d’une béance première ». Et nous devrions, selon elle, « être redevable à ce 'bloc d'abîme', non pas de nous donner des idées, mais de nous en enlever, de nous défaire de tout ce qui sert à nous tromper sur ce que nous sommes. »
Et parmi mes préférences, qui toutes suivent une ligne de fracture du dedans-dehors aux arêtes et saillies contradictoires et complémentaires, je voudrais inviter à lire ou relire le chapitre entier De la Poésie de l’ouvrage de Raoul Vaneigem, au titre inspiré de Dürer : Le chevalier, la dame, le diable et la mort. « Nous ne cessons d’errer dans la légende des jours ».
Et puis Kenneth White : « Notre temps manque singulièrement d’espace et de respiration ». Le nomadisme intellectuel, le paysage archaïque, la figure du dehors, une poétique du monde, une textonique de la Terre, la géopoétique. Le Centre géopoétique de Paris vient de se ranimer. Il lui faudra encore un peu d’espace-temps pour trouver ses marques dans le champ du grand travail. L’époque présente étant ce qu’elle est. « Le Temps est sorti de ses gonds ». Voilà au moins une certitude et on ne saurait mieux dire que Shakespeare : « The time is out of joint » Hamlet. Littéralement et dans tous les sens du terme.
La Poésie ? La sensibilité véritablement poétique ? Une quête vers le « vrai lieu », ici-même ? Dans l’évidence et le mystère d’être là, vivant, à la croisée de ce que nous nommons, innocemment et présomptueusement trop souvent, immanence et transcendance. La nuit du désir, l’inespéré au point du jour. L’écart, l’éclair. Et tout ce qui n'a pu être dit dans le cadre de cette chronique.
Michel Capmal 25 juillet 2015
(Les photographies accompagnant cette chronique ont été prises par Cathy Bion qui a été déjà l'hôte de ce blog, elles ont pour titre Granville et Dournenez).
L’Écart, l’Éclair est ici l’expression d’un état d’esprit ou d’une démarche (comme on dit désormais) que je crois et voudrais mienne. Tentative d’un coup d’aile dans une atmosphère trop souvent plombée. Mais plusieurs dizaines de pages seront nécessaires pour un développement satisfaisant.
Alors, pour le moment deux ou trois précisions en repartant du début. Y ou X ? Disons, dans le meilleur des cas et en moins abstrait : Villon et Baudelaire ou Rilke, Apollinaire, René Char, et quelques autres encore un peu moins statufiés. Et s’il est toujours question de forme, il s’agit d’une forme habitée. Individualisme ? Pour la souveraineté de l’individu sans laquelle rien n’est humainement possible. Pour une individualité consciente et déconditionnée selon une libre volonté d’autoconstruction, et non pas égocentrée. Revendication aujourd’hui plus que jamais scandaleuse parce que radicalement subversive. Civilisation lyrique ? À chacune et chacun de comprendre selon son cœur.
« …tous des briseurs de chaînes « N’était cette phrase d’une indéniable sincérité, j’ai assez peu fréquenté la poésie de l’estimable Jean Laugier, lui-même très proche de l’École de Rochefort. Par contre, en reprenant, non sans quelque ironie, la même thématique, je me suis, à certains moments, attardé du côté de l’auteur de On n’enchaîne pas les volcans, Annie Lebrun affirmant que l’espace mental de ce grand incompris que fut D. A. F. de Sade est « un espace paradoxal, un espace d’une béance première ». Et nous devrions, selon elle, « être redevable à ce 'bloc d'abîme', non pas de nous donner des idées, mais de nous en enlever, de nous défaire de tout ce qui sert à nous tromper sur ce que nous sommes. »
Et parmi mes préférences, qui toutes suivent une ligne de fracture du dedans-dehors aux arêtes et saillies contradictoires et complémentaires, je voudrais inviter à lire ou relire le chapitre entier De la Poésie de l’ouvrage de Raoul Vaneigem, au titre inspiré de Dürer : Le chevalier, la dame, le diable et la mort. « Nous ne cessons d’errer dans la légende des jours ».
Et puis Kenneth White : « Notre temps manque singulièrement d’espace et de respiration ». Le nomadisme intellectuel, le paysage archaïque, la figure du dehors, une poétique du monde, une textonique de la Terre, la géopoétique. Le Centre géopoétique de Paris vient de se ranimer. Il lui faudra encore un peu d’espace-temps pour trouver ses marques dans le champ du grand travail. L’époque présente étant ce qu’elle est. « Le Temps est sorti de ses gonds ». Voilà au moins une certitude et on ne saurait mieux dire que Shakespeare : « The time is out of joint » Hamlet. Littéralement et dans tous les sens du terme.
La Poésie ? La sensibilité véritablement poétique ? Une quête vers le « vrai lieu », ici-même ? Dans l’évidence et le mystère d’être là, vivant, à la croisée de ce que nous nommons, innocemment et présomptueusement trop souvent, immanence et transcendance. La nuit du désir, l’inespéré au point du jour. L’écart, l’éclair. Et tout ce qui n'a pu être dit dans le cadre de cette chronique.
(Les photographies accompagnant cette chronique ont été prises par Cathy Bion qui a été déjà l'hôte de ce blog, elles ont pour titre Granville et Dournenez).
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