Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

samedi 1 novembre 2025

Un poème de Guy Allix

Je suis heureux d'accueillir Guy Allix dans ce blog après avoir parlé le mois dernier de Jean Follain. C'est en effet grâce au poète de Canisy que je l'ai découvert. Cela remonte au début des années quatre-vingt, Hubert Juin animait sur France-Culture une série d'émissions consacrée aux poètes et il avait invité Guy Allix qui venait de terminer son mémoire de maîtrise sur Jean Follain. Par la suite nous nous sommes rencontrés à l'Université d'Angers où Georges Cesbron organisait chaque année un colloque consacré aux poètes de l'Ecole de Rochefort.

Guy Allix (encore appelé par les intimes « le tipouet ») est né en 1953 à Douai (59), Enfance difficile dont il ne s’est pas remis.

Ancien professeur de lettres dans l’académie de Caen (collège de Saint-Lô, lycée de Carentan, IUFM de Caen, IUT de Lisieux), il a mené de multiples expériences pédagogiques autour de la poésie. Il a consacré, en plus de sa maîtrise, un D.E.A au poète Jean Follain. Il vit en Ille-et-Vilaine (35). Poète, critique, auteur jeunesse, interprète et… électron libre, il a été traduit en italien, en roumain, en arabe, en breton, en catalan.

Lauréat de l’Académie française : Prix Amic 1992 pour l'ensemble de son œuvre, Prix Théophile Gautier 1994 pour Lèvres de peu, Prix François Coppée 2016 pour Le sang le soir, Prix Paul Quéré 2017-2018, Membre de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, de la Société des Gens De Lettres, et de l’Association des Ecrivains Bretons, Sociétaire de la Sacem, Guy Allix se produit sur scène dans des récitals de poésie et chansons en France et à l’étranger.

Parmi les derniers livres de Guy Allix signalons : Précaire, recueil de poèmes, préface de Adam Katzmann, Jacques André éditeur, juillet 2025, Vassal de la poésie, recueil d’articles, préface de Marie-Josée Christien, Les Éditions Sauvages, 2020, Je suis… Georges Brassens, collection « Je suis…. », co-écrit avec Michel Baglin, Jacques André éditeur, 2019, Les couleurs du Petit Peintre (conte pour enfants), Images de Pointilleuse, Beluga, 2018, Oser l’amour suivi de D’amour et de douleur, Atelier de Groutel, 2018 (bibliophilie), En chemin avec Angèle Vannier (essai), Unicité, 2018, Guy Allix, entre urgence et humilité, collection Chiendents, éditions du Petit Véhicule, 2018, Au nom de la terre (Prix Paul Quéré 2016-2017), Les Éditions Sauvages, 2018, Maman, j’ai oublié le titre de notre histoire, suivi de Félix, une voix sans parole, préface de Marie-Josée Christien, Les éditions sauvages, octobre 2016.


Défaite


Soudain ce silence seul peut murmurer l'ultime détresse

Quand le corps se délite quand se démet le souvenir


Tu n'as jamais su et là pourtant tu ne sais plus


Ne viennent plus à ta bouche et sous tes doigts

Ces mots vagabonds qui fouillaient tes tripes et ton sang

En quête de cet amour niché au fond de ton mystère


Tu n'es plus que bribes tu n'es plus que haillons de voix


Mais il faut encore creuser dans le naufrage

Jusqu'à la dernière heure jusqu'au dernier souffle


Et recueillir enfin dans ce crépuscule

Cette autre voix perdue qui dirait tant


Et l'enfance même


Guy Allix


Compléments :

- Le site de Guy Allix.

- La chaine YouTube de Guy Allix.






samedi 4 octobre 2025

Les Agendas de Jean Follain

Voici un livre qui m'a été précieux durant de longues années pour satisfaire ma curiosité sur une période que je n'ai pas connue et où se sont affirmés beaucoup de poètes qui me sont chers. Il s'agit des Agendas auxquels s'est confié quotidiennement, de 1926 à 1971, l'année de sa mort accidentelle, le poète Jean Follain.

Grâce à Claire Paulhan qui les a décryptés dans leur intégralité et en a ensuite choisi et réuni les meilleurs moments, nous disposons de ce témoignage exceptionnel d'un homme particulièrement sociable impliqué dans la vie littéraire de son temps dont il rend compte depuis Paris où il s'est installé dès 1924, ayant quitté sa Normandie natale.

Un ensemble de notes abondantes et détaillées éclaire le propos, il est complété par un index des personnes citées qui permet une lecture ciblée en fonction des centres d'intérêts du moment.

C'est comme membre de l'Ecole de Rochefort que j'ai d'abord approché Jean Follain, puis comme ami de Jean Paulhan et de la Nouvelle Revue Française, ensuite comme proche de Gaston Bachelard. Mais m'a intéressé aussi sa fréquentation de Max Jacob et d'André Salmon, de Fernand Marc et de la revue Sagesse. En même temps que se reconstitue le paysage - qui n'est d'ailleurs pas seulement littéraire car en sa qualité d'avocat puis de juge, Jean Follain a un regard affuté sur l'Histoire telle qu'elle est en train de s'écrire - se dessine l'itinéraire d'un auteur qui ne cède à aucune mode ou diktat idéologique pour affirmer son propre art poétique.

Ces Agendas ont été publiés en 1993, soit un peu plus de vingt ans après la mort de Jean Follain. C'est à dire que parmi ceux dont ils parlaient, plusieurs étaient encore vivants à cette date. Il y avait donc un lien possible avec le présent. Je pense par exemple à Pierre Oster (1933-2020) que j'avais plaisir à retrouver lorsque je venais à Paris et qui était lui aussi un acteur et un témoin exceptionnel de la vie poétique et littéraire parisienne et française.

Plus de cinquante années ont passé désormais depuis la mort de Jean Follain. L'activité poétique n'est plus régie par les mêmes règles, les institutions subventionnées ayant contribué à changer la donne. Le monde de Jean Follain semble bel et bien englouti et avec lui une certaine idée de la poésie, à moins que celle-ci ne continue de cheminer souterrainement dans les profondeurs de l'âme humaine où son œuvre précisément avait pris sa source.

samedi 6 septembre 2025

Un poème de Christian Bulting

Au mois d'octobre de l'année dernière, j'avais rendu compte du n° 42 de la revue Délits d'encre dans lequel Christian Bulting racontait l'aventure collective du groupe des poètes de Nantes dont il a été un des protagonistes. Je suis heureux aujourd'hui de consacrer cette chronique à sa propre poésie et écriture.

Photo : Michel Durigneux

Christian Bulting est né à Guérande (44) en 1953. Enfance et adolescence à La Baule et surtout à Saint-Nazaire, au dessus du magasin de photographie de son père. Études de philosophie et professeur de philosophie durant 37 ans. En 1979, il fonde la revue et les éditions A contre-silence (27 numéros de revue et 27 recueils et livres entre 1979 et 2000). Il participe à différentes institutions poétiques : La Demeure de René Guy Cadou (président à la fondation de 1992 à 1994), la Maison de la poésie de Nantes (secrétaire du conseil d'administration de 2001 à 2004). Il a publié 30 livres. Une vingtaine de poésie, une dizaine en prose. Les plus récents en poésie : Vieux bluesmen ( 2007- Gros Textes), Un jour d'exercice sur la terre ( 2011), Nul amer ne brise la lumière ( 2011 – Soc et Foc), Nico icône des sixties ( 2017 – Gros Textes), Invitée surprise (2021 – Gros Textes), Sein du jour (2024 – Petit véhicule). En prose des récits dont Eve (2016 - Éditions du Petit Véhicule),  Noémie-Une femme indépendante ( 2017 – Éditions du Petit Pavé), Prof de philo ( 2021 – Geste), La ville atlantique  ( 2023 - Éditions du Petit Pavé), des romans dont Les Zanars ( 2017 – Éditions du Petit Véhicule) ; un essai : J'écris des poèmes ( 2001 – Écrire aujourd'hui). Il a reçu en 2011 le prix de poésie (devenu depuis le prix Yves Cosson) de l'Académie de Bretagne et des pays de la Loire pour l'ensemble de son œuvre. En 2013 le prix littéraire de l'audiolecture pour Madeleines ( récit – 2011 – Petit Pavé). Il vit à Orvault près de Nantes.

Je sortirai du Temps

Je sortirai du Temps
Sans y avoir rien compris
Pas faute d'essayer
Philosophie
Astro-physique

Et vivre l'instant
Etre dans l'intensité
La pointe du vivre
Ou dans l'abandonné
Un élément du Grand Tout
Plus rien et présent cependant

Je sortirai du Temps
Ou plutôt le Temps me fera sortir
Comme on punit un mauvais élève

J'aurais fait ce que j'ai pu

Christian Bulting

Complément :