En avril 2010, j'avais publié une photo qui m'avait été adressée par Liuba Ilieva, représentant un arbre couvert de neige en Bulgarie. Nous changeons de continent et de climat aujourd'hui avec cette photo et ce texte concernant un baobab. Il m'a été adressé par Yvonne Ouattara dont je n'ai pas eu encore l'occasion de parler. Pourtant nous avons fait paraître tous les deux en 2009 un livre intitulé En souvenir de l'Arbre à palabres qui avait pour sous-titre Lettres de France et du Burkina Faso. Notre dialogue entre l'Europe et l'Afrique quitte la forme de la correspondance pour s'installer avec cette chronique sur le blog.
LE BAOBAB
Le taxi brousse filait à toute allure à travers les hautes herbes. Nous étions en fin de saison des pluies, la visibilité n’était pas très bonne et les flaques d’eau nous éclaboussaient. On entendait les grognements du vieux tassé au fond de la rangée de droite. Une jeune mère tenait tant bien que mal son bébé dans les bras et tentait de garder sa place. Chacun priait secrètement le ciel pour arriver à bon port et quelque peu présentable.
Le village de Tita était à une dizaine de kilomètres, je me suis finalement endormie malgré les secousses. Puis brusquement, mon voisin de droite a plongé son coude dans mes côtes. Le réveil a été brutal et je lui en voulais à cet individu. Dès que j’ai ouvert les yeux, je me suis rappelée du lieu où je me trouvais. J’avais les jambes engourdies et une bonne dose de mauvaise humeur.
Nous venions d’arriver et j’essayais de m’extraire du véhicule. Dès mon atterrissage dans une flaque de boue, je me suis étirée en évitant de penser à cette longue route. Mon regard s’est tout à coup arrêté, et, stupéfaite, j’ai constaté que se tenait en face, majestueux, noueux et tellement beau, un immense baobab. Il semblait là depuis la nuit des temps et se moquait gentiment de notre fragilité.
Toute ma lassitude s’est envolée, je me suis alors avancée vers lui, le roi de la brousse, couronné de ces feuilles qui nous donne de si succulentes sauces, de ces fruits qui nous désaltèrent et de son ombre qui nous réconforte en avril quand la chaleur nous cloue au sol. Il était là présent, avec ses odeurs, ses goûts, tout à fait charnel, terrestre et aussi tellement lointain, majestueux et éternel.
Yvonne Ouattara
Compléments :
- La photographie du baobab vient du site openimagebank
-Le livre En souvenir de l'Arbre à palabres sur le site de L'Harmattan
Le village de Tita était à une dizaine de kilomètres, je me suis finalement endormie malgré les secousses. Puis brusquement, mon voisin de droite a plongé son coude dans mes côtes. Le réveil a été brutal et je lui en voulais à cet individu. Dès que j’ai ouvert les yeux, je me suis rappelée du lieu où je me trouvais. J’avais les jambes engourdies et une bonne dose de mauvaise humeur.
Nous venions d’arriver et j’essayais de m’extraire du véhicule. Dès mon atterrissage dans une flaque de boue, je me suis étirée en évitant de penser à cette longue route. Mon regard s’est tout à coup arrêté, et, stupéfaite, j’ai constaté que se tenait en face, majestueux, noueux et tellement beau, un immense baobab. Il semblait là depuis la nuit des temps et se moquait gentiment de notre fragilité.
Toute ma lassitude s’est envolée, je me suis alors avancée vers lui, le roi de la brousse, couronné de ces feuilles qui nous donne de si succulentes sauces, de ces fruits qui nous désaltèrent et de son ombre qui nous réconforte en avril quand la chaleur nous cloue au sol. Il était là présent, avec ses odeurs, ses goûts, tout à fait charnel, terrestre et aussi tellement lointain, majestueux et éternel.
Yvonne Ouattara
Compléments :
- La photographie du baobab vient du site openimagebank
-Le livre En souvenir de l'Arbre à palabres sur le site de L'Harmattan
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