Voici pour terminer cet ensemble, le témoignage de Pilar Blanco qui était déjà intervenue dans ce blog pour nous parler de sa traduction de Frédéric Mistral en espagnol. C'est d'ailleurs en allant sur ses traces qu'elle avait fait la connaissance de Charles Galtier et établi le lien entre la littérature provençale d'hier et celle d'aujourd'hui. J'ai choisi de présenter cet hommage émouvant en plusieurs parties ce qui nous permettra de cheminer encore avec Charles Galtier jusqu'au mois de juillet.
J’ai connu M. Galtier dans les années soixante-dix, si je me souviens bien, c’était en 1977. À ce moment je travaillais sur ma thèse doctorale Nerto : poème de Frédéric Mistral. Profitant de mes vacances de Pâques à la Fac, j’ai voyagé, pour la première fois en Provence à la recherche des traces de Mistral et des personnes qui parlaient encore le provençal.
Grâce à un professeur de ma fille aînée je me suis retrouvée chez ses parents, à Carpentras, avec un monsieur qui était âgé de quatre-vingt-douze ans et qui parlait la langue de Mistral, de même que toute sa famille et la famille de mon amie. Ils m’ont reçue avec un dîner de Noël et ses treize desserts. Durant ce long repas ils m’ont parlé de personnes qui pouvaient m’aider à retrouver tout ce que je cherchais : Marie Mauron et Charles Galtier parmi d’autres, mais il fallait les avertir.
Le lendemain matin je suis allé visiter la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, où j’ai trouvé assez de documents intéressants dans les premiers numéros de l’Armana Prouvençau.
Le jour suivant je suis partie à Saint-Rémy-de-Provence rencontrer Marie Mauron, une dame réellement merveilleuse, assez âgée déjà, mais avec une tête splendide, née en 1896 et qui avait connu Mistral. Elle avait 18 ans à sa mort, le 25 mars de 1914. J’ai pris des notes de notre conversation qui m’a beaucoup enrichie.
Comme je voulais visiter et connaître Maillane et surtout le Musée de Mistral, je devais retrouver son bibliothécaire, c’est-à-dire, M. Galtier, le conservateur du musée. Arrivée sur place, je me suis adressée à Madame Cornillon, maire de Maillane, pour lui dire que je souhaitais le voir. Elle lui a téléphoné pour lui expliquer « qu’il y avait là une dame espagnole, professeur d’Université, qui préparait une thèse sur Fréderic Mistral et qu’elle aimerait bien voir les archives ».
La réponse de M. Galtier fut une grande surprise pour moi. Étant donné qu’il habitait à Eygalières, je pensais que ce serait difficile de le rencontrer. Sa réponse pourtant fut positive, je devais seulement attendre l’après-midi. Comme je voyageais toujours avec la famille, nous avons fait une promenade dans la ville puis nous avons déjeuné dans le restaurant qui était face à la maison de Mistral.
M. Galtier est arrivé assez tôt. On s’est salué et on a parlé de mes intentions concernant l’œuvre de Mistral. Il semblait content. On a beaucoup échangé sur Mistral et pourquoi j’avais choisi cet auteur, apparemment encore peu connu du grand public. On a visité le musée et à la fin de notre rendez-vous, il m’a offert deux de ses livres : S’il reste encore un pas et L’erbo de la routo. Je n’avais pas réalisé que lui-même était un écrivain.
Je devais rentrer en Espagne et nous avons pris rendez-vous pour le mois de juillet où je resterai le mois complet en Provence pour pouvoir faire des recherches pour ma thèse au Musée.
Mais avant de partir il me demanda si j’aimerais visiter le Mas du Juge, la maison où Mistral est né et a passé son enfance. C’est une maison qui n’était pas ouverte au public, m’a-t-il-dit, une propriété privée où habitait une famille, qui n’aimait pas qu’on la gêne avec des visites. Mais pour nous elle sera ouverte. Alors nous avons eu la chance de pouvoir la visiter grâce à M. Galtier à qui les propriétaires ouvraient leurs portes pour nous montrer un peu du célèbre mas.
Vous ne pouvez pas imaginer ma joie. En plus, j’avais la permission de faire des photos dans la cuisine où était conservé presque tout le mobilier de la maison de Mistral-père, la table à manger avec ses tiroirs et le nom de Frédéric Mistral-fils qu’il avait taillé avec son couteau à l’intérieur du tiroir ; la plaque de marbre blanc avec les vers des Isclo d’or devant la cheminée et à l’extérieur de la maison, le ruisseau si cher à Mistral et où il était tombé plusieurs fois pour aller cueillir « li flour de glaujo » qu’il a tant aimée. (Je conserve toujours « li flour de glaujo » que j’ai cueillie, desséchée dans un livre des classiques provençaux, le nº 2, Frédéric Mistral : Memòri e Raconte).
En une semaine, j’avais posé les bases pour mon travail et, sans le savoir, entamé une longue et véritable amitié.
CHARLES GALTIER, GRAND ÉCRIVAIN
ET AMI DE SES AMIS
ET AMI DE SES AMIS
J’ai connu M. Galtier dans les années soixante-dix, si je me souviens bien, c’était en 1977. À ce moment je travaillais sur ma thèse doctorale Nerto : poème de Frédéric Mistral. Profitant de mes vacances de Pâques à la Fac, j’ai voyagé, pour la première fois en Provence à la recherche des traces de Mistral et des personnes qui parlaient encore le provençal.
Grâce à un professeur de ma fille aînée je me suis retrouvée chez ses parents, à Carpentras, avec un monsieur qui était âgé de quatre-vingt-douze ans et qui parlait la langue de Mistral, de même que toute sa famille et la famille de mon amie. Ils m’ont reçue avec un dîner de Noël et ses treize desserts. Durant ce long repas ils m’ont parlé de personnes qui pouvaient m’aider à retrouver tout ce que je cherchais : Marie Mauron et Charles Galtier parmi d’autres, mais il fallait les avertir.
Le lendemain matin je suis allé visiter la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, où j’ai trouvé assez de documents intéressants dans les premiers numéros de l’Armana Prouvençau.
Le jour suivant je suis partie à Saint-Rémy-de-Provence rencontrer Marie Mauron, une dame réellement merveilleuse, assez âgée déjà, mais avec une tête splendide, née en 1896 et qui avait connu Mistral. Elle avait 18 ans à sa mort, le 25 mars de 1914. J’ai pris des notes de notre conversation qui m’a beaucoup enrichie.
Comme je voulais visiter et connaître Maillane et surtout le Musée de Mistral, je devais retrouver son bibliothécaire, c’est-à-dire, M. Galtier, le conservateur du musée. Arrivée sur place, je me suis adressée à Madame Cornillon, maire de Maillane, pour lui dire que je souhaitais le voir. Elle lui a téléphoné pour lui expliquer « qu’il y avait là une dame espagnole, professeur d’Université, qui préparait une thèse sur Fréderic Mistral et qu’elle aimerait bien voir les archives ».
La réponse de M. Galtier fut une grande surprise pour moi. Étant donné qu’il habitait à Eygalières, je pensais que ce serait difficile de le rencontrer. Sa réponse pourtant fut positive, je devais seulement attendre l’après-midi. Comme je voyageais toujours avec la famille, nous avons fait une promenade dans la ville puis nous avons déjeuné dans le restaurant qui était face à la maison de Mistral.
M. Galtier est arrivé assez tôt. On s’est salué et on a parlé de mes intentions concernant l’œuvre de Mistral. Il semblait content. On a beaucoup échangé sur Mistral et pourquoi j’avais choisi cet auteur, apparemment encore peu connu du grand public. On a visité le musée et à la fin de notre rendez-vous, il m’a offert deux de ses livres : S’il reste encore un pas et L’erbo de la routo. Je n’avais pas réalisé que lui-même était un écrivain.
Je devais rentrer en Espagne et nous avons pris rendez-vous pour le mois de juillet où je resterai le mois complet en Provence pour pouvoir faire des recherches pour ma thèse au Musée.
Mais avant de partir il me demanda si j’aimerais visiter le Mas du Juge, la maison où Mistral est né et a passé son enfance. C’est une maison qui n’était pas ouverte au public, m’a-t-il-dit, une propriété privée où habitait une famille, qui n’aimait pas qu’on la gêne avec des visites. Mais pour nous elle sera ouverte. Alors nous avons eu la chance de pouvoir la visiter grâce à M. Galtier à qui les propriétaires ouvraient leurs portes pour nous montrer un peu du célèbre mas.
Vous ne pouvez pas imaginer ma joie. En plus, j’avais la permission de faire des photos dans la cuisine où était conservé presque tout le mobilier de la maison de Mistral-père, la table à manger avec ses tiroirs et le nom de Frédéric Mistral-fils qu’il avait taillé avec son couteau à l’intérieur du tiroir ; la plaque de marbre blanc avec les vers des Isclo d’or devant la cheminée et à l’extérieur de la maison, le ruisseau si cher à Mistral et où il était tombé plusieurs fois pour aller cueillir « li flour de glaujo » qu’il a tant aimée. (Je conserve toujours « li flour de glaujo » que j’ai cueillie, desséchée dans un livre des classiques provençaux, le nº 2, Frédéric Mistral : Memòri e Raconte).
En une semaine, j’avais posé les bases pour mon travail et, sans le savoir, entamé une longue et véritable amitié.
Pilar Blanco
Merci, Chère Madame Pilar Blanco,
RépondreSupprimerJe viens de passer un merveilleux moment grâce à votre texte.
Il est d'une belle sincérité, simplicité et tonton Charles aurait surement aimé lire ces lignes.
Roselyne.
Merci. C'ést un grand plaisir d'avoir la possibilté de dédier quelque souvenir d'une veritable amitié qui a fini le jour ou j'ai reçu la triste nouvelle de sa mort. je suis très contente de me retrouver dans ces lignes avec une nièce à lui. Merci bien.
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