Javier del Prado Biezma est un brillant universitaire espagnol. Il est aujourd'hui professeur émérite à l'Université Complutense de Madrid. Il est devenu Docteur Honoris Causa par l'Université Michel de Montaigne de la ville de Bordeaux. Grand spécialiste de la poésie et de la littérature française, il a notamment travaillé sur Patrice de La Tour du Pin, Chateaubriand, Hugo, Lamartine, Stendhal, Flaubert, Baudelaire, Mallarmé, Rimbaud. Il est également traducteur. Mais pour nous, il est avant tout poète et romancier, avec ce rare privilège de pouvoir écrire directement en français. Ce fut le cas pour son dernier roman que nous sommes heureux de présenter ici.
C'est d'un livre fort dont il s'agit. Un livre qui traite de la relation père/fils. Le narrateur qui est né à Tolède où il n'a passé que les toutes premières années de sa vie y revient pour accompagner son père dans ses derniers jours. Celui-ci, atteint d'un cancer du poumon va trouver néanmoins assez de souffle pour lui transmettre un secret de famille qui a pour cadre un petit lavoir au bord du Tage situé dans le quartier des Portugais.
Cet épisode douloureux, vécu dans une ville exceptionnelle qui condense une grande partie de l'Histoire de l'Espagne, permet à l'auteur de se livrer à une méditation sur le sens de la vie, sur la destinée, autant individuelle que collective, sur l'identité aussi et le véritable enracinement.
Le fait de s'exprimer dans une autre langue que sa langue maternelle favoriserait-il le lyrisme et la confidence ? L'auteur qui est aussi le narrateur ne cache pas l'effroi qu'il ressent en voyant son père agoniser. Il dévoile de même comment son besoin d'écriture peut devenir indécent à un moment où la compassion doit l'emporter.
Tolède qui est le théâtre de ce retour aux sources traverse en continu tout le livre. L'auteur n'ignore rien de son histoire, de ses palais, de ses églises, de ses jardins, de ses ponts... Il entretient avec la ville une relation intime et conflictuelle bien différente de celle d'un Maurice Barrès par exemple qui ne pouvait se revendiquer comme Javier del Prado Biezma d'un rapport filial.
On l'aura compris ce livre est à lire à plusieurs niveaux, l'ensemble étant servi par la grande culture de l'auteur et rehaussé par sa sensibilité poétique qui lui a permis de convoquer les mots les plus irradiants de la langue française.
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