C'est un autre dossier richement nourri et illustré sur les poètes de l'Ecole de Rochefort qu'aura organisé et coordonné Luc Vidal dans ce numéro spécial de la revue 303, qui vient de paraître. Cette revue grand format, d'arts, de recherches et de créations est financée par la Région des Pays de la Loire. Tout au long de ses 264 pages, elle nous permet d'aller encore plus loin dans la connaissance des poètes de Rochefort. Un CD vient même compléter les textes et l'iconographie nous donnant à entendre des entretiens avec Jean Bouhier, Sylvain Chifolleau ou Hélène Cadou, des poèmes de René Guy Cadou et Luc Bérimont dits par des comédiens, enfin Môrice Bénin, Léo Ferré et Jacques Bertin chantant leurs textes.
La revue se divise en trois parties, la première est consacrée à René Guy Cadou, elle compte 133 pages. Tout l'itinéraire du poète est retracé, depuis son adolescence à Nantes jusqu' à sa fin tragique et prématurée à Louisfert en passant par Rochefort-sur-Loire. L'influence de Max Jacob et de Pierre Reverdy sur sa poésie est bien sûr présentée tout comme l'exceptionnelle relation d'amour qu'il vécut avec sa femme Hélène. De multiples entrées dans son oeuvre baignée de nature et de lumière nous sont offertes en la situant dans le contexte de la guerre et ces terres de l'Ouest où elle a pu s'épanouir. L'émotion que Cadou avait mise au coeur de sa poésie nous gagne au fil des pages.
La deuxième partie, des pages 134 à 198, est dédiée à Luc Bérimont, frère en poésie de Cadou. Elle vient opportunément faire écho à la récente édition de son oeuvre poétique complète (Le Cherche Midi/Les Presses Universitaires d'Angers). Grâce à Marie-Hélène Fraïssé Bérimont, son épouse, de nombreux documents sont publiés pour la première fois. Ainsi de ces lettres qu'il reçut de Georges Brassens et de Claude Nougaro qui nous rappellent le rôle que joua Luc Bérimont pour la chanson française de qualité. J'ai été particulièrement sensible à cette photo le montrant en compagnie de Félix Leclerc, Hélène Martin, Anne Vanderlove, Jacques Bertin, Georges Chelon, Lucien Clergue et quelques autres en 1966 lors du Festival de poésie de Bendor mécéné par Paul Ricard. Cela se passait sur les bords de la Méditerranée, à quelques encablures du Garlaban.
La troisième et dernière partie permet de prendre la mesure de l'aventure collective à laquelle participèrent Cadou et Bérimont en appartenant à l'Ecole de Rochefort. Elle montre le rôle d'organisateur de Jean Bouhier, brosse des portraits de Michel Manoll, Jean Rousselot, Edmond Humeau, nous fait découvrir des figures majeures de la deuxième période comme Serge Wellens et Pierre Garnier. On appréciera pour finir les évocations de Jacques Boislève qui, en fin connaisseur de la littérature de l'Ouest, inscrira l'Ecole de Rochefort dans une perspective historique qui va de La Pléiade à Julien Gracq.
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