Georges Drano a été plusieurs fois l'hôte de ce blog. Nous sommes heureux d'annoncer qu'il recevra à Nantes le 21 mai prochain, le Grand Prix de Poésie de l'Académie littéraire de Bretagne et des Pays de Loire pour l'ensemble de son œuvre.
Voici donc une occasion d'aller à sa rencontre et de lire ou relire ses poèmes. En juin de l'année dernière la revue Chiendents qui a déjà été à l'honneur dans nos chroniques lui a consacré son n°16.
On y trouvera un entretien avec Enan Burgos, des contributions de Jean-Paul Chague, Michel Baglin, André Doms, Bernard Mazo, des poèmes inédits ainsi qu'une ouverture de Michel Dugué que voici :
Poète celui-là qui habite c'est un peu ce que nous livre Georges Drano en écho lointain d'Höderlin. Il habite, en effet, les terres qu'il foule, les paysages dont il se saisit. Sa voix est grave, j'allais dire rigoureuse. Il sait que le maniement de l'outil, la langue est des plus malaisés. Aussi ne hausse-t-il pas le ton, ne se déploie jamais « plus haut que la parole ». S'il parle des maisons, des talus, des pierres, du marais, des arbres ce n'est ni pour se perdre dans l'éther, ni pour les célébrer mais d'une certaine façon pour les remercier de leur présence, de leur opiniâtreté à être là.
On le sent attentif à ce que le poème dise ou, à tout le moins, fasse ressentir chez son lecteur la nécessité intérieure qui le fonde. Et celle-ci s'articule à la jointure d'un être et de son séjour ici. Elle est à la fois fragilité et force, éclaircie et menace.
Il convient de se tenir sur une ligne de crête, de connaître le vertige sans y céder car le corps dans ces poèmes est ancré, solidement posé là où il avance. Il a l'allure patiente de qui découvre au travers des mots ces domaines qui bien qu'ils furent toujours les nôtres sont continûment à reconquérir afin de faire face c'est-à-dire de ne pas, précisément, se voiler la face devant l'inquiétude, « la peureuse condition » .
C'est la chance du poème que de permettre d'être tout à soi et simultanément absent car toujours sur « un versant autre » Ce que tu entends est de l'autre côté/ où tout est présent ». Cette contradiction n'est qu'apparente. Elle signe l'étroite connivence entre le silence et la parole. De cela le poète tire la force de durer. La terre, nous dit-il, est au bout du monde et il ajoute : « à chaque pas un mot avance à l'intérieur du corps » .
On devine la confiance accordée aux mots. Cependant il ne s'agit pas d'une confiance naïve. Certains mots échouent à donner « le volume et le voix » . Aussi convient-il souvent « de déblayer les propos inutiles».
Habiter ce peut être « crier jusqu'aux os de la terre déposés/ en soi ». Ce peut être également ouvrir tous les échanges possibles entre le monde et soi.
On le sent attentif à ce que le poème dise ou, à tout le moins, fasse ressentir chez son lecteur la nécessité intérieure qui le fonde. Et celle-ci s'articule à la jointure d'un être et de son séjour ici. Elle est à la fois fragilité et force, éclaircie et menace.
Il convient de se tenir sur une ligne de crête, de connaître le vertige sans y céder car le corps dans ces poèmes est ancré, solidement posé là où il avance. Il a l'allure patiente de qui découvre au travers des mots ces domaines qui bien qu'ils furent toujours les nôtres sont continûment à reconquérir afin de faire face c'est-à-dire de ne pas, précisément, se voiler la face devant l'inquiétude, « la peureuse condition » .
C'est la chance du poème que de permettre d'être tout à soi et simultanément absent car toujours sur « un versant autre » Ce que tu entends est de l'autre côté/ où tout est présent ». Cette contradiction n'est qu'apparente. Elle signe l'étroite connivence entre le silence et la parole. De cela le poète tire la force de durer. La terre, nous dit-il, est au bout du monde et il ajoute : « à chaque pas un mot avance à l'intérieur du corps » .
On devine la confiance accordée aux mots. Cependant il ne s'agit pas d'une confiance naïve. Certains mots échouent à donner « le volume et le voix » . Aussi convient-il souvent « de déblayer les propos inutiles».
Habiter ce peut être « crier jusqu'aux os de la terre déposés/ en soi ». Ce peut être également ouvrir tous les échanges possibles entre le monde et soi.
Au début de cette année Georges Drano a fait paraître un livre de poèmes, dont certains sont en prose, qui s'intitule Tant que Terre.
Comme l'écrit Jean-François Mathé en quatrième de couverture : "Dans tous ses recueils Georges Drano interroge les ancrages, les appuis de notre présence au monde : en témoignent des titres tels La maison conduit à la terre ou Salut talus. Meuble ou solide, la terre est souvent le premier élément convoqué pour donner à l'homme debout dans son temps et son espace ses fortes racines; un homme immergé dans le monde concret pour trouver en lui son accomplissement. Et cette immersion, chez Drano, à la fois rugueuse et tendre, nous conduit aux cheminements intérieurs vers les plus profondes fondations de l'expérience. Cette poésie maintient en vie envers et contre tout."
Compléments :
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