Des hauteurs de la Provence s'envolent pensées et créations d'aujourd'hui

mardi 30 novembre 2010

La couleur des mots - V


Parpèla de barbaròs
Dins l’ivèrn enromegat
Espèra de nèu e de feuze

Paupière de rouge-gorge
Dans l’hiver embuissonné
Attente de neige et de fougère



Portavan sus son front la chifra de sas penas
E s’aimèron longtemps a l’òrle de l’ivèrn

Ils portaient sur leur front le chiffre de leurs peines
Et s’aimèrent longtemps dans l’ourlet de l’hiver




TRESAURS

Una espiga
una oliva negra
un parpalhòl blau
un escarabissa
una flor d’audèrda
lo tresaur s’alarga…
la país es grand
e tant val o dire
que traparián pas
d’aiga a la mar.

Trésors

Un épi
Une olive noire
Un papillon bleu
Une écrevisse
Une fleur de luzerne
Le trésor s’élargit…
Le pays est grand
Cela vaut d’être dit
Car ils ne trouveraient
Pas d’eau dans la mer.

(Tableaux de Douceline Bertrand, Poèmes de Jean-Marie Petit)



samedi 27 novembre 2010

La couleur des mots - IV


Era lo temps
Que se fasià bugada ambe las cendres
E los lençòls ne sortissiàn tan blancs
Que lo serelh s’i fendasclava
E que la luna s’i mirava
Las nòvias n’èran desvariadas
De tant de lum en desbòrd dins lo lièit

C’était le temps
Où on faisait lessive avec les cendres
Et les draps en sortaient si blancs
Que le soleil s’y brisait
Et que la lune s’y mirait
Les mariées se cherchaient dans leur lit
Qui débordait de leur lumière


Amagava dins la muralha
Darrièr l’ostal
De letras d’amor qu’escriviá
A de femnas desconegudas
E desiradas.
E las clavetas ne servavan lo secret
Jos la flambada del solelh.

Il cachait dans la muraille
Derrière la maison
Des lettres d’amour qu’il écrivait
Pour des femmes inconnues
Et désirées.
Et les lézards en conservaient le secret
Sous la flambée du soleil.


Dins sas pòchas i aviá doas
broquetas
Un boton de bragueta, un cotèl,
Una vièlha letra de femna,
Un mocador amb de sang secat,
De fuèlhs, un paquet de tabat,
E un clavèl crocut.
Mai trobèron tanben un trauc…
E lo portèron sul registre
Inconegut
E dangeirós

Dans ses poches il y avait
Deux allumettes,
Un bouton de braguette, un couteau,
Une vieille lettre de femme,
Un mouchoir avec du sang sec,
Du papier à rouler, un paquet de tabac,
Un clou tordu,
Mais ils trouvèrent aussi un trou…
Sur le registre ils le portèrent
Inconnu
Et dangereux.

(Tableaux de Douceline Bertrand, poèmes de Jean-Marie Petit)

samedi 20 novembre 2010

La couleur des mots - III


Metro
bèç
la clau del sòmi
vira
lo dormir de fuòc

Métro
bouleau
la clef des songes
dévisse
le dodo de feu



D’espargues blancs…
Se manjan
A l’òli de fada
Tombada de las estèlas

Des asperges blanches…
On les mange
A l’huile de fée
Tombée des étoiles


La luna dins l’òrt
avia desquissat
los lençòls del malastre

Lune dans le jardin
Elle avait déchiré
Les draps du mal être

(Tableaux de Douceline Bertrand, poèmes de Jean-Marie Petit)

samedi 13 novembre 2010

La couleur des mots - II


Tos uèlhs blaus
dins los barbelats de la terra
prisonia dels desirs claus

Tes yeux bleus
dans les barbelés de la terre
prisonnière des désirs clos


Ta paur raja
dels lumes amagats
dins las forèsts de ton enfança

Ta peur ruissèle
des lumières cachées
dans la forêt de ton enfance


Dins l’aiga
las colors del vent
escalustrat

Dans l’eau
les couleurs du vent
ébloui



( Peintures de Douceline Bertrand, poèmes de Jean-Marie Petit)

samedi 6 novembre 2010

La couleur des mots : une exposition de Douceline Bertrand & Jean-Marie Petit

Au mois de juin dernier, j'ai pu voir à la galerie Maillezt, à Paris, une très belle exposition des oeuvres de Douceline Bertrand. Celles-ci, accompagnées des poèmes de Jean-Marie Petit, déjà présenté dans ce blog par Aurélia Lassac, ont constitué la matière d'un livre où images et textes se répondent l'un à l'autre. Pour prolonger l'exposition et donner envie de feuilleter l'ouvrage, ce mois de novembre sera entièrement consacré à ces deux créateurs. Il fera ainsi suite à l'expérience commencée au mois d'août avec Pierre Sentenac et Michèle Serre. Douceline Bertrand a accepté pour commencer de nous dire en quelques mots comment elle avait conçu son exposition du printemps dernier et de quelle manière elle avait travaillé avec Jean-Marie Petit. Je les remercie tous les deux de m'avoir permis de réaliser cette deuxième exposition virtuelle.

LA COULEURS DES MOTS

"Ma rencontre avec Jean-Marie Petit est le fruit du hasard. J’ai reçu un de ses ouvrages, nous nous sommes vus peu de temps après et je lui ai demandé (timidement) si je pouvais illustrer ses poèmes. Il m’a tout de suite dit oui sans savoir ce que je faisais comme peinture. Après être allé sur mon site, il m’a rapidement donné tous ses recueils et je me suis lancée sans trop savoir où j’allais. Parallèlement il m’a fait la joie d‘écrire de petits poèmes pour accompagner certains de mes tableaux. De cette collaboration très informelle est né ce recueil que vous nous faites la joie de présenter. Dans le même temps je préparais un exposition à Paris. Nous avons décidé ensemble de proposer cet ouvrage lors de cette exposition afin d’accompagner les tableaux à propos desquels Jean-Marie avait écrit. Par contre, je tiens à le préciser, les tableaux que j’ai réalisés d’après les textes de Jean-Marie, n’ont qu'en à eux, encore jamais été exposés. "


Madona
cinq francs, poma pichona…
lo filh de Dieu
era lo seu tambem

Madone
cinq francs, petite pomme
le fils de Dieu qui était bien
le sien aussi


Station : filhas del calveri
l’angel del senhor
a perdut son sang
dins un atentat

Station : filles du calvaire
l’ange du seigneur
a perdu son sang
dans un attentat


Compléments :

- le site de Douceline Bertrand

- Contact pour commander le livre : douceline.bertrand@wanadoo.fr