Je poursuis aujourd'hui ma présentation de la nouvelle poésie turque avec Aydan Yalçin. Elle est née en 1964 à Mersin et a fait des études d'économie à l'Université de Gazi. Elle vit aujourd'hui à Ankara où elle se consacre entièrement à sa passion pour la poésie et la littérature. Ses différents écrits et poèmes ont paru dans de nombreux journaux et magazines littéraires comme Varlik, Hayal, Yasakmeyve, Sincan Istasyonu, Mühür, Kurşunkalem, Eliz, Ada, Mortaka, Karşin, Patika.
Son premier recueil de poésie intitulé Aşkence (Amourtorture) a été publié en 2007 par les éditions Kül Art et repris en 2010 par les éditions Ürün. Son deuxième, Ay Konuşsun (Laisse la lune parler) a été édité par Hayal cette même année 2010. Enfin son troisième recueil Gül Mahasi (Rose Ciseau) a paru en 2013 chez l'éditeur Yazili Kağit.
Aydan Yalçin |
Voici un de ses poèmes présenté dans sa langue d'origine puis dans sa traduction française :
bir öncü kuşum ben
yalınkılıç geçiyorum
bulutların omuz başından
dilimde likör tadında hürriyet
bu dem benimdir
kutsuyorum seni ey zaman
alın,
size ipi kaçmış uçurtmalar
getirdim
tel örgülere takılmış
yitik sevdalar bir de
söndürmek için ateşini umutsuzluğun
soluk biriktiriyorum
göğsümün kafesinde
bir öncü kuşum ben
Akdeniz’e sevdalı
savaşa teğet geçtim
şimdi barış zamanı
desem de inanmadı
soyka giyinmiş insan
vurdular Felluce'de
kırıldı zeytin dalı
ay sarı bir gecenin öte yüzüdür
yüzüm
bulutları çekelim ki güneş görünsün
ey insanoğlu!
zulmü kendinden uzak sanma
bakmışsın ki düşmüşsün
sırtlanlar
sofrasına
çarpsa da akbabalar lacivert düşlerine
sen de bir öncü kuş ol
kanat aç gökyüzüne
Oiseau pionnier
Oiseau pionnier que je suis
passant avec une épée nue
par les épaules des nuages
sur ma langue la liberté au goût de liqueur
il est à moi cet instant
ô toi le temps je te glorifie
Prenez,
je vous ai apporté des cerfs-volants au fil cassé
accrochés aux grillages
et aussi des amours perdus
pour éteindre dans ma poitrine
le feu du désespoir
Oiseau pionnier que je suis
épris de la Méditerranée
j’ai frôlé la guerre
à présent c’est la paix
lui ai-je dit mais il ne m’a pas cru
l’homme dans son déguisement corbeau
ils l’ont tuée à Falloujah
et s’est cassée la branche d’olivier
L'autre face de la nuit à la lune jaune est mon visage
que l’on écarte les nuages, que l’on aperçoive le soleil
ô homme!
ne te crois pas loin de l’injustice
possible que tu tombes au centre
de la table des hyènes
Même si les vautours percutent tes rêves bleus
deviens toi aussi un oiseau pionnier
déploie tes ailes vers le ciel.
Aydan Yalçin
(Traduction Sevgi Türker Terlemez / adaptation Jean-Luc Pouliquen)