Voici un témoignage de Michel Capmal qui vient prolonger la chronique précédente consacrée à Raymond Bergerot. Se souvenant du festival des Voix Vives de 2011, Michel évoque aussi Claudio Salvagno dont la mort prématurée en 2020 nous avait tous bouleversés. En 2013, Claudio avait été l'hôte de ce blog.
En parcourant le programme de l'édition 2011 des Voix Vives, j'ai retrouvé le rendez-vous quotidien que j'animais de 20h à 21h, place de L'Hospitalet, et qui s'appelait : "Scène ouverte aux Sétois". Le dimanche 24 juillet, je recevais Raymond Bergerot pour les textes et Jacques Barthès pour la musique. Jacques a eu la gentillesse de me faire parvenir une photo de l'événement.
Je laisse maintenant la parole à Michel Capmal :
Raymond Bergerot
Je n’ai pas encore eu le plaisir de découvrir le recueil consacré à Raymond Bergerot par l’association Filomer, et dont le titre, le concernant, me paraît si bien choisi et émouvant : « Le poète inconnu dont le nom s’esperdu ». Mais je garde un souvenir persistant de ma rencontre avec lui lors du Festival « Voix vives » à Sète en 2011.
Devrais-je dire, d’abord et en passant, que n’ayant jamais été trop attiré par les grands rassemblements, quels qu’ils soient, je m’attendais à me faire cette réflexion « mais qu’est-ce que je fais là, moi ? » Finalement, tout s’est plutôt bien passé.
Donc, un soir, en plein festival, dans une petite rue du vieux Sète, nous étions quelques amis autour d’une table pour diner ensemble, et causer ! Florence Albré, Jean-Luc Pouliquen, Claudio Salvagnio, un très attachant et talentueux poète iltalien, aujourd’hui décédé lui aussi, auteur de L’autra Armada et de L’empiri de l’ombre, et Raymond Bergerot. Un vrai « type du Midi » à la grande vivacité d’esprit, à l’humour caustique communicatif, à la faconde intarissable, parlant de tout, se souvenant de tout. A cette époque il était très préoccupé par la lecture de la Kabbale. Que cherchait-il dans les arcanes de ce texte sacré ? En fait, et comme pour certains méridionaux, il y avait chez lui une gravité cachée devant les grands mystères de l’existence. Il nous a parlé aussi de sa famille, selon lui tous des artistes, des originaux dont il avait hérité une « âme » individualiste dans le meilleur sens du terme, autrement dit non moutonnière. Pour ce festival, il présentait chaque jour, si je me souviens bien, un groupe d’artistes et poètes locaux. « Hé oui, nous sommes les indigènes ! » disait-il avec un léger rire exprimant une mélancolique lucidité sur l’emprise des parisiens envers la culture occitane. Raymond était peintre et poète. Avec talent et sincérité.
Jean de Blanchard dans son atelier de Montpellier avec Michel Capmal |
Raymond aimait les chats, les femmes et la mer ? ! C’était un homme de goût. Un digne héritier des troubadours.
Michel Capmal - 4 mars 2023