C’est assurément la figure de l’écrivain-diplomate qui fascine Jean-Luc Pouliquen, pour qui exercer la diplomatie culturelle signifie favoriser la connaissance, le partage et le respect des cultures du monde. Car c’est aussi et surtout l’implication de la culture dans le social, l’humanitaire et le politique qui donne son véritable sens à la fonction du poète. Pour J.L. Pouliquen, l’artiste existe s’il s’inscrit dans l’Histoire pour en témoigner ou la façonner. Lorsque, au niveau du pouvoir décisionnaire, le véritable enjeu tient dans la confrontation du créateur et du bureaucrate, l’écrivain-diplomate n’est-il pas l’homme « idéal », l’homme à l’intersection de la culture et du politique, qui passera du mot à l’acte ? Tel Claudel, ambassadeur au Japon, qui fondera l’institut franco-japonais.
Je laisse au lecteur le soin de découvrir comment W. Koeffler a exercé l’art contrôlé de la diplomatie ; comment, de concert avec des artistes aussi immenses que généreux il a favorisé quelque approche interculturelle insolite ou œuvré pour une grande cause ; comment, dans ses missions diplomatiques, il a adopté une stratégie de combat personnelle faite de risques calculés et de coups de cœur.
Cet ouvrage, érudit dans le fond, délié et élégant dans la forme, ne serait pas complet s’il y manquait la sphère privée, le rôle de l’épouse (faut-il qu’elle soit dévouée) et des enfants qu’on ne plaint pas mais qui ne sont pas forcément les mieux lotis dans leur univers cossu.
Adolfo Pérez Esquivel, alors artiste martyr de la dictature (qui recevra par la suite le Prix Nobel de la Paix) préface cet ouvrage en rappelant l’acte « silencieux et courageux » de W. Koeffler, qui facilitant le départ de Buenos Aires de ses trois jeunes enfants, leur a ainsi sauvé la vie.
Christiane Golési