Serge Bec a été à plusieurs reprises invité dans ce blog. Mais c'est comme poète que nous l'avions présenté. Aujourd'hui c'est en conteur que nous l'accueillons. En 2012, les éditions Prouvenço d'aro ont publié de lui en version bilingue, provençal et français, ses Raconte mai vo mens fantastic... o fantasious / Récits plus ou moins fantastiques et fantaisistes. A cette occasion Patricia Dupuy qui préside aux destinées de cette maison d'édition m'avait demandé de rédiger la préface du livre. La voici :
En juin 1979, avec son ami René Bruni, Serge Bec faisait paraître un livre intitulé Fantastique Pays d’Apt. Il s’agissait d’un ouvrage collectif associant de grands auteurs provençaux disparus, comme Frédéric Mistral ou Fortuné Pin, à des écrivains contemporains tels Pierre Pessemesse ou Serge Bec lui-même. L’ensemble était illustré par des peintres de renom de la Provence, comme Henri Pertus, René Métayer ou encore Serge Fiorio, le cousin de Jean Giono.
La table des matières proposait trois parties distinctes : légendes du fantastique, légendes et contes de l’imaginaire et récits de l’authentique. Et dans son avant-propos Serge Bec écrivait : « une légende ou un récit populaire est une façon mentale d’agir « magiquement » sur le monde qui nous entoure. Et le fantastique est volontiers lié à cette action magique de la mentalité d’une communauté humaine sur les forces naturelles qui l’environnent ».
Le livre se présentait comme le premier d’une série et le prolongement de chroniques publiées régulièrement dans le journal Le Pays d’Apt dont Serge Bec était le rédacteur en chef.
Trente trois années ont passé, plus qu’il n’en faut pour changer d’époque et de génération, mais le sujet abordé par Fantastique Pays d’Apt a gardé toute son actualité. On pourrait même dire qu’il en trouve aujourd’hui une nouvelle pertinence. Pensons au vers de Patrice de la Tour du Pin : « Tous les pays qui n’ont plus de légende seront condamnés à mourir de froid ».
En poète qu’il est avant tout, Serge Bec n’a cessé par ses engagements d’œuvrer à cet enrichissement de la vie collective pour l’entourer de cette part d’imaginaire et de rêve sans laquelle notre existence perdrait toute saveur.
À l’action menée avec les autres, il a ajouté cet acte individuel qu’est l’écriture et sur lequel il était attendu en premier lieu.
Le livre que nous présentons en est un des multiples témoignages car depuis 1979, Serge Bec n’a cessé d’étoffer son œuvre dans les domaines de la poésie, du conte, du roman, du théâtre, de la critique d’art… pour devenir un de nos plus grands auteurs provençaux d’aujourd’hui.
Et l’exploration du fantastique ne l’a pas quitté. Il faut ici l’entendre dans la dimension « magique » soulignée précédemment. Ce n’est aucunement une élucubration de l’esprit. Ce fantastique est relié à la vie individuelle et collective, tout comme au réel. Il permet de mieux le comprendre, de mieux l’habiter.
Rappelons-nous ici que Serge Bec a été fortement influencé dans sa jeunesse par le Surréalisme. En donnant toute son importance à l’inconscient dans la création, André Breton et ses amis ont aidé à toucher des vérités humaines jusque-là laissées dans l’ombre.
Les premiers textes que l’on lira dans ce livre donneront au lecteur la possibilité de vérifier notre propos. Ils sont d’une force surprenante et réalisent une plongée dans la condition humaine qu’une approche purement descriptive n’aurait pas permise.
Il faut au passage dire que c’est là que l’on reconnaît un véritable écrivain. Il sait transgresser, franchir les barrières du lieu commun ou de la convention. Il ne peut rester dans le déjà-dit, quitte à déstabiliser son lecteur. Cette remarque s’entend évidemment pour toute langue et pour la langue provençale en particulier. La littérature qu’elle génère doit être au rendez-vous de son temps et même en avance si elle veut continuer à tenir sa place dans le concert de la création universelle.
La suite des chroniques proposées dans le livre mettra plus à l’aise car elle nous plonge dans un univers familier dans lequel un Provençal a toujours baigné. Il y a de l’humour, un merveilleux attaché à nos grandes fêtes catholiques, l’évocation d’éléments d’un paysage naturel et urbain que nous connaissons, un rythme et un parfum des saisons que nous partageons.
Depuis son Luberon, Serge Bec nous fait entendre à la fois le cri et le chant d’un homme qui regarde la vie en face, qui en a reçu les joies et les épreuves. Il a fait appel aux ressources de sa raison et de son imaginaire pour en apprécier les plaisirs et en déjouer les pièges.
La table des matières proposait trois parties distinctes : légendes du fantastique, légendes et contes de l’imaginaire et récits de l’authentique. Et dans son avant-propos Serge Bec écrivait : « une légende ou un récit populaire est une façon mentale d’agir « magiquement » sur le monde qui nous entoure. Et le fantastique est volontiers lié à cette action magique de la mentalité d’une communauté humaine sur les forces naturelles qui l’environnent ».
Le livre se présentait comme le premier d’une série et le prolongement de chroniques publiées régulièrement dans le journal Le Pays d’Apt dont Serge Bec était le rédacteur en chef.
Trente trois années ont passé, plus qu’il n’en faut pour changer d’époque et de génération, mais le sujet abordé par Fantastique Pays d’Apt a gardé toute son actualité. On pourrait même dire qu’il en trouve aujourd’hui une nouvelle pertinence. Pensons au vers de Patrice de la Tour du Pin : « Tous les pays qui n’ont plus de légende seront condamnés à mourir de froid ».
En poète qu’il est avant tout, Serge Bec n’a cessé par ses engagements d’œuvrer à cet enrichissement de la vie collective pour l’entourer de cette part d’imaginaire et de rêve sans laquelle notre existence perdrait toute saveur.
À l’action menée avec les autres, il a ajouté cet acte individuel qu’est l’écriture et sur lequel il était attendu en premier lieu.
Le livre que nous présentons en est un des multiples témoignages car depuis 1979, Serge Bec n’a cessé d’étoffer son œuvre dans les domaines de la poésie, du conte, du roman, du théâtre, de la critique d’art… pour devenir un de nos plus grands auteurs provençaux d’aujourd’hui.
Et l’exploration du fantastique ne l’a pas quitté. Il faut ici l’entendre dans la dimension « magique » soulignée précédemment. Ce n’est aucunement une élucubration de l’esprit. Ce fantastique est relié à la vie individuelle et collective, tout comme au réel. Il permet de mieux le comprendre, de mieux l’habiter.
Rappelons-nous ici que Serge Bec a été fortement influencé dans sa jeunesse par le Surréalisme. En donnant toute son importance à l’inconscient dans la création, André Breton et ses amis ont aidé à toucher des vérités humaines jusque-là laissées dans l’ombre.
Les premiers textes que l’on lira dans ce livre donneront au lecteur la possibilité de vérifier notre propos. Ils sont d’une force surprenante et réalisent une plongée dans la condition humaine qu’une approche purement descriptive n’aurait pas permise.
Il faut au passage dire que c’est là que l’on reconnaît un véritable écrivain. Il sait transgresser, franchir les barrières du lieu commun ou de la convention. Il ne peut rester dans le déjà-dit, quitte à déstabiliser son lecteur. Cette remarque s’entend évidemment pour toute langue et pour la langue provençale en particulier. La littérature qu’elle génère doit être au rendez-vous de son temps et même en avance si elle veut continuer à tenir sa place dans le concert de la création universelle.
La suite des chroniques proposées dans le livre mettra plus à l’aise car elle nous plonge dans un univers familier dans lequel un Provençal a toujours baigné. Il y a de l’humour, un merveilleux attaché à nos grandes fêtes catholiques, l’évocation d’éléments d’un paysage naturel et urbain que nous connaissons, un rythme et un parfum des saisons que nous partageons.
Depuis son Luberon, Serge Bec nous fait entendre à la fois le cri et le chant d’un homme qui regarde la vie en face, qui en a reçu les joies et les épreuves. Il a fait appel aux ressources de sa raison et de son imaginaire pour en apprécier les plaisirs et en déjouer les pièges.
Jean-Luc Pouliquen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire