J'ai déjà eu l'occasion de présenter le recueil OC de Daniel Biga que j'ai édité aux Cahiers de Garlaban. C'était à une période où nos échanges étaient intenses et où nous préparions ensemble un livre d'entretiens. Il faisait suite pour moi à Fortune du poète livre dans lequel Jean Bouhier avait livré l'essentiel de son expérience poétique. C'était celle d'une génération dont la jeunesse avait été traversée par la deuxième guerre mondiale. La poésie, comme tous les arts en général, est une question de générations. Au début des années soixante, celle à laquelle appartenait Jean Bouhier avait senti la nécessité d'un renouvellement de l'écriture. Dans cet esprit les publications de l’École de Rochefort allaient cesser afin de permettre l'éclosion de nouvelles expressions.
Daniel Biga avec Oiseaux mohicans fut de ceux qui apportèrent un élan nouveau dans la poésie, ayant su trouver le langage pour dire ce que pouvait ressentir un poète dans une société de l'après-guerre en profonde mutation. Une mutation qui allait conduire aux événements de Mai 68.
Ce fut une chance pour moi de rencontrer Daniel Biga à une période où son évolution personnelle lui permettait d'avoir un premier recul sur toutes ces années et d'être disponible pour essayer d'en faire une première analyse. A la période de remise en cause de l'art qu'il avait vécue au travers de l’École de Nice avait succédé un temps d'apaisement et de méditation qui se poursuivait par une expérience de poète dans la Cité tourné vers le partage à partir d'ateliers d'écriture. Daniel Biga avait beaucoup à transmettre et nos entretiens furent nourris par sa riche expérience. Ernest Pignon-Ernest les accompagna de ses œuvres et nous fument heureux de pouvoir lancer notre livre, qu'édita Alain Amiel, en décembre 1990, à la librairie galerie Matarasso de Nice.
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