J'ai déjà eu dans ce blog, l'occasion de présenter les publications des Cahiers de Garlaban. Mais je m'en étais tenu essentiellement à la poésie, qu'elle soit de langue française où de langue d'oc. Pourtant à côté de cet ensemble, j'avais voulu soutenir des auteurs qui incarnaient et défendaient l'identité provençale au travers de contes, de récits, de souvenirs, de poèmes aussi, ce qui fut le cas avec Magali Fillol récemment disparue et Casimir Mouttet. C'est à ce dernier que je voudrais rendre hommage aujourd'hui.
Casimir Mouttet - Le Canebas - Été 1987 |
Né en 1922, au Canebas à Carqueiranne dans le Var, Casimir Mouttet nous a quittés en 1994. Il était horticulteur. J'ai édité de lui deux recueils, ce qui fut pour moi une expérience forte car elle s'accompagna d'échanges nourris, de la découverte de son univers, de rencontres avec ses proches, qui débouchèrent sur une belle amitié. L'introduction qu'il rédigea pour sa première publication Carqueiranne mon village nous donne la tonalité de son propos.
"Voilà plus de cinquante ans que je travaille la terre. C'est dire que je n'ai guère eu le loisir de m'attarder sur les bancs de l'école.
Pourtant j'ai toujours eu envie d'écrire. Dans ma première langue maternelle : le provençal, comme dans celle que j'ai apprise de mes instituteurs : le français, j'ai désiré laisser mon témoignage.
Depuis sept générations, ma famille demeure au Canebas. Elle a participé aux débuts de l'horticulture varoise à laquelle j'ai moi-même aussi pris une part active.
Avec les années, les anecdotes entendues enfant puis les souvenirs personnels se sont accumulés. Je les livre aujourd'hui en suivant le fil chronologique.
Je les complète de mes poésies, écrites en "lengo nostro", comme on dit chez nous, et présentées avec une traduction française.
Je souhaite qu'à la fin de cet ouvrage, le lecteur se sente un peu plus de Carqueiranne car :.Eici es moun Païs, Acò es ma Prouvènco, Eici mes Souveni, Acò es ma Legèndo"
Ses Promenades historiques prolongèrent le récit initial. Pour l'occasion, Casimir Mouttet proposa pour illustrer la couverture une rose des vents de Provence qu'il avait lui-même dessinée. Le recueil fut annoncé ainsi : "Historiques, les promenades de Casimir MOUTTET, le sont à plus d'un titre. Toutes, qu'elles s'expriment par la narration, le poème ou le théâtre, nous entraînent un peu plus loin dans l'histoire humaine. Celle-ci peut être collective et nous voici entre Hyères et Carqueiranne à suivre un itinéraire qui plonge dans la nuit des temps pour atteindre les dernières péripéties de notre siècle bien chaotique.
Rares aujourd'hui sont ceux qui peuvent, comme l'auteur, accrocher à chaque lieu un événement, une anecdote, un souvenir. C'est le privilège de l'enracinement qui confère à ces promenades une autre dimension qui vient de l'attachement à la terre qui vous a vu naître. Terre qui a ses lois et ses exigences, qui offre ses joies et ses bonheurs, mais n'arrête pas l'écoulement du temps. D'où les regrets et les nostalgies d'un poète que l'on suit avec tendresse à travers, cette fois-ci, son histoire personnelle."
Dans la présentation du premier ouvrage, on trouvait ces mots qui s'appliquent également au second : "Il ne faudrait pas que l'image d'une Provence maritime et horticole, telle qu'elle nous est présentée dans ce livre, cède un jour le pas à celle d'un vaste espace sans âme et sans parfum". Ils avaient été écrits en 1987, trente-trois ans plus tard, ils sonnent comme un cri d'alerte.
Phonétiquement: Casimi, poéte, humoriste et conservateur en chef des histoires du Canebas et de Carquei en général.Un paysan fier, érudit et gourmand de culture, et généreux dépensier de notre langue seconde ou première, selon l'âge. Le Provençal. Sias mort Casimi? Non, ségur. Et merci monsieur de le faire revenir ainsi.
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