C’est à Lodève, en juillet 2007, que j’ai fait la connaissance de Cécile Odartchenko. Avec d’autres éditeurs de poésie, elle présentait les livres des éditions des Vanneaux à l’occasion de la dixième édition du festival international des Voix de la Méditerranée. L’un d’entre eux fonctionna comme un révélateur de nos affinités poétiques, c’était un livre qu’elle avait elle-même écrit et qui était consacré à Pierre Garnier. Pierre Garnier, un ami commun dont j’avais fait la connaissance à Lyon en 1986 alors que j’accompagnais Jean Bouhier pour deux journées d’hommage aux poètes de L’Ecole de Rochefort. Rochefort, l’amitié de Rochefort, l’esprit de Rochefort, comme ils continuent de suivre des chemins mystérieux pour nous aider à avancer en poésie. Dans un même élan de générosité Cécile me proposa de participer en janvier 2008 à Amiens à la soirée organisée par Jean-Paul Dekiss à la Maison de Jules Verne pour le quatre-vingtième anniversaire de Pierre Garnier et de m’accueillir dans sa collection des Vanneaux. Cette soirée autour de Pierre Garnier continue de briller dans ma mémoire parmi les grandes heures déjà vécues en poésie. Je l’associais à un autre anniversaire, dont on m’avait souvent parlé, fêté à Toulon en 1961, celui des quatre-vingts ans d’André Salmon qui fut un fervent supporter de L’Ecole de Rochefort. En Picardie, l’année 2008 a été décrétée : année Pierre Garnier. Cécile y est pour beaucoup dans cette initiative à laquelle elle a pris part de tout son cœur. À cette occasion, elle s’est lancée dans l’édition des œuvres complètes du poète. Pour un colloque qui lui a été dédié, elle a écrit un texte qu’elle a eu la gentillesse de m’envoyer. J’ai ressenti une émotion profonde en le lisant, là encore Pierre Garnier servait de révélateur de la sensibilité, de l’approche poétique, de l’impressionnante culture de Cécile. En quelques pages denses et fortes, elle disait l’attachement à la langue picarde de Pierre Garnier et sa participation au mouvement international de la poésie sonore et visuelle, elle disait un poète enraciné et cosmique à la fois, inscrit dans la grande aventure de la création de son siècle. Son intérêt pour les langues régionales et minoritaires nous avait déjà rapprochés à Lodève où je présentais chaque jour des poètes occitans. Cécile en avait même retenu l’idée d’une collection regroupant des écrits du Nord et du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Il ne restait plus qu’à en trouver le titre. Lors de l’édition 2008 des Voix de la Méditerranée, elle me faisait part de son choix, ce serait : La Martelière . Quelle émotion de nouveau ! Sully-André Peyre, qui fut dans les années trente le découvreur et l’éditeur de toute une génération de poètes provençaux avait été appelé par le grand poète occitan Jòrgi Reboul, l’Homme à la Martelière. La Martelière en Camargue, c’est ce panneau de bois vertical, cette vanne qui permet de libérer l’eau qui s’accumule dans les roubines, de petits canaux. Cécile serait désormais pour moi la Femme à la Martelière, celle qui libère les eaux neuves de la poésie !
Compléments :
- le site des éditions des Vanneaux dirigées par Cécile Odartchenko
- Cécile Odartchenko présentant sur Youtube les livres qu'elle a édités de Pierre Garnier
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