La lumière inspire les poètes. En prolongement du mois de février durant lequel Enan Burgos nous avait présenté son Journal intime de la lumière voici aujourd’hui un compte rendu du dernier livre d’Annie Salager qui s’intitule précisément Travaux de lumière. C’est Laure Dino qui est déjà intervenue dans ce blog qui nous le propose.
A la manière d'une artiste qui travaille le vitrail, Annie Salager nous offre un recueil de poèmes fins, colorés, ciselés dans lequel l'écriture reflète le mystère de la lumière, mais n'en livre que des lueurs inespérées. Ces éclats secrets semblent sommeiller dans l'obscurité, comme dans «une rue mal éclairée», puis se détacher de l'ombre, et se superposer en «couches de lumière».
A la manière d'une artiste qui travaille le vitrail, Annie Salager nous offre un recueil de poèmes fins, colorés, ciselés dans lequel l'écriture reflète le mystère de la lumière, mais n'en livre que des lueurs inespérées. Ces éclats secrets semblent sommeiller dans l'obscurité, comme dans «une rue mal éclairée», puis se détacher de l'ombre, et se superposer en «couches de lumière».
Ce jeu d'éclairage en «obscur-clair», est produit notamment, par l’utilisation de la polysémie des verbes et des noms. Citons pour exemples : «il me fuit/juste pour me chasser» (Ecailles feuillages plumages, Niée/reniée, p. 77), «fleuve fuite-présence» où les sens contraires se mélangent de l'ombre à la lumière, jusqu'à se rejoindre.
De cette fusion apparaît, la lueur cachée des mots, comme une veilleuse qui brille dans la nuit, en signe d'une joie intérieure, qui demeure. Nous découvrons alors que ce contraste entre ombre et lumière, n'est qu'un fond de ciel pour éclairer la subtilité des paysages et adoucir les couleurs, avant de les illuminer de touches d'enfance.
Et les phrases ne s’arrêtent pas, elles se répandent et se répondent, comme des «oliviers nomades», que le «lumineux celé», -fleuve ou encrier d’un bleu irréel- transforme en «branches de lumières», qui n'étaient que des rivières.
Comme une corde tendue de l'arc du vivant, la poésie d'Annie Salager recèle un chant. Un chant né du lien entre les éléments qui communiquent, se traversent et s’emmêlent par «le lien de l’ombre», jusqu’à se confondre. «Je suis d’eau dit la terre/à ma danse indéchiffrable... je traverse/l’étoile d’univers me traverse.» (Sphères souffles relais, Loquitur Terra, p. 64).
Un «chant de blanche écume/rompu à tant de vies avortées» (Sphères souffles relais, Loquitur Terra, p. 66), qui subsisterait, après l'histoire inachevée, comme un reste de vagues entremêlées, de fragments d'étoiles d'une terre émiettée. Alors, la poésie se fait l'écho, du tango entre la mer et les mots et coule en «fragments d'eau», sur une partition marine : «tango/des liens /mentaux/une écume/d'instant l'en/lace et va/l'inscrire/aux rives où durent/le désir et/le rythme d'un/chant tou/jours remis/au jeu des/transparences.» (Aimez-vous la mer, le tango, Sur les bords, p. 17).
Un tango qui rappelle le désir naissant, au moment où la mer s'endort, «dans un grand sommeil» «aux lueurs du couchant où s'affirme la brève embellie des passages» (Aimez-vous la mer, le tango, Le grand sommeil, p.13), et «sur les bords rocheux,» qui dissimulent «quelquefois d'introuvables feux». Désir sublimé en quête mystique, de saisir la musique du silence, entre l'ombre et la lumière, quelques instants, le temps des poèmes, pour rallumer les feux éteints du monde.
Laure Dino
Et les phrases ne s’arrêtent pas, elles se répandent et se répondent, comme des «oliviers nomades», que le «lumineux celé», -fleuve ou encrier d’un bleu irréel- transforme en «branches de lumières», qui n'étaient que des rivières.
Comme une corde tendue de l'arc du vivant, la poésie d'Annie Salager recèle un chant. Un chant né du lien entre les éléments qui communiquent, se traversent et s’emmêlent par «le lien de l’ombre», jusqu’à se confondre. «Je suis d’eau dit la terre/à ma danse indéchiffrable... je traverse/l’étoile d’univers me traverse.» (Sphères souffles relais, Loquitur Terra, p. 64).
Un «chant de blanche écume/rompu à tant de vies avortées» (Sphères souffles relais, Loquitur Terra, p. 66), qui subsisterait, après l'histoire inachevée, comme un reste de vagues entremêlées, de fragments d'étoiles d'une terre émiettée. Alors, la poésie se fait l'écho, du tango entre la mer et les mots et coule en «fragments d'eau», sur une partition marine : «tango/des liens /mentaux/une écume/d'instant l'en/lace et va/l'inscrire/aux rives où durent/le désir et/le rythme d'un/chant tou/jours remis/au jeu des/transparences.» (Aimez-vous la mer, le tango, Sur les bords, p. 17).
Un tango qui rappelle le désir naissant, au moment où la mer s'endort, «dans un grand sommeil» «aux lueurs du couchant où s'affirme la brève embellie des passages» (Aimez-vous la mer, le tango, Le grand sommeil, p.13), et «sur les bords rocheux,» qui dissimulent «quelquefois d'introuvables feux». Désir sublimé en quête mystique, de saisir la musique du silence, entre l'ombre et la lumière, quelques instants, le temps des poèmes, pour rallumer les feux éteints du monde.
Laure Dino
Laure Dino possède ce don de mettre en relief une oeuvre en faisant ressortir toute la richesse de sa symbolique, ses couleurs et ses contrastes. Je lui souhaite une éminente carrière de critique littéraire.
RépondreSupprimerLaure Dino détient la sensibilité et l'intuition pour saisir la vie secrète
RépondreSupprimerde l' écriture de poète confirmé comme Annie Salager dont j'ai lu un texte pour la première fois dans Les Cahiers de la Licorne en 65. Merci Laure pour ce subtil commentaire nous invitant à découvrir ces admirables Travaux de lumière.
Michel Capmal
je voudrais ajouter ceci: Laure Dino c'est la flamme de l'attention, au sens de Gaston Bachelard.
RépondreSupprimerM.C.
Lovely posst
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