Au mois de février dernier disparaissait en pleine maturité le poète Léopold Congo Mbemba. Philippe Tancelin qui a travaillé à ses côtés aux éditions L'Harmattan dans le cadre de la collection Poètes des cinq continents m'a adressé ce texte en hommage à celui dont il avait pu apprécier les qualités tout autant humaines que poétiques.
Surtout ne dites pas le poète est mort.................
Le poète n'est pas mort et qu'on se le dise, se le répète, le répande par la rumeur des femmes, des hommes de foi en le poème.
Notre ami Léopold Congo Mbemba demeure.
Il ne s'agit pas ici de la négation de la mort biologique non plus que d'une position de principe fondée sur un culte quelconque de la mémoire des vivants. Il est question de l'essence même de la poésie dont le verbe ne saurait se confondre avec celui de la prétendue rigueur et exactitude d'une pensée rationnelle.
La langue du poète pour la révolution qu'elle exige des modes de penser en ses multiples plans de réalités, cette langue implique que rien de ce qu'elle donne, lance éperdument en offrande à tous, sans destinataire de prédilection ne se fixe, ne soit capturé, encore moins ne s'enferme dans un sens défini de son énoncé même.
Vous me permettrez de reprendre en citation un fragment de courriel que Léopold et quelques amis échangions le 25 avril 2012 à propos d'un de ses derniers textes collectifs rédigé avec plusieurs d'entre nous sous le titre de "l'oratorio".
voici ce qu'il nous écrivait en nous souhaitant une bonne soirée grâce à "ces quelques vers en partage" précisait-il.
je cite:
"Sur le chemin de pèlerinage,
le saint trébuche et roule dans le précipice
son corps se déchiquette et se disperse
sur les saillies de la roche
et voici que chacune de ses blessures
réclame au monde
ce qui n'était que promesse de ciel".
Comment mieux dessiner et rendre au plus près de l'expérience sensible du poète, l'immense dispersion de sa langue. Oui Léopold tu es juste dans ton dire : c'est une langue qui se déchiquette, explose et se répand en mille parts sur les saillies de l'espérance et de l'urgence de celles et ceux qui la liront demain ou jamais qu'importe.
Nous n'écrivons pas pour des écoliers-lecteurs ou professeurs de littérature. Nous écrivons par ces mots dispersés depuis le corps éclaté du poème, lorsqu'il chute sur le chemin empierré d'une histoire humaine qui l'entend depuis son aube mais ne l'écoute pas encore assez.
Tu demeures dans la vérité Léopold : chaque mot du poème dispersé, chaque éclat poétique est certes une blessure mais qui réclame au monde ce qui comme tu l'écris est "promesse de ciel".
En effet, c'est bien ce qu'il y a de céleste en l'homme qui rend la terre profondément humaine, c'est à dire respectueuse des natures et de leur nourritures autant terrestres que spirituelles.
Non, un poète s'il est sur ce chemin de pèlerinage qui part de la plus petite et humble maison des hommes vers le grand ciel de la promesse qu'il fait en tant qu'homme à l'univers, ne saurait mourir. Le poète ne meurt pas, non parce qu'il serait immortel mais que la mort ne parle pas sa langue.
La mort ne connaît pas la blessure qui est l'ouvert de la vie quand bien même cette blessure deviendrait mortelle... elle ne le devient qu'une fois réussie sa mission de dispersion de ses chairs vivantes par tous les mots de braise qu'elle a déposés sur d'autres chairs comme autant de semences du poème à venir en chacune en chacun.
La poésie ne nous veut ni ne nous dicte aucun sens et c'est en cela que la vraie poésie ne saurait jamais être dépassée par quelque mode de l'histoire de la littérature.
La poésie est une offrande dispersée des mots les plus célestes dans leur lumière, pour que nous en fassions chaque jour un poème renouvelé et toujours vierge de sens pour tous.
C'est cette dispersion d'ensemencement du cœur humain dans sa dimension céleste qui assure l'éternité du poème et du poète non pas en tant que créateur mais que semeur.
Alors oui le poète n'est pas mort et Léopold Congo Mbemba entends mon cher ami qu'en ta dispersion même, nous nous rassemblons par cette promesse qui te fit écrire si prophétiquement.
Notre ami Léopold Congo Mbemba demeure.
Il ne s'agit pas ici de la négation de la mort biologique non plus que d'une position de principe fondée sur un culte quelconque de la mémoire des vivants. Il est question de l'essence même de la poésie dont le verbe ne saurait se confondre avec celui de la prétendue rigueur et exactitude d'une pensée rationnelle.
La langue du poète pour la révolution qu'elle exige des modes de penser en ses multiples plans de réalités, cette langue implique que rien de ce qu'elle donne, lance éperdument en offrande à tous, sans destinataire de prédilection ne se fixe, ne soit capturé, encore moins ne s'enferme dans un sens défini de son énoncé même.
Vous me permettrez de reprendre en citation un fragment de courriel que Léopold et quelques amis échangions le 25 avril 2012 à propos d'un de ses derniers textes collectifs rédigé avec plusieurs d'entre nous sous le titre de "l'oratorio".
voici ce qu'il nous écrivait en nous souhaitant une bonne soirée grâce à "ces quelques vers en partage" précisait-il.
je cite:
"Sur le chemin de pèlerinage,
le saint trébuche et roule dans le précipice
son corps se déchiquette et se disperse
sur les saillies de la roche
et voici que chacune de ses blessures
réclame au monde
ce qui n'était que promesse de ciel".
Comment mieux dessiner et rendre au plus près de l'expérience sensible du poète, l'immense dispersion de sa langue. Oui Léopold tu es juste dans ton dire : c'est une langue qui se déchiquette, explose et se répand en mille parts sur les saillies de l'espérance et de l'urgence de celles et ceux qui la liront demain ou jamais qu'importe.
Nous n'écrivons pas pour des écoliers-lecteurs ou professeurs de littérature. Nous écrivons par ces mots dispersés depuis le corps éclaté du poème, lorsqu'il chute sur le chemin empierré d'une histoire humaine qui l'entend depuis son aube mais ne l'écoute pas encore assez.
Tu demeures dans la vérité Léopold : chaque mot du poème dispersé, chaque éclat poétique est certes une blessure mais qui réclame au monde ce qui comme tu l'écris est "promesse de ciel".
En effet, c'est bien ce qu'il y a de céleste en l'homme qui rend la terre profondément humaine, c'est à dire respectueuse des natures et de leur nourritures autant terrestres que spirituelles.
Non, un poète s'il est sur ce chemin de pèlerinage qui part de la plus petite et humble maison des hommes vers le grand ciel de la promesse qu'il fait en tant qu'homme à l'univers, ne saurait mourir. Le poète ne meurt pas, non parce qu'il serait immortel mais que la mort ne parle pas sa langue.
La mort ne connaît pas la blessure qui est l'ouvert de la vie quand bien même cette blessure deviendrait mortelle... elle ne le devient qu'une fois réussie sa mission de dispersion de ses chairs vivantes par tous les mots de braise qu'elle a déposés sur d'autres chairs comme autant de semences du poème à venir en chacune en chacun.
La poésie ne nous veut ni ne nous dicte aucun sens et c'est en cela que la vraie poésie ne saurait jamais être dépassée par quelque mode de l'histoire de la littérature.
La poésie est une offrande dispersée des mots les plus célestes dans leur lumière, pour que nous en fassions chaque jour un poème renouvelé et toujours vierge de sens pour tous.
C'est cette dispersion d'ensemencement du cœur humain dans sa dimension céleste qui assure l'éternité du poème et du poète non pas en tant que créateur mais que semeur.
Alors oui le poète n'est pas mort et Léopold Congo Mbemba entends mon cher ami qu'en ta dispersion même, nous nous rassemblons par cette promesse qui te fit écrire si prophétiquement.
Philippe Tancelin
Compléments :
- Hommage au poète sur le site Africultures
- Ses livres sur le site des éditions L'Harmattan.
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