Après m'être attardé à plusieurs reprises sur la Turquie à travers sa poésie, je voudrais aujourd'hui parler de la Bulgarie. Durant l'été 2011, j'ai eu l'occasion de m'y rendre et ce séjour m'a inspiré un livre.
Jean-Luc Pouliquen nous offre ici plus que des notes sur son voyage à Sofia en Bulgarie mais une série de tableaux vivants sur la ville, ses intellectuels, sa cuisine ; ses jardins et ses odeurs.
Gaston Bachelard est la mine de ce témoignage, Sofia, la surface des rencontres et dans l’intervalle du philosophe et de la ville, Liuba, personnage attachant et guide du poète qui sans cesse tisse la dramaturgie du voyage et du dialogue de l’auteur avec sa propre mémoire des lieux, des journées passées et de la menace persistante de cette échéance du retour sur Roissy.
Il y a dans ce texte une poétique du voyage dont l’auteur témoigne comme d’un bijou précieux dont on ne sait encore à qui on va l’offrir et nous lecteurs jusqu’à la dernière ligne, espérons en avoir été le destinataire privilégié.
Et comment Andrea Genovese en a rendu compte dans sa revue Belvedere :
Poète et critique littéraire, amoureux de Bachelard, Jean-Luc Pouliquen a eu la chance de participer à de nombreuses rencontres internationales autour du philosophe, en nouant des liens d’amitié avec quelques uns des participants. Entre ceux-ci Liuba, une femme russe, bulgarisée si on peut ainsi s’exprimer durant le régime soviétique, professeur de lycée, mariée avec un mathématicien informatique au chômage, deux enfants. C’est avec cette famille que Pouliquen passe quinze jours d’un mois d’août à Sofia. Il en a tiré un petit Journal plein de notations quotidiennes, qui s’élèvent souvent à des réflexions culturelles et politiques sur l’histoire millénaire de cette capitale, située à six cent mètres d’altitude aux pieds des Balkans et pas lointaine du Danube, au croisement de plusieurs civilisations, grecque, turque, thrace, romaine et autres, une plénitude tragique et vertigineuse d’invasions et de métissages. La religion orthodoxe rappelle à Pouliquen, à travers l’hérésie bogomile, les Cathares, son origine occitane, tandis que les banlieues lui rappellent son travail d’animateur culturel dans les banlieues parisiennes. Par une excursion à Plovdiv, cité très ancienne au cœur de la Bulgarie, on hume aussi le parfum des petits savons de la célèbre Vallée des Roses. Mais ce sont surtout les promenades dans les bois autour de Sofia à toucher l’âme poétique de Pouliquen, en compagnie de ses hôtes, dont il comprend, impuissant, les difficultés matérielles affrontées avec la fierté d’un peuple habitué depuis des siècles aux avatars de la vie. Dans tout le récit, timide et discret, court un sentiment d’amitié délicat et presque amoureux pour Liuba et son pays.
Compléments :
- Le livre sur le site de l'éditeur.
- Une lecture de Michèle Serre.
Voici comment Philippe Tancelin l'a présenté en quatrième de couverture :
Jean-Luc Pouliquen nous offre ici plus que des notes sur son voyage à Sofia en Bulgarie mais une série de tableaux vivants sur la ville, ses intellectuels, sa cuisine ; ses jardins et ses odeurs.
Gaston Bachelard est la mine de ce témoignage, Sofia, la surface des rencontres et dans l’intervalle du philosophe et de la ville, Liuba, personnage attachant et guide du poète qui sans cesse tisse la dramaturgie du voyage et du dialogue de l’auteur avec sa propre mémoire des lieux, des journées passées et de la menace persistante de cette échéance du retour sur Roissy.
Il y a dans ce texte une poétique du voyage dont l’auteur témoigne comme d’un bijou précieux dont on ne sait encore à qui on va l’offrir et nous lecteurs jusqu’à la dernière ligne, espérons en avoir été le destinataire privilégié.
Et comment Andrea Genovese en a rendu compte dans sa revue Belvedere :
Poète et critique littéraire, amoureux de Bachelard, Jean-Luc Pouliquen a eu la chance de participer à de nombreuses rencontres internationales autour du philosophe, en nouant des liens d’amitié avec quelques uns des participants. Entre ceux-ci Liuba, une femme russe, bulgarisée si on peut ainsi s’exprimer durant le régime soviétique, professeur de lycée, mariée avec un mathématicien informatique au chômage, deux enfants. C’est avec cette famille que Pouliquen passe quinze jours d’un mois d’août à Sofia. Il en a tiré un petit Journal plein de notations quotidiennes, qui s’élèvent souvent à des réflexions culturelles et politiques sur l’histoire millénaire de cette capitale, située à six cent mètres d’altitude aux pieds des Balkans et pas lointaine du Danube, au croisement de plusieurs civilisations, grecque, turque, thrace, romaine et autres, une plénitude tragique et vertigineuse d’invasions et de métissages. La religion orthodoxe rappelle à Pouliquen, à travers l’hérésie bogomile, les Cathares, son origine occitane, tandis que les banlieues lui rappellent son travail d’animateur culturel dans les banlieues parisiennes. Par une excursion à Plovdiv, cité très ancienne au cœur de la Bulgarie, on hume aussi le parfum des petits savons de la célèbre Vallée des Roses. Mais ce sont surtout les promenades dans les bois autour de Sofia à toucher l’âme poétique de Pouliquen, en compagnie de ses hôtes, dont il comprend, impuissant, les difficultés matérielles affrontées avec la fierté d’un peuple habitué depuis des siècles aux avatars de la vie. Dans tout le récit, timide et discret, court un sentiment d’amitié délicat et presque amoureux pour Liuba et son pays.
Compléments :
- Le livre sur le site de l'éditeur.
- Une lecture de Michèle Serre.
Ton livre m’a tenu compagnie hier soir. La centaine de pages fut avalée avec gourmandise.
RépondreSupprimerQuel enchevêtrement d’influences bien restituées !
Au delà des aspects poétiques qui cultivent les silences et l’écoute de la nature, j’ai particulièrement apprécié ton regard
interrogateur sur mille petits détails qui renvoient à tant de références antiques ou médiévales mais aussi modernes.
L’assèchement de la période communiste n’a finalement pas trop perturbé ce pays carrefour de cultures, ligne d’échange entre orient et occident.
Il reste pourtant, bien signifiant, même si ce n’est pas nécessairement voulu par le récit, une profonde méfiance de ce qui est culte et religiosité.
Ainsi dans ce récit proprement poétique ce sont les aspects technologiques et scientifiques qui tiennent une place notable dans le microcosme
de ce pays. Ce n’est pas anodin !
Mais les promenades font resurgir toute la partie spiritualité et j’ai été ravi d’y retrouver bogomiles et cathares, peut-on douter des échanges
osmotiques entre orient et occident, peut-on oublier que le synode de St Felix de Caraman réorganisant l’église cathare en pleine expansion était sous
la présidence attentive du pope bogomile Nicétas. C’est vrai que l’on ne peut pas parler de fusion, mais l’esprit avait des points d’ancrage et la condamnation
fut en effet similaire.
Tu avais du monde dans tes bagages, Bachelard qui est de toute les sorties, Lamartine et tant d’autres. J’ai retrouvé Platon et sa caverne avec humour !
Finalement une belle lecture que l’on déplie en autant d’aquarelles, une par jour, en touches légères et respectueuses des lieux et des personnes.
Tu n’aimes pas troubler l’eau du lac, référence lamartinienne, et c’est bien ainsi.
Alors merci pour ce beau voyage entre introspection et description, entre paroles et non-dits, malgré l’été cuisant il règne une douce lumière au cours du récit
qui nous accompagne jusqu’à la fin, avant que le retour ne nous plonge brutalement dans les formes éruptives d’une fausse bimbo. certainement l’effet dévastateur de l’altitude qui
curieusement nous fait retomber sur terre.
Amitié.
Jean-Michel
J'ai relu "Sofia en été" pour tenter d'en saisir toute la dimension du "témoignage poétique", ce qui demande une lecture attentive et multiple : découvrir les lieux grâce aux descriptions minutieuses, vivre cette découverte qui nous est proposée au rythme du narrateur et de son étonnement -la ville, les villages,la forêt, la belle nature-, la richesse de l'Histoire, apprécier les personnages dans leur authenticité, leur vécu familial quotidien, dans cette "ouverture à l'autre", revenir sur les échanges de paroles, d'idées philosophiques; les réflexions personnelles quant à la poésie, l'imagination poétique, l'acte poétique.
RépondreSupprimerCe récit foisonne de richesse simple dans sa profondeur, l'acte réel d'aller ailleurs -qui permet la Découverte d'un autre lieu, d'une autre culture, d'un autre système socio-politique (en cours d'effondrement pour la Bulgarie) - s'accompagne d'un déplacement mental.
Voyage dépaysant et transformateur par le questionnement qu'il provoque en permettant des va-et-vient constants entre le vécu -ici-présent- et le passé revécu autrement à cet instant dans l'intime.
La lecture et l'écriture permettent sans doute de retrouver cette séduction du voyage.
Beau voyage que celui que tu m'as permis de faire jusqu'à Sofia grâce à ce "témoignage poétique!
"la poésie doit rester une protection contre la désespérance , un principe de recréation du monde" (p. 51), c'est une noble pensée.
J'adhère à cette conception - qui peut s'appliquer aussi à d'autres formes d'art (théâtre, danse, musique, cinéma, peinture, sculpture, etc.), me semble-t-il...
Bien amicalement,
Annick
Je viens de terminer la lecture de ce carnet de voyage littéraire avec beaucoup de plaisir. Je l'ai savouré. Bien sûr c'est plus facile que la poésie mais j'ai beaucoup apprécié ces petites touches qui invitent à la réflexion, ces aller retours dans le temps-espace et les cultures qui s'y rattachent. On apprend à te connaître un peu, J'ai l'impression d'avoir rencontré Liuba et ses hommes et c'est une rencontre enrichissante! Tu es sérieux avec malice ... et les projets que tu évoques en particulier l'abécédaire sont passionnants. Très amicalement
RépondreSupprimerJacqueline
Merci, Jean-Luc, pour ton livre. J'ai apprécié ces notes de voyage qui donnent envie de faire un petit tour du côté de la Bulgarie. Au rythme du promeneur, on s'attache à ces paysages, cette ville et on a l'impression d'être un peu de la famille. Il y a aussi la présence de Bachelard dont tu es un spécialiste. Je me souviens de "L'eau et les rêves" que j'avais étudié à la Fac. J'ai bien envie de le relire. Bravo pour ce livre poétique auquel je souhaite bonne chance et ...bon voyage!
RépondreSupprimerJacques