Nous avons déjà eu l'occasion dans ce blog, sous la plume de Laure Dino, de présenter l’œuvre de Maurice Couquiaud. 2014 est pour lui une année importante puisqu'elle marque la parution d'une anthologie qui retrace un parcours de quarante années de création poétique.
A cette occasion j'ai réalisé avec l'auteur un entretien pour le site Recours au poème. En voici un extrait qui trouve sa pertinence ici à plusieurs titres. Il éclaire tout d'abord deux recueils Un profil de buée ainsi que Un plaisir d'étincelle parmi les onze dont cette anthologie présente des extraits. Il fait ensuite référence à Gaston Bachelard auquel nous continuons à être attaché. Il illustre enfin une nouvelle fois la solide relation entre philosophie et poésie. Dans le cas de Maurice Couquiaud, il faut aussi ajouter la relation de la poésie avec les sciences :
"Plus tard, au fil des années, je découvrais l’élan vital de Bergson s’appuyant sur la durée, s’opposant ainsi à Bachelard défendant la verticalité de l’instant avec celle de la flamme. Ma poésie baignait avec bonheur dans la saisie rapide des entrevisions chères à Jankélévitch. Mes idées sur l’étonnement se confortaient parallèlement dans mes nombreuses lectures scientifiques en livres et revues. A travers Le phénomène humain, l’anthropologue Teilhard de Chardin m’avait poussé à suivre la lente apparition de la conscience à travers les milliards d’années, depuis le big-bang et les particules de la soupe originelle, jusqu’à la complexité de l’homo (soit–disant) sapiens en passant par les divers stades primitifs de la vie, des plantes, des animaux et même des australopithèques. D’où le titre de mon recueil de 1980, Un profil de buée, retraçant la naissance de l’univers et le parcours de l’homme toujours en gestation. J’avais eu le bonheur de rencontrer Gérard Murail éditeur, poète, peintre et directeur de la revue phréatique ayant pris la défense de mon manifeste, partageant l’essentiel de mes espoirs et de mes idées. D’abord membre du comité de lecture, ayant changé d’occupations professionnelles, en 1983 je fus en mesure d’accepter le rôle de rédacteur en chef pour contribuer à développer une démarche poétique ouverte à toutes les disciplines, dans le Groupe de Recherches polypoétiques. En quelque sorte, j’inaugurais ce qui devint pour moi une nouvelle vie, me permettant de découvrir que bien des chercheurs scientifiques ne sont pas insensibles à la poésie. Certains n’hésitent pas à cultiver avec nous les champs et les chants de l’imaginaire. Un plaisir d’étincelle, le titre de mon recueil paru en 1985 révèle assez bien cette tendance à élargir les préoccupations de la difficile condition humaine et de l’ego jusqu’aux mystères du monde. On trouve dans ce livre l’un de mes poèmes intitulé Météorite, repris plus tard par l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet dans son essai Le feu du ciel."
Maurice Couquiaud
Complément :
- L'anthologie poétique sur le site de l'éditeur.
- L'entretien complet avec Maurice Couquiaud.
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