Le travail théâtral mené par Zygmunt Blazynsky en faveur de la poésie a déjà été présenté dans ce blog. Son prochain récital concernera Fernando Pessoa. C'est l'occasion pour nous de rappeler que la poésie et l'art au Portugal ont déjà été à l'honneur ici. C'est tout d'abord le poète Jame Rocha qui avait été présenté, puis son recueil Zone de chasse que j'ai traduit en français. Ce fut ensuite à Maria do Sameiro Barroso de nous accompagner avec ses poèmes. Enfin tout le mois d'Octobre 2014 fut consacré au grand sculpteur Martins Correia. C'est aujourd'hui le plus connu des poètes portugais de la modernité qui est à l'honneur. Mais l'initiative de Zygmunt Blazynsky propose en même temps une réflexion sur les chemins qui mènent à la véritable renommée, celle qui n'est pas voulue, qui vient avec le temps et qui repose avant tout sur l’œuvre.
Fernando
PESSOA
(13
juin 1888 – 20 novembre 1935)
« Je
ne suis personne»
Quel
roman que cette vie où il ne se passe rien ! Pendant 30 ans, de
son adolescence à sa mort, Pessoa ne quitte pas sa ville de
Lisbonne, où il mène l’existence obscure d’un employé de
bureau. Mais le 8 mars 1914 le poète de vingt-cinq ans, introverti,
idéaliste, anxieux, voit surgir en lui son double antithétique, le
maître « païen » Alberto Caeiro, suivi de deux
disciples : Ricardo Reis, stoïcien épicurien, et Alvaro de
Campos, qui se dit « sensationniste ». Un modeste
gratte-papier, Bernardo Soarès, dans une prose somptueuse, tient le
journal de son « intranquillité », tandis que Fernando
Pessoa lui-même, utilisant le portugais où l’anglais, explore
toutes sortes d’autres voies, de l’érotisme à l’ésotérisme,
du lyrisme critique au nationalisme mystique.
Imaginons
qu’à la même époque Valéry, Claudel, Cocteau, Gide et
Apollinaire aient été un seul et même auteur, caché sous des
« masques » différents : on aura une idée du
mystère de cette aventure mentale dont il n’y a pas d’autre
exemple dans la littérature.
Pessoa,
incompris de son vivant, entassait ses manuscrits dans une malle où
l’on n’a pas cessé de puiser, depuis sa mort en 1935, les
fragments d’une œuvre informe, inachevée, mais d’une
incomparable beauté. Enfin reconnu dans son pays et, de plus en
plus, dans le monde, il repose aujourd’hui au monastère de
Jeronimos près des tombeaux des deux autres héros de l’histoire
portugaise, Camoes et Vasco de Gama.
Au
souvenir de qui je fus, je vois un autre,
Et
le passé n’est le présent qu’en la mémoire.
Qui
je fus est un inconnu que j’aime,
Et
qui plus est, en rêve seulement.
De
nostalgie blessée mon âme se languit
Non
pas de moi-même, ou du passé que je vois,
Mais
de celui que j’habite
Derrière
mes yeux aveugles.
Rien
hormis l’instant, ne sait rien de moi.
Même
mon souvenir n’est rien, et je sens bien
Que
celui que je suis et ceux-là que je fus
Sont
rêves différents.
*
Récital à L’ENTREPÔT le 8 décembre 2015 à 19h15
7/9 rue Francis Présencé – 75014 PARIS – M° PERNETY
Réservation : 01.42.23.48.94
7/9 rue Francis Présencé – 75014 PARIS – M° PERNETY
Réservation : 01.42.23.48.94
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