Je ne voudrais pas terminer l'année sans avoir une pensée pour Nicole Drano qui nous a quittés au mois de juin dernier. Avec Georges, son mari, elle formait un couple de poètes à l'action exemplaire pour donner à la poésie toute sa place dans le monde contemporain.
Depuis 1998 où j'ai fait sa connaissance avec Georges lors du festival Voix de la Méditerranée à Lodève, c'est une multitude de souvenirs qui me revient et qui passe aussi par Sète et Frontignan. Là, j'ai été à plusieurs reprises, généreusement et avec beaucoup de chaleur, accueilli dans la demeure des deux poètes où Nicole mettait le meilleur soin pour que ses hôtes s'y trouvent chez eux.
Sa disparition a causé une grande émotion parmi tous ceux qui appréciaient sa délicatesse, son amitié et l'originalité de son œuvre poétique toute entière traversée par sa grande sensibilité. Georges bien sûr plus qu'un autre pouvait ressentir la douleur de cette perte et aussi l'exprimer. C'est ce qu'il a fait dans son recueil Le poème que je t'écris paru en juillet dernier.
Dans l'avant-propos, Thierry Renard, directeur de la collection Noces qui accueille le livre, rappelle que l'engagement de Nicole et Georges a largement débordé du cadre de la poésie. Ainsi tous les deux se sont impliqués dans les années soixante-dix dans la défense des marais salants de Guérande et de 1999 à 2007 ils ont participé à des missions humanitaires au Burkina Faso.
Pour la poésie, il rappelle également qu'avec leur association "Humanisme et Culture", ils ont invité plus de deux cents poètes de toutes nationalités à intervenir dans des lectures publiques. Je me souviens personnellement de ces rencontres organisées sous le titre générique A la santé des poètes qu'accompagnait la publication d'un Carnet des Lierles qui était une manière de les fixer et de les prolonger. J'avais rendu compte dans ce blog du carnet spécial édité à l'occasion de la centième.
Thierry Renard cite aussi quelques titres de recueils de Nicole : Arbres, ... S'il n'y avait pas d'herbe / si la poésie n'existait plus ..., Délicatesse et gravité. J'ai gardé précieusement pour ma part Chant du barrage de la Sirba, présenté par Joachim Kaboré Drano et inspiré par une de ses missions humanitaires au Burkina, que Nicole m'a dédicacé ainsi : " ce sont ces rythmes et ces battements de mots qui m'ont envahie, pas de route pas de sentiers ni chemins, quelques mots sur la piste de poussières".
Mais il est grand temps de donner la parole à Georges. Son livre est rythmé en trois parties respectivement intitulées : Pour te rejoindre, Jours ouverts et Tout recommence. Par une écriture resserrée au lyrisme contenu nous suivons le poète dans ce que la perte de l'être aimé peut lui faire éprouver et ressentir. L'expérience est rude, tant les complicités étaient nombreuses. Cependant derrière les questions que toute mort fait surgir, demeure le pouvoir des mots et de la poésie qui fait dire à Georges : " Que faire pour savoir / où nous en sommes / Sinon inventer une autre langue / où absent se dirait être ".
Complément :
- Le livre sur le site de l'éditeur.
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